Par
Hugo Hancewicz
Publié le
18 août 2025 à 7h14
À Courbevoie (Hauts-de-Seine), il suffit de prononcer le mot « Charras » pour déclencher soupirs, haussements de sourcils ou débats animés. Ce centre commercial, planté au cœur de la ville et en perte de vitesse depuis des années, est devenu l’Arlésienne locale. Tout le monde en parle, mais sa métamorphose se fait attendre. La mairie promet pourtant que cette fois, c’est la bonne. Depuis plusieurs années, elle rachète patiemment les locaux vides du centre, près d’une vingtaine en un an, et a créé une société publique locale spécialement dédiée au projet. Une consultation a même été menée récemment pour trouver le partenaire idéal. « On ira devant les habitants avec du concret et des images pour qu’ils se projettent », promet le maire, Jacques Kossowski (LR), qui prévoit une réunion publique, mais pas tout de suite. De son côté, l’opposition municipale accuse la majorité d’adapter soigneusement le calendrier des annonces à l’agenda électoral.
Encore quelques années d’attente
Mais avant de voir tomber les cloisons, il faudra encore patienter. « Un projet comme celui-ci demande un énorme travail préparatoire, associant de nombreux bureaux d’études et acteurs qu’il faut coordonner », rappelle Stéphan De Faÿ, directeur général de Grand Paris Aménagement et de la SPLA Courbevoie-Charras, dans le journal municipal. En clair, les pelleteuses n’arriveront pas avant au moins deux ans.
L’attente est grande, mais il faut dire que la réhabilitation de Charras traîne dans les cartons depuis près d’une décennie. Plusieurs projets ont été présentés, puis abandonnés, laissant habitants et commerçants dans l’expectative.
« De nombreux investisseurs ont été consultés »
À l’hôtel de ville, ce dossier ressurgit d’ailleurs juste avant les élections. Déjà en 2020, trois mois avant le scrutin municipal, un appel à projets avait été lancé pour réaménager l’ancien marché et le parking. Cette année, rebelote, à quelques mois des municipales de 2026, le maire annonce que « de nombreux investisseurs ont été consultés » sur la base d’un cahier des charges résumant les grandes orientations fixées pour Charras.
Sauf qu’aucune annonce concrète ne vient nourrir l’impatience des habitants. Mis à part une nouvelle invitation à patienter, le site de la ville indique simplement que le maire donnera rendez-vous « en temps voulu ».
L’opposition dénonce une « précipitation électoraliste »
Pour Aurélie Taquillain, principale élue d’opposition et candidate déclarée à la mairie, la ficelle est un peu grosse. « Depuis 15 ans, je vois défiler des investisseurs avec des maquettes au conseil municipal, et rien ne se concrétise, regrette-t-elle. Là, on recommence sans avoir réuni toutes les parties prenantes, alors que Carrefour et l’hôtel Mercure sont propriétaires d’une partie du site ».
Surtout, pour elle, la méthode est mauvaise. « On est dans la précipitation électoraliste, c’est stratégique à quelques mois du scrutin. Mais il faut un capitaine pour piloter Charras sur 15 ans, pas des coups de com’ », insiste-t-elle. Et de rappeler que Courbevoie, avec plus de 80 000 habitants, est l’une des rares villes de cette taille sans véritable centre-ville. « C’est l’occasion d’en créer un tant attendu par les habitants », insiste l’élue.
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La candidate, elle, préfère temporiser avant de dévoiler sa vision. « Évidemment que j’ai un projet pour Charras, mais je ne vais pas me précipiter et l’annoncer pendant la campagne. Ce sera projet contre projet », prévient-elle. Le futur aménagement pourrait bien devenir l’un des marqueurs forts de la campagne municipale de mars 2026.
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