Par

Fabien Massin

Publié le

18 août 2025 à 7h26

Un été 2025 morose dans les cuisines, les salles et les terrasses des restaurateurs français ? C’est un constat qui ressort ici ou là en France, dans différentes zones touristiques, où des chiffres de baisse d’activité de 10, 15 voire 20 % sont avancés. Qu’en est-il à Rouen (Seine-Maritime), ville qui s’enorgueillit de faire partie du réseau « villes créatives de l’Unesco » dans la catégorie gastronomie ? Éléments de réponse avec des professionnels de la capitale normande. 

Le plein d’étrangers à Rouen

« Les premières données recueillies font apparaitre une baisse de l’activité plus sensible du côté du littoral que dans la Métropole rouennaise, qui bénéficie clairement de la venue en nombre d’étrangers, indique Julien Marchal-Guéret, président de l’Umih (Union des métiers et des industries de l’hôtellerie) de la Seine-Maritime. Il y a un net retour des touristes néerlandais, belges et britanniques, qui font tenir l’activité et montrent que la gastronomie française est toujours plébiscitée. Les retombées du passage du Tour de France ont également été bonnes. »

Mais du côté des Français on sent qu’effectivement le pouvoir d’achat est touché. Par ailleurs ils font très attention à leurs dépenses. Cela ne veut pas dire qu’ils ont renoncé à se faire plaisir, mais ils savent lire une carte, maîtriser leur budget et trouver le bon rapport qualité/prix.

Julien Marchal-Guéret
Président de l’Umih 76

Il faut également compter avec l’évolution des habitudes des consommateurs. Un snacking peut faire office de sortie, on partage un dessert, on privilégie l’hôtellerie de plein air et alors on fait ses courses, etc. sont autant de pratiques touristiques observées aujourd’hui et qui contournent le traditionnel service à table au restaurant. 

Des baisses d’activités observées

En ville, la situation est évidemment contrastée d’un restaurateur à l’autre. « L’été n’est pas catastrophique mais il n’est pas bon, témoigne l’un d’entre eux, qui préfère rester anonyme. Je dirais -10 % par rapport à l’an dernier, mais avec le retour du beau temps, ça va peut-être changer. » 

Les journées sont très aléatoires, on peut avoir des services ultra-blindés et le lendemain personne. On a les touristes étrangers qui viennent et heureusement, on sent que les touristes français ou nos habitués sont moins présents.

Un restaurateur du centre-ville de Rouen

Même son de cloche chez un confrère du centre-ville rive droite : « On n’est pas sur notre meilleure saison c’est clair. On sent surtout une différence sur le panier moyen, surtout chez les Français. Par exemple, ils vont prendre moins de vin, plutôt au verre qu’à la bouteille. »

Je ne sais pas si c’est une question de pouvoir d’achat, de moral ou autre, mais forcément ça questionne et en tant que restaurateur, avec nos charges, on a peu de marges de manœuvre.

Un restaurateur du centre-ville de Rouen

Un bon début de mois d’août

Mais l’heure n’est pas au marasme partout, loin s’en faut. Yassaman Hosseini dirige deux restaurants à Rouen : le libanais Payiz, rue de l’Hôpital, et le tout nouveau Bambini (cuisine italienne) rue Eau-de-Robec.

Elle témoigne : « Notre premier restaurant, qui fête ses 13 ans cette année, a connu un mois de juillet plus calme que d’habitude, en ligne avec la tendance nationale. Cependant, le mois d’août démarre en force, notamment grâce aux différentes fermetures estivales des autres établissements sur Rouen, ce qui redirige une partie de la clientèle vers nous. »

En revanche, notre deuxième établissement, ouvert récemment, a vécu un mois de juillet exceptionnel, porté par la nouveauté et la curiosité des clients. Le mois d’août, pour l’instant, s’annonce plus calme, concernant le service du midi, mais reste encourageant pour une première saison estivale.

Yassaman Hosseini

Et la professionnelle est bien attentive à l’évolution des habitudes des consommateurs : « Globalement, nous ressentons que cette année, les clients font des choix plus ciblés : ils partent impérativement en vacances, sortent peut-être moins souvent, mais cherchent à vivre une expérience complète lorsqu’ils le font, ambiance chaleureuse, cuisine soignée et service attentionné. »

Yassaman Hosseini, gérante des restaurants Bambini et Payiz.
Yassaman Hosseini, gérante des restaurants Bambini et Payiz. (©FM/76actu)« Peut-être que nous sommes meilleur marché que dans le Sud »

Place du Vieux-Marché, Shane Cauvin (affaire familiale qui comprend La Terrasse, Les Maraichers, La Couronne, Capri, Le Café populaire) prend carrément le contrepied de l’idée d’une saison morose. « Tout le groupe est en positif, la fréquentation est bonne, il y a des Rouennais, des Néerlandais, des Américains, des Japonais, rapporte-t-il. L’autre jour j’ai rencontré un Américain qui venait passer 11 jours pour visiter la Normandie. Peut-être que nous sommes meilleur marché que dans le Sud… »

Philippe Coudy (ex-président de l’Umih, à la tête de la brasserie Paul place de la cathédrale et avec Gilles Tournadre du Café Hamlet à l’aître Saint-Maclou et de Gill Côté Bistro place du Vieux-Marché) se veut également résolument optimiste : « Actuellement seul le restaurant de la place du Vieux-Marché est en léger recul, note-t-il. Le début du mois d’août ne me parait pas mauvais. On sent évidemment une tension sur le pouvoir d’achat mais l’activité est tout de même soutenue. »

La problématique de la restauration existe, mais c’est à chaque établissement de faire sa propre analyse : voir ce qu’il propose, quel est son positionnement, son emplacement, quels sont ses axes de développement, etc. 

Philippe Coudy

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