Un enregistrement diffusé le 18 août par des médias pro-Kremlin montre un véhicule blindé de transport de troupes américain M113, capturé en Ukraine, avançant contre des positions ukrainiennes dans la région de Zaporizhzhia. L’engin, largement fourni par les alliés occidentaux à Kyiv, arbore simultanément un drapeau russe et un drapeau américain.
Les images, dont l’authenticité n’a encore pas pu être confirmée de manière indépendante mais reste plausible, ont rapidement circulé sur des canaux de propagande, et ont été reprises par le Kyiv Independent. Elles ont suscité de vives réactions à Kyiv : le chef de l’Office présidentiel ukrainien, Andriy Yermak, a dénoncé « le comble de l’arrogance », accusant Moscou d’exploiter des symboles américains pour légitimer son offensive.
Le M113 : un véhicule blindé américain fourni à l’Ukraine
Le M113, véhicule blindé de transport de troupes développé dans les années 1960 aux États-Unis, a été livré en grand nombre à l’Ukraine depuis 2022. Sa capture et sa réutilisation par les forces russes sont connues, mais l’ajout de drapeaux adverses constitue une dimension nouvelle, destinée à la communication stratégique.
Selon des analystes militaires ukrainiens, l’action filmée près de Mala Tokmachka s’inscrit dans une volonté d’influencer la perception internationale de la guerre. L’objectif serait double : démontrer la capacité de Moscou à retourner le matériel occidental contre Kyiv, et adresser un message symbolique aux opinions publiques occidentales, au moment où se négocient d’éventuels compromis diplomatiques.
Un symbole de propagande en pleine séquence diplomatique Trump–Poutine–Zelenskyy
Cette diffusion intervient alors que se tiennent des échanges diplomatiques d’importance :
- Trump–Poutine à Anchorage : lors d’une rencontre en Alaska, Donald Trump a évoqué la possibilité d’un cessez-le-feu global avec Vladimir Poutine, n’excluant pas l’hypothèse de concessions territoriales ukrainiennes. Des sources proches des discussions rapportent que le président russe aurait envisagé, pour la première fois, d’accepter des garanties de sécurité « de type OTAN » pour Kyiv, en échange de concessions, relaye le Washington Post.
- Trump–Zelenskyy à Washington : dans la foulée, Volodymyr Zelenskyy a été reçu à la Maison-Blanche, accompagné de dirigeants européens et du secrétaire général de l’OTAN. L’Ukraine a insisté sur le refus catégorique de céder des territoires et a réclamé des garanties de sécurité concrètes. Trump, de son côté, a réaffirmé sa volonté d’obtenir rapidement un accord de paix, quitte à exercer des pressions sur Kyiv.
L’apparition du blindé M113 aux couleurs américaine et russe dans la propagande de Moscou intervient donc à un moment de grande sensibilité diplomatique. La séquence est perçue comme un outil de pression informationnelle, destiné à fragiliser la cohésion du soutien occidental à l’Ukraine.
Le M113, un blindé de transport polyvalent
Développé au début des années 1960 par les États-Unis, le M113 est un véhicule blindé de transport de troupes chenillé, destiné à assurer la mobilité et la protection d’un groupe de combat d’infanterie. Conçu en aluminium blindé, il se distingue par sa légèreté, sa facilité d’entretien et sa grande polyvalence. Produit à plus de 80 000 exemplaires et exporté dans plus de 50 pays, il a participé à de nombreux conflits, du Vietnam au Moyen-Orient. Bien que dépassé face aux standards modernes en termes de protection et de puissance de feu, il demeure utilisé par de nombreuses armées pour des missions de transport, de commandement, d’évacuation sanitaire ou de soutien logistique.
Une pure opération de communication
La mise en scène du M113 n’apporte pas d’avantage tactique direct sur le terrain. En revanche, elle illustre l’usage systématique par la Russie d’éléments symboliques à forte valeur médiatique. Pour les services de renseignement, ce type de contenu est à analyser comme un marqueur des priorités de communication stratégique de Moscou.
En associant le drapeau américain à une offensive russe, la propagande cherche à brouiller la perception de l’engagement occidental et à semer le doute sur la crédibilité de Washington comme allié fiable.