Installé à Villeneuve depuis 30 ans, le célèbre photographe revendique une vie simple loin du strass et des projecteurs.

« Personne n’est à l’abri d’un coup de bol. » Il a le sens de la formule et la distille bien volontiers pour bien montrer qu’il a eu effectivement de la chance à certaines périodes de sa vie. Ce matin-là, ce « coup de bol » l’a conduit tout droit vers le Sud de la France. « Je venais de passer dix ans aux Etats-Unis et j’avais envie de retrouver la campagne de mon enfance, la vraie campagne. »

« J’avais envie de retrouver la campagne de mon enfance »

Jean-Marie Périer a donc mis le cap vers le sud et s’est arrêté un peu par hasard à Figeac, dans le Lot voisin. « Je suis entré dans une agence immobilière et j’en suis ressorti avec une ferme proche, sans l’être trop, de Villeneuve. Aujourd’hui, cela fait trente ans que je suis en Aveyron et j’en suis très heureux. »

L’ancien photographe de la période « yéyé », les années 60, entre autres, car il a rapidement collaboré à « Salut les copains » de son mentor Daniel Filipacchi, à Paris Match, à Elle… a donc tourné le dos au monde du strass et des paillettes américains et parisiens pour un confort bien plus sommaire. « Ce monde rural que je voulais tant et qui n’est surtout pas péjoratif lorsque je l’emploie m’a accueilli les bras grands ouverts. J’ai d’ailleurs rencontré des gens qui ont œuvré, par exemple, pour la création de la Maison de la photo au cœur de Villeneuve. Je pense ici au regretté Michel Heuillet sans qui rien ne serait arrivé… »

De Peyrusse-le-Roc à Laguiole en passant par Rodez

On l’aura bien compris, « son » Aveyron se trouve surtout à Villeneuve où les souvenirs s’entassent, même s’ils ne sont pas tous très bons, notamment lorsque sa ferme a pris feu. « Le seul point positif, c’est que j’ai pu la reconstruire avec un peu plus de modernité ! » Lorsqu’on pousse un peu plus la question aveyronnaise, il évoque le cadre majestueux de Peyrusse-le-Roc et ses tours posées sur le roc del Thaluc, sans oublier le restaurant installé dans le village, un clin d’œil à la (bonne) gastronomie départementale. Sur ce sujet, il loue bien entendu le « talent » de Michel et Sébastien Bras, à Laguiole. Dans un autre domaine, mais cela reste toujours de l’art, « le musée consacré à Pierre Soulages, à Rodez, un bâtiment moderne ; si j’osais et j’ose, ce côté insolite en Aveyron entre le noir de Soulages et les couleurs de Périer ».

Forcément, on ne s’en éloigne jamais beaucoup, de Villeneuve. Car, ici, à partir de 1995, il s’y est fait une image, le nom, il l’avait déjà pour lui. Il était ainsi possible de toucher du doigt une « célébrité » – il s’en défend, lui qui a eu, avant tout, de la « chance », cet adolescent chanceux à qui on a mis un appareil photo entre les mains pour immortaliser les Dizzy Gillepsie, les Beatles, les Rolling Stones avant de se lier d’amitié avec les Johnny Hallyday, Jacques Dutronc… – pour laquelle ce projet de Maison de la photo a pris forme, en 2015, sur la place des Conques, dans une bâtisse des XIIIe et XIVe siècles. « Les visiteurs ont vite afflué, ce qui a donné un bel élan touristique à Villeneuve », explique l’octogénaire (il vient de souffler ses 85 bougies). « Avec le nouveau maire de la commune, Jean-Pierre Masbou, la Maison de la photo est devenue la Galerie Jean-Marie Périer. Les 200 images accrochées aux cimaises ont désormais ma voix, ce qui permet d’apporter une touche explicative. »

Bien loin de la retraite – un mot dont il ne connaît pas la signification ! –, Jean-Marie Périer passe désormais moins de temps à Villeneuve – il a encore trois livres à écrire dont les histoires sont déjà bien établies dans son esprit –, mais il a encore besoin de prendre plein sud depuis Paris, histoire de voir « des gens normaux ».