Par

Charlotte Lesprit

Publié le

18 août 2025 à 6h34

« Génostique : les meilleures solutions contre les moustiques. » Cela pourrait être un slogan publicitaire, d’ailleurs il est signé Denis Junqua, entrepreneur venu du marketing qui a eu l’idée de s’associer à Jérôme Duprat pour créer leur société spécialisée « dans la réduction des populations de moustiques » en 2021. Ces deux experts auraient pu se lancer à Miami mais c’est à Martillac, aux portes de Bordeaux, qu’ils ont décidé d’implanter leur entreprise. « Le zéro moustique, ce n’est pas possible », préviennent-ils. S’ils n’ont pas la prétention de vendre du rêve, on apprend beaucoup à leur contact sur les comportements de cet insecte invasif. Décryptage.

Pour comprendre les origines de Génostique, il faut remonter de quelques années, jusqu’au confinement : une période presque douce pour ceux qui pensaient profiter de leurs extérieurs. C’était le cas de ces deux amis… jusqu’à ce qu’un invité indésirable vienne gâcher la fête : les moustiques. « C’était invivable », se souviennent-ils. Ils décident donc de creuser le sujet jusqu’à tomber dans le piège.

Du terrain d’étude à l’élevage

Dératisation, désinsectisation et désinfection. « Les 3D », comme on les appelle dans le milieu. Le cadre est posé : le moustique figure bien dans la catégorie des nuisibles, traité comme les autres par les entreprises spécialisées qui interviennent chez les particuliers. Mais les deux hommes ont une autre idée : sortir le moustique de cette approche généraliste, et en faire « un domaine d’expertise à part entière ».

« On apprend sur le tas, on regarde des vidéos, on lit des articles », annoncent-ils. Denis Junqua a même commencé leur élevage afin « de connaître leurs cycles de vie ». Alors, est-il vrai qu’un moustique meurt après nous avoir piqués ? Faux. Déjà, c’est la femelle qui pique et ce dans l’unique but de se nourrir. « Elle est hématophage », apprend l’expert. Autrement dit, elle se nourrit du sang de son hôte et « c’est là qu’elle pique, une fois repue ».

Denis Junqua renseigne par ailleurs qu’une femelle moustique ne s’accouple qu’une fois dans courte vie (en moyenne un mois) avec un mâle pour « pondre jusqu’à cinq fois 200 œufs ». La suite du cycle de vie du moustique est la suivante : les œufs éclosent et donnent naissance à des larves qui vivent dans l’eau. Après plusieurs mues, ces larves deviennent des nymphes, puis se transforment en moustiques adultes qui prennent leur envol.

« Elle n’a besoin que d’une minuscule quantité d’eau pour pondre. Même une petite quantité stagnant dans une capsule de bouteille peut suffire. »

Denis Junqua
fondateur de la société Génostique

Une borne anti-moustique

Et c’est là qu’interviennent les deux associés avec leur panoplie de pièges anti-moustique. Parmi lesquels, la borne de la start-up toulousaine Ma Boîte à moustique. Un piège breveté qui fonctionne sur secteur grâce à un dispositif biomimétique qui imite la présence humaine : « Le piège attire les moustiques en reproduisant la respiration humaine et l’odeur de la peau, explique Jérôme Duprat. Une fois attirés, ils sont aspirés par deux entrées latérales, puis piégés dans des filets. »

Jérôme Duprat en train de montrer un piège à moustiques.
Jérôme Duprat en train de montrer un piège à moustiques. (©actu Bordeaux / Charlotte Lesprit)Deux types de moustiques

En France, on parle souvent de deux types principaux de moustiques : le tigre et celui dit « commun ». « Le moustique tigre est arrivé en 2004 à Nice via des conteneurs transportant des pneus dans lesquels de petites quantités d’eau stagnante permettent aux œufs ou aux larves de survivre au transport, explique Denis Junqua. Il adore les environnements urbains, vivre en extérieur et ce n’est pas un grand aventurier. Souvent, on dit que chaque habitation a ses propres moustiques. » Le moustique commun, lui, peut survivre à l’hiver : les femelles fécondées entrent en diapause dans des endroits abrités, et reprennent leur activité au printemps. L’expert de chez Génostique mentionne qu’il aime en général les égouts mais aussi les marécages. Et d’ajouter qu’il « adore les zones tempérées ».

Un confort qui a toutefois un prix : 1 300 euros pour le dispositif, auxquels s’ajoutent une bouteille de CO₂ de 10 kg (80 euros), une consigne de bouteille (85 euros) et un leurre à phéromone (40 euros). À cela peut s’ajouter un forfait de maintenance de 290 euros non obligatoire.

Depuis le lancement de Génostique, et de leur site marchand pour élargir le périmètre d’action, les deux fondateurs se sont associés à une troisième personne et interviennent chez une moyenne de huit clients par jour. Une activité saisonnière, certes, mais qui leur a permis de fidéliser une clientèle et de se consacrer pleinement à la lutte contre les moustiques. « Neuf clients sur dix ressignent », affirme Denis Junqua qui estime à 200 leur nombre.

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