Par

Thibault Nadal

Publié le

19 août 2025 à 6h04

Une polémique sur fond d’élections municipales. Le 11 juillet dernier, les élus du Conseil municipal ont accordé plusieurs subventions à des associations, comme ils le font chaque année. Une a suscité la controverse : celle attribuée à la Fédération des groupements corses de Marseille et des Bouches-du-Rhône. La maison de la Corse a reçu 1000 euros, bien loin des 4 000 euros demandés. Mais plus que son montant actuel, c’est sa baisse sur les dernières années qui a interpellé. Entre 2019 et 2025, elle a été divisée par huit, provoquant la colère de ses membres et de certains élus de l’opposition.

De 8 000 euros en 2019 à 1 000 euros en 2025

Un mois après avoir vu son budget fondre, Jean Dal Coletto, président de la Maison des Corses, se souvient encore parfaitement de cette journée. « Mon téléphone n’arrêtait pas de sonner, rembobine celui qui est à la tête de l’association depuis 2016. Beaucoup de nos compatriotes étaient émus et ont proposé de faire des dons ».

Car les sommes attribuées par la mairie de Marseille représentent beaucoup pour cette association. Le responsable explique que les 4 000 euros demandés à la mairie de Marseille servent uniquement à couvrir les frais engendrés par les chants polyphoniques, une partie infime des activités.

Car la Maison de Corse propose bien plus que de la musique. Créée en 1959, elle regroupe aujourd’hui 26 associations avec pour mission de faire « le lien entre la Corse et le Continent ». Parce que les attaches entre Marseille et l’île de Beauté sont nombreuses et surtout très anciens. « Il y a une vieille histoire entre nos deux territoires », assure Jean Dal Coletto qui parle de Marseille comme de la « première ville Corse au monde », par sa population présente en masse.

Mais sans cet argent, c’est tout un modèle qui s’effondre : « Le fait d’avoir une telle restriction, ça nous oblige à changer notre politique », regrette le président, qui cite l’exemple du prochain concert organisé par l’association. « En temps normal, il aurait été gratuit, mais là, on va devoir faire payer un droit d’entrée. »

« Les Corses de Marseille valent mieux qu’une heure de parcmètre »

Plus que l’aspect financier, c’est le manque de considération à l’égard de l’association qui chagrine cet ancien gendarme à la retraite. « Ça nous a beaucoup affectés, car ici, il y a quelque chose tous les soirs. On a l’impression de ne pas être reconnu », soupire encore Jean Dal Coletto.

Historien reconnu, Michel Verge Franceschi a rappelé sur les réseaux sociaux le passé commun entre la Corse et Marseille :

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Il me semble que cinq siècles de services continus par les Corses au grand port phocéen de Charles VIII à la destruction du quartier du Panier par les Allemands méritent autre chose que cette offense au passé, à l’Histoire et à l’Honneur. 1 000 euros pour 500 ans, 2 euros par an. Les Corses de Marseille valent mieux qu’une heure de parcmètre.

« La Ville méprise les Corses »

Avant lui, c’est Catherine Pila, conseillère d’opposition (Une Volonté pour Marseille) qui avait porté cette affaire dans le débat public. Contactée par actu Marseille, celle qui est aussi conseillère métropolitaine et présidente de la RTM, dénonce le « en même temps de l’équipe municipale et de Benoît Payan ».

Elle reproche au maire (DVG) de Marseille de faire la promotion d’un concert de chanteurs corses dans le cadre de l’Été marseillais, tout en baissant les subventions. « La Ville méprise les Corses », peste-t-elle.

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Auprès d’actu Marseille, Ahmed Heddadi réfute ces accusations : « Dire que les subventions ont été divisées par huit, c’est faux ». Selon l’adjoint au maire en charge du lien social, de la Vie associative, des Centres sociaux, du Bel âge et de l’Animation urbaine, la faute se situerait plutôt du côté corse. « Quand on fait une demande de subvention, on fait la démarche de présenter son projet, or, je n’ai jamais rencontré le moindre membre de la Maison de la Corse », assure-t-il.

Une situation amenée à se régler dans les prochains mois

Selon lui, c’est l’association elle-même qui aurait baissé ses demandes. Du côté de Jean Dal Coletto, on rétorque ne pas avoir eu le choix après s’être vu accorder plusieurs subventions en deçà du montant demandé. « Je me suis même demandé si j’allais faire une demande cette année », soupire le président de la Maison de la Corse.

Il critique aussi Catherine Pila, qui, selon lui, s’empare de ce dossier « à huit mois d’une échéance électorale ». Refusant de rentrer dans un jeu de surenchères, celle qui est aussi la présidente de la RTM rappelle qu’elle est la seule élue à participer à « Capu d’annu », la cérémonie des vœux pour la nouvelle année.

Pour mettre fin à la polémique, Ahmed Heddadi annonce que la Maison de la Corse recevra bien la somme demandée lors de la prochaine session du Conseil municipal, prévue en octobre. Un « soulagement » pour Jean Dal Coletto. Une victoire pour Catherine Pila, ravie que son « coup de gueule » ait eu un impact.

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