Par

Chloé LENTIER

Publié le

18 août 2025 à 17h59

Quand il s’est lancé dans le théâtre à 40 ans, Cyrille Périn, habitant de Caudebec-lès-Elbeuf (Seine-Maritime), s’est vite heurté à une réalité : trouver une salle de répétition, c’est un parcours du combattant. « C’est toujours la même galère : on connaît une ou deux salles, mais si elles sont prises, on ne sait jamais où aller. Il faut appeler, rappeler, on ne connaît pas le prix, ni le matériel disponible », raconte-t-il. Cet ancien étudiant en école de commerce imagine alors une solution simple, presque évidente : une plateforme où les artistes pourraient réserver une salle en ligne, comme on réserve un logement sur Airbnb. IzyShow était né.

Une plateforme créée en 2022

Le projet de Cyrille Périn mûrissait depuis plusieurs années. Après avoir été accompagné par un incubateur culturel en 2018 et déposé les statuts en 2019, il avait imaginé un lancement rapide : « On avait fait un super business plan, on pensait partir en vacances aux Bahamas les deux années suivantes », raconte-t-il, avec humour. Mais la pandémie du COVID-19 a tout bouleversé, et le projet a été retardé.

Malgré les difficultés, Cyrille s’est débrouillé seul et a finalement lancé sa plateforme en avril 2022. Depuis, il vit de ce projet en autofinancement, avec un petit coup de pouce d’un business angel. « Je travaille avec des stagiaires et le bouche à oreille fonctionne plutôt bien. », souligne-t-il.

Des salles aux quatre coins de la France

À son lancement, IzyShow ne recensait que trois salles. Aujourd’hui, la plateforme en compte une centaine, de Marseille à Bordeaux, en passant par Paris et les petits villages de campagne.

Le principe est simple : une carte interactive et des filtres permettent de sélectionner budget, superficie, miroirs, sol adapté à la danse, piano, accès PMR, puis de réserver directement en ligne.

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Une compagnie peut avoir besoin d’un petit local pour lire un texte, puis d’un grand plateau pour mettre en scène. Mon but est de proposer toutes les étapes de travail.

Cyrille Périn, créateur de IzyShow

Certaines offres vont plus loin : en pleine campagne, il est possible de répéter et de dormir sur place, transformant la semaine en véritable résidence artistique. IzyShow rassemble ainsi des studios de danse, théâtres municipaux et des espaces associatifs.

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Pour son créateur, IzyShow n’est pas qu’un outil pratique. Derrière l’application, il y a une conviction : celle de décloisonner les mondes.

La répétition peut devenir un vecteur de culture. Cela peut amener les gens à aimer le spectacle vivant alors qu’ils n’ont pas les codes.

Cyrille Périn, créateur de IzyShow

Il démarche ainsi Emmaüs, des écoles, des EHPAD, pour ouvrir les portes de ces salles parfois inutilisées. « Les résidents ou visiteurs pourraient ainsi assister aux répétitions, et échanger avec les artistes, avant de terminer par un petit spectacle. Ça crée incontestablement du lien », s’enthousiasme-t-il.

« Pour que ça tourne, il faudrait atteindre 500 lieux référencés ! »

Après deux passages au Festival d’Avignon et quelques retombées médiatiques, la plateforme gagne petit à petit en notoriété. Près de 1 600 artistes ou compagnies sont déjà inscrits, mais Cyrille voit les choses en grand : « Pour que ça tourne, il faudrait atteindre 500 lieux référencés ! ». Un défi, notamment dans les petites communes où il faut convaincre. « Beaucoup pensent que louer une salle, c’est se compliquer la vie. Moi, je veux leur démontrer que c’est une ressource pour les artistes et pour le territoire. »

Sur le territoire elbeuvien par exemple, deux salles sont actuellement référencées, à savoir l’Espace Bourvil à Caudebec-lès-Elbeuf, et l’Académie des Arts d’Elbeuf (connue anciennement sous le Centre artistique des Hirondelles) située dans les bureaux de l’ancienne usine de draps historique Blin & Blin, au 2 cours Gambetta à Elbeuf (Seine-Maritime).

À terme, Cyrille imagine des répétitions dans un hangar agricole ou dans une cantine d’entreprise. « Imaginez : vous prenez un café au boulot et derrière vous, un quatuor à cordes travaille son concerto. Ça crée un choc, une rencontre, et parfois une vocation », glisse-t-il.

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