C‘est un rassemblement comme il y en avait régulièrement à Bassens (Gironde). Dans la zone industrielle près du port maritime, un parking désaffecté servait de « carré », comme on dit dans le milieu, pour des rodéos urbains dédiés aux motos.
Sauf que ce jour-là, le loisir interdit s’est transformé en accident mortel. Une jeune fille de 19 ans a perdu la vie sur le coup, lors d’un choc entre deux-roues.
Cette affaire était jugée, lundi 18 août, au tribunal correctionnel de Bordeaux. L’occasion de revenir sur les événements du 24 novembre 2024.
Sa cousine sur la moto
Le premier suspect conduisait la moto KTM où se trouvait, à l’avant, la victime (qui est sa cousine). Depuis son arrestation, le jeune de 20 ans a été placé en détention provisoire : « Je suis totalement responsable, admet-il depuis le box des prévenus. J’ai acheté cette moto, je suis parti chercher Louane à son domicile, je l’ai invitée à faire un tour… » Il met en cause l’autre motard : « Il faisait n’importe quoi sur la route, il a trop décalé sur la gauche et il nous a percutés. J’ai essayé de freiner mais j’ai pas réussi. »
L’autre comparaît libre (sous contrôle judiciaire). Il était sur une Honda CRF 450, mais n’a gardé aucun souvenir de l’accident. « Je reconnais avoir eu une conduite dangereuse, en faisant une roue arrière. » Il dit cependant faire des cauchemars.
« Même la prison, c’est pas assez dur pour les regrets que j’ai »
Mais c’est le passé de chacun qui est finalement le plus parlant lors de cette audience de comparution immédiate à délai différé.
Le conducteur de 21 ans avait été condamné pour conduite sans permis ni assurance et sous l’empire du cannabis en avril 2024. Ce mois de novembre, il cumulait encore ces trois mêmes délits. De plus, un contrôle judiciaire strict l’empêchait de sortir de chez lui à ce moment-là. Ajoutons enfin que la moto qu’il conduisait était volée.
Le prévenu âgé de 20 ans n’est pas inconnu de la justice non plus. En décembre 2023, le juge des enfants l’avait condamné pour conduite sans permis, escroquerie et vol aggravé. Cette fois, il n’avait toujours pas son permis.
Comment condamner cet enchaînement de délits particulièrement caractérisés ? La particularité de cette affaire d’homicide involontaire est que les deux mis en cause ont infligé à l’autre de graves blessures. Celui de 21 ans a écopé de soixante jours d’incapacité totale de travail (ITT) et celui de 20 ans de cent jours.
Dix ans encourus
La procureure Lydie Reiss a mis en avant « une forme de légèreté partagée » par ces deux prévenus qui « n’ont pas compris la gravité des faits » au moment où ils les réalisaient. Elle rappelle qu’ils encourent dix ans de prison. « Même la prison, c’est pas assez dur pour les regrets que j’ai », admet celui qui a perdu sa cousine, que son avocat dit « hanté par l’accident ». Il écope de trois ans de prison, dont deux ans avec sursis probatoire. Mais sans mandat de dépôt, il sort temporairement de prison.
Le conducteur de la Honda a lu une lettre aux parents de la victime parlant de sa « peine sincère ». Il est condamné à la même peine que l’autre prévenu. On ignore encore s’ils purgeront leur peine ferme en prison ou sous bracelet électronique.