« La fréquentation des propriétés est sensiblement la même qu’en 2024 ; ce qui change, c’est que les visiteurs achètent moins de bouteilles », analyse Christophe Chateau, directeur de la communication au Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB). Une analyse encore partielle alors que la saison touristique est toujours en cours et qu’on n’aura pas de données fiables avant la fin septembre. Reste que cette appréciation à chaud rejoint celle des autres professionnels du tourisme : la Gironde est toujours attractive, mais, dans un contexte de baisse du pouvoir d’achat, les visiteurs font plus attention à leurs dépenses.
L’œnotourisme reste pourtant l’un des principaux atouts du département, pionnier dans ce domaine : les premières visites de propriétés ont été organisées dès les années 1980. Des lieux comme la Winery d’Arsac ont ouvert dès 2007 – elle est aujourd’hui fermée –, suivis en 2016 par la Cité du vin. « Et le vignoble bordelais bénéficie d’une notoriété forte, poursuit Christophe Chateau. Il est proche de la mer, ce qui fait qu’après la plage des touristes peuvent aller visiter des propriétés, et il est situé à mi-chemin entre l’Europe du nord et la péninsule ibérique : la Gironde est une zone de coupure. »
Événements instagrammables
« À condition d’être capable de renouveler l’offre », tempère Jacques Faurens, conseiller œnotourisme à la Chambre de commerce et d’industrie (CCI). « Les gens qui sont allés visiter les chais d’une exploitation une année n’auront pas forcément envie d’y revenir l’année suivante si on ne leur propose rien de nouveau. La découverte d’un vin, fût-il réputé, ne suffit pas toujours. Personnellement, je crois beaucoup à ce que la culture peut apporter. »
« Le public a changé : avant il venait dans les propriétés pour comprendre comment on fait le vin ; maintenant il vient pour se changer les idées »
Dans ce domaine aussi le vignoble girondin est très actif depuis une vingtaine d’années : expositions de peinture, concerts classiques ou jazz, voire événements liés au cinéma comme les Vendanges du 7e art à Pauillac. Mais en parallèle, on voit une offre différente émerger autour de guinguettes et de soirées musicales. « Des événements instagrammables, qu’on peut partager avec des gens sur place mais aussi sur ses réseaux sociaux, résume Christophe Chateau. Le public a changé : avant il venait dans les propriétés pour comprendre comment on fait le vin ; maintenant il vient pour se changer les idées. »
Ventes en direct
Une tendance qui a bénéficié en particulier aux exploitations situées en Entre-deux-Mers, en appellation bordeaux ou bordeaux supérieur. Pas les vins les plus prestigieux, mais produits dans des lieux offrant de très beaux points de vue sur la Dordogne et la Garonne.
L’œnotourisme serait de plus en plus déconnecté du vin à proprement parler ? C’est ce que laisse penser l’essor des randonnées à travers les vignes, à pied, à vélo ou en trottinette électrique. « Même si ce genre d’offre permet aussi de récupérer des gens qui vont au passage acheter des bouteilles, pointe Jacques Faurens. La crise de la viticulture est telle qu’aujourd’hui certains exploitants vendent plus en direct que par l’intermédiaire de négociants. »