Un art pictural ancestral et redécouvert


En s’appuyant sur des images du XIXe, une vingtaine fresquistes ont pu redonner vie aux trompe-l’œil recouvrant les 4 façades de la place Garibaldi Photo Justine Meddah.

Ils passent inaperçus tant ils sont réalistes. À Nice, les trompe-l’œil constituent un véritable art pictural – datant au moins du XVIIIe siècle – redécouvert dans les années 80 lors de la restauration du patrimoine local. Vraies fenêtres ou simple illusion?

On se pose la question place Garibaldi, réhabilitée en 2012 à travers 6.500 m² de trompe-l’œil recouvrant les quatre façades de l’esplanade emblématique, qui fut jadis la place Royale. Ces décors avaient disparu au cours de différents ravalements.

Pour requalifier le site, une vingtaine de fresquistes ont travaillé sur le projet pharaonique, s’appuyant sur des images datant du XIXe siècle et pris en charge par la Ville à hauteur de 1,4 million d’euros. L’effet d’optique est saisissant.

Le Vieux Nice, mémoire des fenêtres peintes


Le génie du peintre restaurateur fresquiste laurentin Guy Ceppa opère sur les façade de la rue de de la Boucherie dans le Vieux Nice avec ses fenêtres factice plus vraies que nature. Photo Justine Meddah.

Dans le Vieux Nice, ci-dessus, rue de la Boucherie, les trompe-l’œil racontent une histoire. Jadis, on créait de vraies fenêtres sur la façade principale, mais on en peignait de fausses sur les côtés, car leurs ouvertures coûtaient cher et parfois, le matériau faisait défaut.

Au cœur de la cité historique, le peintre restaurateur fresquiste laurentin Guy Ceppa, décédé en 2020, a rafraîchi bien des décors et des fenêtres factices avec son génie, ses mélanges secrets et son sens du relief.

Un mur métamorphosé par le talent d’Ad Afresco


Toutes les fenêtres sont fausses sur ce bâtiment qui jouxte le parking Sulzer sur le Quai des États-Unis. Photo Justine Meddah.

Tout est faux sur le mur situé au-dessus du parking Sulzer, 99, quai des États-Unis! Tout, sauf le talent de l’équipe qui a revisité cet immense mur aveugle d’un immeuble construit en 1843. Pierre Testud de l’entreprise Ad Afresco est le chef du projet, concrétisé par cinq fresquistes féminines complémentaires, dirigées par Gwendoline Bascio.

Ce sont elles qui ont peint 42 fenêtres et 7 soupiraux au rez-de-chaussée, qui ont réalisé bossages, appareillage de pierre, balcons ornés de ferronneries différentes. Le tout en utilisant matériaux et techniques résistant aux embruns, au soleil qui tape, au vent d’Ouest. Un décor feint pour une performance vraie.

L’autoportrait discret de Guy Ceppa, hommage à un maître

Quai des États-Unis, Guy Ceppa s’était représenté de dos, sur son échelle, peignant un palmier. Réalisée dans les années 80, l’œuvre avait été perçue comme un événement, une innovation inédite.

C’est ce personnage côté verso, qui a touché notre photographe Justine Meddah, dont le grand-père Yves, artisan peintre, rénove lui aussi des murs: « Cet autoportrait m’a fait penser à mon papy lorsqu’il est sur un chantier de restauration d’église ou d’autres fresques… »

Le palais Corvesy, illusion architecturale grandeur nature


Hormis les fenêtres, tout le palais Corvesy est recouvert de trompe-l’œil. Photo Justine Meddah.

Seules les vitres sont réelles. Le palais Corvesy, situé rue Raoul Bosio, construit au XVIIIe siècle, est entièrement couvert de trompe-l’œil.

Le bâtiment, racheté par la Ville en 1937, fut transformé en mairie annexe et restauré en 2010, restituant le décor d’architecture dans le style de celui d’origine. Là encore, le réalisme est bluffant.