« Bus express G : un bilan catastrophique. » L’association Métro de Bordeaux se penche sur le fonctionnement de la première ligne de bus express, quinze mois après sa mise en service entre Saint-Aubin-de-Médoc et la gare Saint-Jean à Bordeaux (puis la Méca, sur les quais) et n’y va pas par quatre chemins, dénonçant la « saturation extrême » de ligne G aux heures de pointe. Une critique documentée dont l’objectif est assumé : placer le projet d’un métro bordelais au centre des débats, a fortiori à l’approche des municipales.

« Saturation extrême du bus G », pointe donc Antonin Forest, vice-président technique de l’association, alors même que la ligne n’a pas atteint les objectifs assignés à terme, c’est-à-dire 50 000 voyageurs – elle en était à 30 000 en mars dernier. Aux heures de pointe, « dès la gare Saint-Jean, le tiers des voyageurs restent à quai, les bus étant pleins, et ce, jusqu’à la rocade ». Plus loin, « à la station Bourse du travail par exemple, impossible de monter dans un bus […], même en en laissant passer plusieurs ».

« Plan d’urgence »

Des scènes véridiques, valables, toujours aux heures de pointe, jusqu’à la barrière Saint-Augustin qui incitent les voyageurs, au mieux, à prendre leur mal en patience, mais qui font dire à l’association que « Bordeaux Métropole n’a pas fait le choix d’un bon dimensionnement de l’infrastructure ». Antonin Forest décrit un cercle vicieux entre « saturation, irrégularité, baisse de la vitesse commerciale », « mais aussi manque de site propre », « absence de priorité sur la plupart des carrefours » et cohabitation avec les cyclistes source de « stress ». La conclusion affleure dès le second paragraphe : « Vu les densités, un métro était pertinent au moins jusqu’aux boulevards, et le tramway pour la traversée de Caudéran. »

« Bordeaux Métropole n’a pas fait le choix d’un bon dimensionnement de l’infrastructure »

Critique, pour ne pas dire hostile, Métro de Bordeaux n’en propose pas moins un « plan d’urgence » : équiper les arrêts de la Méca et de Saint-Médard/Issac en bornes de tickets et « interdire la vente de tickets à bord » pour gagner en fluidité, en finir avec le sens unique en vigueur à Caudéran depuis deux ans, mettre en place des « priorités aux feux agressives » à trois « carrefours clés » de l’intra-boulevards et engager des bus de 24 mètres, et non pas de 18 mètres, « comme prévu initialement par l’enquête publique », fait remarquer avec justesse Antonin Forest.

Aménagements

Si la livraison des 40 bus électriques néerlandais, plusieurs fois reportée, se fait désirer – aucune date de mise en circulation n’est avancée –, Bordeaux Métropole se félicite de l’engouement avéré pour le bus G, loin de la « catastrophe » décrite par Métro de Bordeaux. « C’est la ligne la plus utilisée du réseau », soulignait en mars Clément Rossignol Puech, vice-président en charge des mobilités.

Vice-président aux transports sous la précédente mandature métropolitaine, et initiateur de cette première ligne du bus express, Christophe Duprat, maire LR de Saint-Aubin-de-Médoc, dit constater au quotidien le succès de celle-ci : « La fréquentation est au-delà de ce qu’on imaginait, 33 % de ses usagers ne prenaient pas le bus avant. » Mieux, des aménagements sont prévus : ainsi la Liane 1, à laquelle la ligne G se substituait en centre-ville de Bordeaux, sera rétablie entre Mériadeck et la gare Saint-Jean via le cours de la Marne et la place de la Victoire.

« Propos excessif »

Si les bus saturent aux heures de pointe, d’autres marges de manœuvre existent : à commencer par le recours à des bus de 24 mètres, convient aussi Christophe Duprat. Une hypothèse envisagée du temps de l’enquête publique, mais abandonnée, reconnaît l’ancien vice-président aux transports, pour rassurer « certains riverains » dans le quartier Saint-Seurin, à Bordeaux. « À terme, nous aurons ces bus de 24 mètres », souffle-t-il. Lui, bat en brèche la faible proportion en site propre (50 % de l’itinéraire sur des couloirs dédiés) et assure que les bus interagissent avec les feux de circulation pour passer en priorité « sur toute la longueur », à l’exception des barrières (un bus qui emprunte le boulevard reste prioritaire).

« Métro de Bordeaux est de mauvaise foi. Et pourtant, je suis un fervent partisan du métro. Mais ce type de réaction ne fait qu’exacerber les positions des anti-métro »

« Les chauffeurs veulent y aller, les voyageurs sont agréables, ils disent bonjour, au revoir… C’est un signe de la qualité du service rendu. Métro de Bordeaux est de mauvaise foi. Et pourtant, je suis un fervent partisan du métro. Mais ce type de réaction ne fait qu’exacerber les positions des anti-métro », poursuit Christophe Duprat.

Adjoint au maire de Bordeaux en charge de la nature en ville, Didier Jeanjean abonde : « Il y a des choses réelles dans ce que dit Métro de Bordeaux, mais je pense d’abord que la ligne G est un grand succès et il faut qu’on puisse l’améliorer. Le propos est excessif et ne sert personne. » Lui aussi avance l’idée des bus de 24 mètres : « Si le succès se confirme, il faudra passer à cette étape-là. » Mais Didier Jeanjean s’inscrit en faux contre les ralentissements de la ligne G imputés par Métro à Bordeaux aux sens uniques à hauteur de Caudéran : « Les bus fonctionnent tout à fait correctement. »