Il est bientôt 2 h du matin, sur la place du Corbeau. L’air est frais. Un homme mendie quelques euros « pour passer la nuit à l’auberge de jeunesse ». Autour de lui, une dizaine de silhouettes attendent le bus. Trois lignes nocturnes partent d’ici, toutes les heures, jusqu’à l’aube, du jeudi au samedi. Elles desservent les différents quartiers de Strasbourg et ses proches communes.

Le bus de la N3 arrive avec un peu de retard. Il est 2 h 15. Sept passagers montent à bord. Deux jeunes hommes s’installent au fond. L’un a ses écouteurs, l’autre les yeux injectés de sang. Aucun ne veut parler. La soirée a sans doute été longue.

Un cuistot, des amies, une mère et sa fille

Deux rangs devant eux, Hasan, 45 ans, scrolle sur son téléphone : il regarde des vidéos sur YouTube, répond à sa sœur sur Messenger. Chef cuistot à la Belle, un bar-restaurant du quartier Observatoire, il prend ce bus trois fois…