Un cocon familial dans lequel l’arbitre internationale Aurélie Groizeleau, 36 ans, a préparé sans relâche la Coupe du monde féminine de rugby qui débute ce vendredi en Angleterre et où elle sera la seule officielle tricolore.
Aurélie Groizeleau, arbitre internationale de rugby, sera la seule Française à officier lors du Mondial féminin en Angleterre.
Céline Levain
Elle a rendez-vous samedi pour diriger Canada – Fidji. Avant d’enchaîner avec deux autres matches de poule : Nouvelle-Zélande – Japon…
Un cocon familial dans lequel l’arbitre internationale Aurélie Groizeleau, 36 ans, a préparé sans relâche la Coupe du monde féminine de rugby qui débute ce vendredi en Angleterre et où elle sera la seule officielle tricolore.
Aurélie Groizeleau, arbitre internationale de rugby, sera la seule Française à officier lors du Mondial féminin en Angleterre.
Céline Levain
Elle a rendez-vous samedi pour diriger Canada – Fidji. Avant d’enchaîner avec deux autres matches de poule : Nouvelle-Zélande – Japon le 31 août et Angleterre – Australie le 6 septembre. « C’est un signe de confiance », savoure-t-elle. « Lors du dernier Mondial, j’avais fait la touche jusqu’en finale. Au niveau international, personne ne se relâche. »
La Marandaise se retourne sur sa dernière Coupe du monde, en Nouvelle-Zélande à l’automne 2022. Un tournant de sa carrière qui a laissé des traces. « J’étais partie sept semaines, ma famille a pu venir en passer trois. Ma fille venait de rentrer en CP et j’ai raté quatre semaines d’école. C’était frustrant et dur pour moi. Elle, elle était juste contente de venir voir sa maman », détaille-t-elle.
Entraînement et préparation mentale
En Angleterre, les choses seront différentes. Son clan est du voyage, à commencer par ses parents qui n’ont jamais eu l’occasion de venir la voir officier à l’international. Et bien sûr son compagnon et leur fille. « Il n’y aura pas de rupture familiale, ils viendront tout le mois d’août et pendant trois week-ends sur quatre en septembre ! »
« La reconnaissance de ce travail sur plusieurs saisons est aussi la fierté de représenter le pays en Angleterre. »
Ce Mondial 2025, une fierté, elle l’aborde avec un sens de la mesure qui se dessine dans son caractère : « Il ne faut jamais être dans l’excès, ni en hyper confiance. La stabilité, c’est important. Je ne fais pas ça pour rien et la reconnaissance de ce travail sur plusieurs saisons est aussi la fierté de représenter le pays en Angleterre », pose-t-elle, tout en bouclant son sac de sport pour filer à La Rochelle chez « H Training », une salle fréquentée par les sportifs de haut niveau.
« Il s’y passe toujours quelque chose et c’est vrai qu’on se sent moins seul », avoue celle qui est également suivie par le staff médical du Stade Rochelais.
Avant d’être arbitre, Aurélie Groizeleau a été joueuse. Elle est passée par le Pôle espoir de Toulouse et Saint-Orens (devenu le Blagnac SCR).
Céline Levain
« Il faut s’entraîner tous les jours : vélo, course, renforcement, proprioception… Être un maximum gainé pour éviter les blessures. La différence, c’est qu’il n’y a pas de contact pour nous. » À ça, s’ajoutent une à deux heures par semaine de préparation mentale, « 75 % de la performance » selon elle. Aurélie Groizeleau s’y plonge directement sur le terrain, dans les situations stressantes.
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Avec ses 40 matches par saison et alors qu’elle se fait un nom dans l’élite, elle est loin d’être une inconnue à Chanzy. « Il y a 32 arbitres en Top 14 (où elle arbitre à la touche) et Pro D2 (arbitre centrale). Je suis la seule femme. Nous sommes un peu moins de 200 en France, ce qui fait 7 % des effectifs contre 15 % de joueuses », analyse-t-elle.
Une « descente aux enfers » avant l’arbitrage
« Je vois beaucoup de femmes sur le bord des terrains en Pro D2 qui me disent que ça fait avancer la cause », apprécie-t-elle. « Et c’est génial de voir des petites filles venir faire des photos. Ça renvoie une image de femme forte qui gère trente mecs sur un terrain. »
Une réalité parfois différente de celle de ses débuts qui lui permet de faire de la promotion de l’arbitrage au féminin une de ses missions. « On part d’une page blanche. Le sifflet, on n’y vient pas par hasard. Une joueuse qui met fin à sa carrière devient souvent maman », raconte-t-elle.
Instinctivement, elle cite Annaëlle Deshayes (Stade Bordelais), qui a mis le pied à l’étrier lorsqu’elle a repris le travail physique sans contact après une rupture des ligaments croisés. Un parcours qui n’est pas sans rappeler celui d’Aurélie Groizeleau.
« À 19 ans, ça a été la descente aux enfers. En quatre mois, je me suis rompu les ligaments alors que j’étais sélectionnée pour le Six Nations et j’ai découvert que je n’avais qu’un rein », se retourne-t-elle. « La commission médicale de la FFR n’autorisait pas à jouer avec un seul organe pour ceux qui fonctionnent par paire », se souvient l’ancienne joueuse passée par le Pôle espoir de Toulouse et Saint-Orens (devenu le Blagnac SCR).
L’élevage familial des Groizeleau produit 75 000 pigeonneaux par an.
Céline Levain
À 20 ans et au détour d’une discussion avec un encadrant, elle a débuté l’arbitrage en « s’en moquant un peu. J’avais du mal à accepter la situation. » Puis la vie d’Aurélie Groizeleau s’est de nouveau accrochée à la Charente-Maritime, terre sur lesquelles elle avait touché ses premiers ballons, neuf ans après son exil.
Un papa, des frères et cousins joueurs, une mamie trésorière, une maman éducatrice, un oncle président… Elle a de nouveau posé ses valises à Marans, où le nom des Groizeleau est ancré dans le club de rugby.
Des terrains à l’élevage de pigeonneaux
Un lien familial fort qui fait qu’Aurélie Groizeleau prépare déjà l’après carrière sportive au sein de l’élevage familial de pigeonneaux. Il a été dressé par sa mère, ancienne aide soignante en Ehpad, en 1992.
« Je me suis rompu les ligaments alors que j’étais sélectionnée pour le Six Nations et j’ai découvert que je n’avais qu’un rein. »
« Un copain de rugby de mon père arrêtait et c’était l’occasion », abonde la licenciée en finance et comptabilité. Elle s’occupe de l’administratif et « des papiers » de l’élevage, où « de la graine à l’assiette », tout est géré par les Groizeleau.
« Mon beau-frère est arrivé en 2005, moi en 2015. À chaque fois, la production a augmenté de 50 %. On a aujourd’hui 7 000 couples. On produit 75 000 pigeonneaux à l’année », reprend l’éleveuse, qui a modernisé l’affaire lorsqu’elle l’a intégrée.
« Ma mère travaillait encore avec des factures sur fiches carbone et un carnet pour les naissances. On a acheté un ordinateur et une tablette quand même », se marre-t-elle, se souvenant de trajets dans l’auto familiale, quand elle était petite, avec des caisses de volatiles à déposer à l’abattoir.
Leurs oiseaux d’exception sont vendus à des restaurateurs haut de gamme, des boucheries et épiceries fines. Les 25 % restant filent en magasin de producteurs.
Un goût de la rigueur et de l’excellence qu’elle applique aussi bien au centre d’un terrain que dans l’intimité de son élevage.