Par
Julian Doubax
Publié le
18 août 2025 à 18h34
Un peu moins d’un an après les faits, la famille de la victime commence enfin à obtenir des réponses. Ce lundi 18 août 2025, deux hommes étaient jugés au tribunal judiciaire de Bordeaux après un accident survenu le 24 novembre dernier. À Bassens (Gironde), ils avaient participé à un rodéo urbain motorisé. Les deux motos étaient entrées en collision et la passagère, une jeune femme de 19 ans, avait perdu la vie. Poursuivis pour homicide involontaire, les deux jeunes hommes ont vu les circonstances de ce tragique accident partiellement éclaircies au cours de l’audience.
Rappel des faits
Le dimanche 24 novembre 2024, les pompiers sont appelés pour un accident sur le boulevard de l’Industrie à Bassens, près de Bordeaux. Ce lieu est très prisé des rodéos urbains où des rassemblements sont fréquemment organisés.
Sur place, ils découvrent le corps sans vie d’une jeune femme de 19 ans. Cette dernière est décédée après une collision entre deux motos. Les conducteurs, deux hommes âgés de 20 et 21 ans, avaient été gravement blessés.
D’après les premières investigations du parquet de Bordeaux en juin 2025, le conducteur et sa passagère ne portaient pas de casque au moment des faits. De plus, l’homme avait consommé du cannabis et des stupéfiants et conduisait une moto volée. Ce dernier était également connu de la justice pour des délits routiers.
Aucun des deux pilotes ne possédait le permis de conduire. Le 17 juin, ils avaient été placés en garde à vue. Huit jours plus tard, le conducteur de la moto qui transportait la victime a été placé en détention provisoire en amont du procès. L’autre pilote qui a percuté les deux individus est sous contrôle judiciaire.
Marié et père d’un petit bébé
Dans le box des accusés, Brandon D. avance les bras derrière le dos, la tête parfois baissée durant le rappel des faits. L’homme âgé de 21 ans, qui conduisait la moto où se trouvait la victime, est marié et vient d’avoir un bébé mais il ne travaille pas.
De son côté, Simon D., le conducteur de l’autre moto, vient de reprendre le travail après plusieurs jours d’hospitalisation qui ont suivi l’accident. Durant l’audience, le tribunal essaye d’éclaircir les circonstances de cette collision mortelle.
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Simon D. affirme dans un premier temps avoir roulé « avec attention » avant d’avouer avoir eu une « conduite dangereuse » en réalisant une roue arrière avec sa moto de marque Honda. Dans le box, Brandon D. indique même que son acolyte « roulait n’importe comment » sur la voie publique en réalisant un « zigzag ».
Autre zone d’ombre du dossier : le pilote de la moto au moment des faits. Les caméras de surveillance n’ont pas réussi à identifier le conducteur. Parfois, Brandon D. était aux commandes. Sur d’autres allers-retours, c’est la victime – qui est la cousine de l’homme de 21 ans – qui avait les mains sur le guidon. Malheureusement pour le tribunal, les protagonistes n’ont quasiment aucun souvenir de cet accident mortel.
« Je mérite d’aller en prison »
Devant la justice, les deux hommes ne sont pas très bavards mais Brandon D. reconnaît son erreur sans sourciller. « Je ne voulais pas qu’elle parte seule sur ma moto. Ma punition, c’est d’avoir gardé tous ces souvenirs dans ma tête. Je mérite d’aller en prison et ce n’est même pas assez dur pour ce que j’ai fait », sanglote le jeune homme. Des propos qui provoquent une vive émotion pour ses proches placés sur les bancs de la salle d’audience.
Avant le délibéré, Simon D. sort une lettre de sa poche pour exprimer sa peine à la famille de la victime. « Pas un jour ne passe sans que je pense à cette histoire. Rien ne pourra effacer votre douleur et j’éprouve un profond respect pour vous », prononce le jeune conducteur, les mains légèrement tremblantes.
Le tribunal ne suit pas les réquisitions
En voyant ces infractions parfaitement constituées, la procureure requiert des peines lourdes : 3 ans d’emprisonnement avec 1 an de sursis pour Simon D. et 4 ans dont 1 an de sursis pour Brandon D. malgré « ses remords ».
Pour rebondir sur ces sanctions, l’avocate du cousin de la victime indique que son client a également « tout perdu » le soir de l’accident. Devant ses yeux, elle voit un homme « plein de sincérité qui refuse de recevoir de l’argent car il sait qu’il est coupable ».
Elle se permet même de citer le célèbre rappeur Koba la D, condamné à six ans de prison ferme pour avoir provoqué un accident routier mortel. Deux cas similaires mais une peine exagérée selon l’avocate.
Après quasiment une heure d’attente, le tribunal a rendu son délibéré. Les deux hommes ont écopé de la même peine : 3 ans d’emprisonnement dont 2 ans avec sursis. Ils doivent également payer plus de 15 000 euros chacun à la famille de la victime. À l’annonce de cette condamnation, les larmes se sont installées sur le visage des parents de la victime, sûrement surpris de la différence entre les réquisitions et le délibéré.
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