Trois jours après sa rencontre avec Vladimir Poutine, le président américain doit s’entretenir avec Volodymyr Zelensky et plusieurs dirigeants européens ce lundi 18 août. L’objectif de l’Ukraine et de ses alliés est de convaincre les Etats-Unis à défendre les intérêts du pays.
L’essentiel
- La fin de la guerre en Ukraine sera au coeur du rendez-vous entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky prévu ce lundi 18 août à Washington, aux Etats-Unis. Les deux chefs d’Etat doivent se rencontrer en tête-à-tête à 19h15 (heure française) avant d’être rejoints par six dirigeants européens alliés de l’Ukraine, dont le président français Emmanuel Macron, vers 21 heures.
- Volodymyr Zelensly a annoncé vouloir mettre fin « rapidement » à la guerre, mais seulement avec une « paix durable ». Une réponse à Donald Trump qui a assuré que le président ukrainien pouvait mettre un terme « presque immédiatement » à la guerre, mais à des conditions éloignées des exigences ukrainiennes.
- Le locataire de la Maison Blanche fait volte-face sur plusieurs points après sa rencontre avec Vladimir Poutine : il a exclu que l’Ukraine récupère la Crimée ou intègre l’Otan se conformant à des demandes russes, il a aussi renoncé à la conclusion d’un cessez-le-feu avant un accord de paix et a renoncé à des sanctions promises à la Russie en l’absence de cessez-le-feu.
- Alors que la Russie occupe 20% de l’Ukraine, sans compter la Crimée, Volodymyr Zelensky et ses alliés européens entendent défendre l’intégrité territoriale du pays. Vladimir Poutine a fait « des concessions » sur ce point selon l’émissaire américain Steve Witkoff, mais il a exigé la cession de deux régions, Donetsk et Lougansk, lors du sommet en Alaska. « Il y a une importante discussion sur Donetsk et ce qui se passera là-bas », a déclaré l’Américain à CNN. L’Ukraine refuse de céder un seul de ses territoires.
- L’Ukraine et ses alliés cherchent à obtenir des garanties de sécurité en cas de cessez-le-feu et plus encore d’une paix. Donald Trump a évoqué des garanties similaires à celles prévues par l’article 5 du traité de l’Otan offrant une protection mutuelle aux membres de l’Alliance.
- Les rendez-vous de Donald Trump avec Vladimir Poutine le 15 août et Volodymyr Zelensky ce 18 août pourraient ouvrir la voie à une rencontre tripartite entre les Etats-Unis, la Russie et l’Ukraine selon le président américain : « Si tout fonctionne bien, nous programmerons alors une rencontre avec le président Poutine ».
En direct
12:02 – Quelle est la garantie de sécurité promise à Zelensky par Trump ?
Les garanties de sécurité données à l’Ukraine en cas de cessez-le-feu et de paix sont au coeur des négociations. Si l’Ukraine souhaite pouvoir rester un état souverain doté d’une armée et veut pouvoir intégrer l’OTAN, Vladimir Poutine refuse que l’Ukraine puisse rejoindre l’Alliance de l’Atlantique et demande à ce que le pays renonce à son armée. Difficile donc pour les deux pays de trouver un accord. Sur ce point, Donald Trump rejoint son homologue russe sur la non-adhésion de l’Ukraine à l’OTAN. Une décision qui prive l’Ukraine de certaines mesures de sécurité, notamment le devoir des pays membres de l’alliance de se défendre mutuellement si l’un d’eux est attaqué prévu par l’article 5. Pourtant, le président américain a proposé une garantie de sécurité similaire sans en préciser les contours, ni les parties qui seraient concernées par cette mesure. « Personne ne sait comment cela fonctionnerait » a confié une source diplomatique à l’AFP.
11:20 – Un accord impossible sur les territoires ukrainiens entre Zelensky et Trump ?
Les Etats-Unis assurent avoir obtenu des « concessions » de Vladimir Poutine sur la question territoriale et attendent la même chose de Volodymyr Zelensky. Alors que le président russe réclame le contrôle de quatre régions en partie occupée en plus de la Crimée, l’émissaire américain Steve Witkoff a indiqué que les exigences russes pourraient se limiter au Donbass. « Il est impossible de donner des territoires à la Russie », a cependant déclaré dimanche le dirigeant ukrainien. Une position ferme qui risque d’être un obstacle lors de la rencontre entre Trump et Zelensky. C’est pourquoi l’Ukraine compte sur le soutien des forces européennes pour faire pression et pousser le locataire de la Maison Blanche à ne rien céder à la Russie sur le plan territorial. « Aujourd’hui, malheureusement, Trump n’est plus notre allié. Et ce n’est qu’avec l’aide des leaders européens qu’on pourra défendre notre position face à lui », estime un Ukrainien auprès de Franceinfo.
10:51 – Pour une « paix équilibrée », l’Ukraine et la Russie doivent faire des concessions
L’objectif de Donald Trump lors de la réunion prévue ce lundi est de trouver un accord de paix avec l’Ukraine et les alliés européens susceptibles d’être approuvé par la Russie. Mais le général Jean-Paul Perruche interrogé sur Europe 1 analyse la situation et explique que pour qu’une paix soit durable, « il faut qu’elle soit juste et il faut qu’elle ait un prix, mais aussi une valeur ». L’ancien directeur général de l’état-major de l’Union européenne souligne que les deux parties doivent avoir un prix à payer, lequel doit prendre la forme de concessions, de « contreparties données par l’Ukraine à la Russie, mais aussi par la Russie à l’Ukraine pour avoir un certain équilibre qui ne soit pas pleinement satisfaisant pour les deux antagonistes, mais le soit suffisamment pour qu’on fasse taire les armes ». Reste à savoir de quoi il est question pour les parties au conflit : « Est-ce que c’est une paix par soumission ou une paix équilibrée ? » questionne Jean-Paul Perruche.
10:05 – « L’objectif principal de Vladimir Poutine c’est de mettre la main sur le Donbass »
Avec les négociations en cours au sujet de la guerre en Ukraine, Vladimir Poutine poursuit un « objectif principal » qui est de « mettre la main sur le Donbass » selon le général Jean-Paul Perruche, ancien directeur général de l’état-major de l’Union européenne interrogé sur Europe 1. Le général juge cependant qu’il s’agit d’un « objectif provisoire » au regard du « stade actuel de la guerre, des positons sur le terrain et des positions internationales avec le revirement stratégique des Américain », notamment que Donald Trump après le sommet en Alaska. « Ca ne veut pas dire que [Vladimir Poutine] a des objectifs plus importants pour la suite » ajoute Jean-Paul Perruche, mais le Donbass est-il un « objectif final » ? « On peut en douter » selon lui.
09:26 – La Russie réclame des territoires occupés, l’Ukraine s’y oppose.. Et Trump ?
Le partage territorial de l’Ukraine est un point central des négociations entre l’Ukraine, la Russie et les Etats-Unis au sujet de la fin de la guerre en Ukraine. Les deux pays belligérants défendent des positions très différentes : Vladimir Poutine réclame le contrôle des cinq régions ukrainiennes en partie contrôlées par les forces russes et illégalement annexées, tandis que Volodymyr Zelensly refuse de céder un seul de ses territoires. Les Etats-Unis, de leur côté, ont indiqué après la rencontre entre Donald Trump et Vladimir Poutine que la Russie avait fait des concessions sur la question territoriale. D’après l’émissaire Steve Witkoff, le maître du Kremlin aurait réduit ses exigences aux territoires du Donbass, à savoir Donestk et Lougansk. Donald Trump ne s’est pas personnellement exprimé à ce sujet, mais selon des sources diplomatiques citées par l’AFP, le Financial Times et le New York Times, le président américain soutient un plan de Moscou qui prévoit de céder le contrôle total des régions du Donbass à la Russie et de geler la ligne du front dans les régions de Kherson et de Zaporijjia.
08:43 – Les Européens font bloc derrière l’Ukraine face à Trump et Poutine
Après la rencontre entre Donald Trump et Vladimir Poutine de laquelle l’Ukraine et l’Europe ont été tenues à l’écart, le président ukrainien et ses alliés européens espèrent peser dans les négociations. Volodymyr Zelensky se rend ainsi à Washington accompagné de six dirigeants européens : le président français Emmanuel Macron, le chancelier allemand Friedrich Merz, la Première ministre italienne Giorgia Meloni, le Premier ministre britannique Keir Starmer, le président finlandais Alexander Stubb, le chef de l’Otan Mark Rutte et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.
Pour aller plus loin
Le chancelier allemand a convié le président américain et son vice-président JD Vance à une visioconférence ce mercredi 13 août, aux côtés de l’Italie, la France, l’Angleterre, la Pologne et la Finlande, ainsi que du président de l’Ukraine, Volodymyr Zelensky. Les objectifs de cette discussion étaient clairs : convaincre Donald Trump et son vice-président JD Vance de défendre les intérêts de l’Ukraine lors de la rencontre de vendredi, à laquelle Volodymyr Zelensky ne participera pas. Ce dernier craint ainsi que les présidents américain et russe contraignent l’Ukraine à céder des portions de son territoire. Ces consultations ont été jugées « insignifiantes » par la diplomatie russe ce mercredi.
À l’issue de ses deux rencontres avec Volodymyr Zelensky et Donald Trump, Emmanuel Macron s’est exprimé devant la presse depuis le fort de Brégançon. « Nous voulons que tout ce qui concerne l’Ukraine soit discuté avec l’Ukraine. Nous voulons une paix robuste et durable, une paix qui règle les questions territoriales et les garanties de sécurité pour l’avenir. » Il a expliqué cet entretien avait permis de clarifier les intentions du président américain et de faire part des attentes françaises. Donald Trump était en effet resté vague sur ses attentes pour la rencontre de vendredi, la première entre les deux puissances depuis 2021. Il a dit espérer une discussion « constructive » et a jugé « très respectueux » de la part de son homologue russe de se déplacer en Alaska, territoire américain. Le président des États-Unis prévoyait des échanges de territoires, alors que l’armée russe occupe actuellement environ 20 % du territoire ukrainien, rappelle le média 20Minutes.
« La volonté américaine est d’obtenir un cessez-le-feu »
Selon Emmanuel Macron, « la volonté américaine est d’obtenir un cessez-le-feu » à l’issue de la rencontre avec Vladimir Poutine le 15 août. « Nous soutenons cette initiative, en même temps que les échanges de prisonniers et les libérations d’enfants » a affirmé Emmanuel Macron. De plus, « les questions territoriales qui relèvent de l’Ukraine ne peuvent être négociées et ne seront négociées que par le président ukrainien » a déclaré le président français. Donald Trump s’était dit « un peu contrarié » par la déclaration de Zelensky selon laquelle il doit obtenir une autorisation constitutionnelle pour céder des territoires.
Dernièrement, le lien entre les concessions territoriales et les garanties de sécurité qui seront apportés à l’Ukraine doit continuer d’exister, d’après Emmanuel Macron. Cette garantie de sécurité ne peut pas être l’OTAN, un « point fort » pour la partie russe. Aux côtés de Friedrich Merz, le président ukrainien a mis en avant l’unité européenne ainsi que la coordination « très intensive » avec les dirigeants du continent. Il a soutenu l’idée d’une réunion tripartite de suivi avec Donald Trump et Vladimir Poutine. Emmanuel Macron souhaite que cette réunion « puisse se tenir en Europe dans un pays neutre qui soit accepté par toutes les parties ».
« La balle est maintenant dans le camp de Poutine »
Alors que Moscou a réalisé, ce mardi, la plus grande progression en 24h sur le territoire ukrainien depuis plus d’un an, Moscou avait exigé que Kiev lui cède quatre régions partiellement occupées (Donetsk, Louhansk, Zaporijjia et Kherson), en plus de la Crimée annexée en 2014. La Russie avait réclamé également que Volodymyr Zelensky renonce aux livraisons d’armes occidentales et à toute adhésion à l’OTAN. Des demandes jugées inacceptables par l’Ukraine, qui réclame le retrait des troupes russes et des garanties de sécurité occidentales, dont la poursuite des livraisons d’armes et le déploiement d’un contingent européen.
Interrogé sur un possible changement de position au sujet des concessions territoriales, le président ukrainien a affirmé que celle-ci demeurait inchangée et ne pouvait évoluer, la Constitution ukrainienne restant la même. « Toute question concernant l’intégrité territoriale de notre pays ne peut être discutée sans tenir compte de notre peuple, de la volonté de notre peuple et de la Constitution ukrainienne ».
Lors de la conférence de presse, le chancelier allemand a aussi rappelé la priorité d’un cessez-le-feu : « Un cessez-le-feu doit être la priorité […] Nous, Européens, faisons donc tout ce qui est en notre pouvoir pour orienter cette rencontre dans la bonne direction » », a-t-il déclaré en évoquant la rencontre entre Donald Trump et Vladimir Poutine qui aura lieu vendredi 15 août dans l’Alaska. Il a ensuite réaffirmé que l’Ukraine, via son président, devait être présent aux négociations : l’Ukraine « doit être à la table » des négociations. Enfin, il a refusé toutes concessions de reconnaissance territoriale de la part de l’Ukraine : « Il n’est pas question de reconnaître légalement les territoires occupés par la Russie ».
Le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte, a réagi sur X à l’entretien avec Donald Trump et Volodymyr Zelensky. Il a qualifié l’échange de « très bon appel » et soulignant « l’unité de l’OTAN pour mettre fin à cette terrible guerre contre l’Ukraine et parvenir à une paix juste et durable. J’apprécie le leadership de [Donald Trump] et la coordination étroite avec les alliés. La balle est maintenant dans le camp de Poutine ».