Le processus vers la signature d’un accord de partenariat minier entre la République démocratique du Congo et les États-Unis se poursuit. Mais certains des minerais stratégiques ciblés par les Etats-Unis (les 3T) se trouvent dans la zone sous contrôle des rebelles de l’AFC-M23. Ce qui soulève des interrogations sur l’accès à ces ressources.
Parmi les minerais stratégiques que cible l’accord qui pourrait être signé dans quelques jours, certains se situent dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.
Alors que certains analystes s’interrogent sur le vrai mobile pour Washington de nouer un partenariat économique avec un pays en guerre, Kinshasa y voit plutôt une opportunité d’imposer la paix dans l’Est du pays.
Massad Boulos négocie avec la RDC pour Donald TrumpEvan Vucci/AP/picture alliance
Espoirs de paix grâce aux Etats-Unis ?
Dans cette partie Est de la RDC, les rebelles contrôlent plusieurs localités et continuent d’en conquérir d’autres. Le pouvoir de Kinshasa compte plutôt sur Washington qui, après la signature du partenariat, devrait tout faire pour y rétablir la paix.
Christian Lumu Lukusa, cadre de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), le parti présidentiel, rappelle:
« Depuis belle lurette, nous décrions le pillage systématique de nos ressources minières par des puissances internationales via les groupes armés et les voisins. Notre pays a le souci de stabiliser la région. Nous pensons que la signature des accords saura nous aider également à rétablir la paix parce que les États-Unis sauront appuyer sur plusieurs leviers pour qu’effectivement, la paix revienne dans notre pays. »
Un partenariat malgré les affrontements ?
Les affrontements se poursuivent surtout dans la province du Sud-Kivu où la localité de Kaniola, dans le territoire de Walungu, est passée la semaine dernière, sous contrôle rebelle.
Des sources proches de la société civile du Sud-Kivu font état de renforcement des positions de part et d’autre. Certains analystes comme le professeur Nicot Omeonga, enseignant à l’université de Kinshasa, s’étonnent de voir les États-Unis négocier et vouloir signer un partenariat avec un pays en guerre.
« Un pays en guerre ne peut pas nouer un partenariat avec un autre. Les États-Unis sont une démocratie et donc, ils doivent être respectueux des droits humains. On ne peut pas conclure un partenariat avec un pays dont une partie du territoire est sous contrôle des rebelles et des agresseurs. Il faut d’abord résoudre cette question de l’insécurité dans l’Est du pays avant toute signature »
Des Congolais expriment leur crainte de voir les États-Unis exploiter les minerais stratégiques dans différentes provinces congolaises sans que cette exploitation ne débouche sur un retour de la paix dans l’Est du pays.
Le consortium de la société civile « Le Congo n’est pas à vendre » appelle pour sa part à plus de transparence. Il insiste pour que les partenariats en cours de négociation entre Kinshasa, Kigali et Washington garantissent pleinement les droits et les intérêts du peuple congolais dans l’exploitation des ressources naturelles.