Posted On 19 août 2025

Le « Climat Libé Tour » va à nouveau faire étape à Grenoble dans quelques semaines : un événement organisé par le journal Libération en partenariat avec la métropole de Grenoble qui pose question vue la politisation des intervenants, en pleine période de réserve électorale.

LIBÉ VEUT « CHANGER LE CLIMAT DU DÉBAT »…

C’est la deuxième édition de ce tour organisé par le quotidien qui se présente lui-même comme « le journal de toutes les gauches ». Et comme à l’automne 2024, l’événement ne fait étape que dans des villes où des majorités roses/rouges/vertes sont élues (Paris, Bordeaux, Lyon, Rouen, Marseille..). L’objectif affiché de cette tournée est d »‘éclairer les solutions face à l’urgence écologique » et de « changer le climat du débat »…

L’affiche de l’an dernier, avec la métropole en partenaire
… MAIS NE PARLE QU’À UN ENTRE-SOI

… mais le fait de ne choisir que des villes où les élus en place sont acquis et des intervenants très politisés font plutôt de l’événement un outil de matraquage idéologique pour assurer la propagande et l’agenda d’un bord politique. Et le tour relève finalement bien plus de l’entre-soi pour se faire plaisir, que d’une véritable volonté d’ouverture pour toucher et sensibiliser un public éloigné des enjeux environnementaux.

UN CASTING ÉMINEMMENT POLITIQUE…

Le casting d’intervenants de l’an dernier annonçait la couleur : l’ancien candidat Vert à la présidentielle Noël Mamère, Adéläide Charlier (une activiste des grèves pour le climat inspirée par Greta Thunberg..), le sénateur Vert Guillaume Gontard ou encore… Lucie Castets, que la gauche avait alors passé tout l’été à fantasmer comme première ministre. Elle n’a aucune formation faisant d’elle une personnalité qualifiée pour parler de climat, ce qui confirme bien que l’événement est politique avant tout.

« Celle que la gauche a imaginée Première ministre » : voilà pour le CV de l’intervenante.
… QUI SE CONFIRME CETTE ANNÉE

Ce n’est pas mieux cette année. Avant Grenoble en septembre, le tour a déjà fait étape au printemps à Paris, Bourges, Bordeaux et Lyon. Les intervenants mis en avant sont Marine Tondelier (présidente des Verts), l’inénarrable Sandrine Rousseau (Députée Verte plus connue pour sa volonté de polémiquer sur tout et n’importe quoi que pour son action), Léna Lazare (une activiste des « soulèvements de la terre », mouvements à l’origine des violentes manifestations anti-bassine à Sainte-Soline), Paloma Moritz du média à gauche toute « Blast »…

Au programme, la diffusion d’une série, financée avec vos impôts, qui fait l’apologie de l’activisme le plus violent qui soit.
CHRISTOPHE FERRARI (Place Publique) À NOUVEAU INVITÉ EN INTERVENANT

Le programme grenoblois dévoilé cette semaine s’inscrit dans cette même veine. On retrouvera Pierre Rouvière, un activiste numérique qui dispense ses leçons et en a fait un business tout à fait lucratif pour lui, François Briens, un « spécialiste de la décroissance », Lauren Boudard, fondatrice du média « Climax » à la ligne très ouvertement anti-capitaliste… ou encore, comme l’an dernier, Christophe Ferrari (ex PS désormais « Place Publique), le président de la métropole. 

LA MÉTROPOLE ASSOCIÉE À L’ÉTAPE…

Et c’est bien là le problème. Le journal Libération peut bien sûr organiser ce qu’il souhaite mais à Grenoble, la métropole est associée à l’étape et le revendique avec fierté. Elle accueille les intervenants à la Maison de la Culture et le président est invité à participer. Il peut ainsi faire la promotion de sa politique au sein d’un événement volontairement politisé, en utilisant la collectivité donc les moyens publics, et ce en pleine période électorale, à moins de 6 mois des élections municipales.

… SANS QUE CELA N’ÉMEUVE

Mais la culture dominante favorable à ce camp rend cela acceptable aux yeux des commentateurs. Pourtant que n’entendrait-on pas si un Président de métropole marqué à droite accueillait des conférences avec les moyens de la collectivité, ne s’attardant que sur des thèmes comme la sécurité ou la fiscalité, et avec uniquement des intervenants favorables à son point de vue dont des politiques en activité ?

FERRARI DÉBATTRA AVEC UN MEMBRE DU GIEC QUI DÉNONCE L’URBANISME GRENOBLOIS

L’opération pourrait toutefois se retourner contre Christophe Ferrari, car lui qui fait partie des chantres de la bétonisation qui a fait de Grenoble la 1ère ville de France pour les ilots de chaleur débattra avec Thierry Lebel, climatologue et membre du GIEC.

Or ce dernier déclarait en 2022 : « les édifices qui ont poussé sur la Presqu’île sont aberrants : construits sur du bitume, avec une mauvaise circulation d’air. Il existe tout un tas de préconisations au sujet de la ville durable. Ce sont des messages que nous avons déjà véhiculés, depuis 2003 au moins. Or, dans une ville comme Grenoble, qui est une cuvette, il n’y a pas eu de véritable politique de la part des collectivités territoriales ».

La Presqu’île, paradis du béton avec 4000 logements pour 1m2 d’espace vert par habitant : le « Climat Libé Tour » parlera-t-il des hérésies grenobloises en matière d’adaptation de la ville au changement climatique ?
UN MATRAQUAGE IDÉOLOGIQUE AU SERVICE D’UN CAMP

Reste que le « Climat Libé Tour » s’inscrit dans un contexte de lobbying culturel local, comme une pièce supplémentaire du matraquage culturel à l’oeuvre avec la mobilisation de longue date d’officines comme Alternatiba, Extinction Rebellion, ANV COP21… Celles-ci ayant la particularité de ne jamais s’attaquer aux responsables locaux, que ce soit la municipalité Verts/LFI de Piolle ou la métropole, malgré leur bilan plus que critiquable en matière d’écologie. La proximité politique passe avant les idéaux.

UNE TRIBUNE POLITIQUE QUI POSE QUESTION

Sous couvert d’urgence écologique, il s’agit donc surtout de dérouler le tapis rouge à un camp politique, avec les moyens du contribuable. À moins de six mois des élections municipales, la tribune offerte par le « Climat Libé Tour » pose une question démocratique.

Mais gageons que ce qui « change le climat du débat » désormais, c’est le fossé que constatent de plus en plus les Grenoblois entre les actes, le bilan et les discours. Et un événement au public acquis d’avance ne devrait pas changer le ras-le-bol qui monte en conséquence.