Sur les murs de la galerie, située au 31 boulevard Paoli, les toiles de José Lorenzi se répondent comme si le temps n’avait jamais interrompu leur dialogue. Cet été, et jusqu’au 30 septembre, l’espace qu’il avait lui-même façonné se consacre à son propre hommage. Dès l’entrée, on distingue ce port éclaboussé de bleus et de rouges vifs évoquant Bastia, sa ville natale. Plus loin, une grande composition urbaine aux aplats d’ocre et de vert rappelle les ruelles parisiennes où, jeune homme, il découvrit Van Gogh. Sur une autre cimaise, la répétition pop de formes géométriques fait écho à un séjour à New York, et à sa rencontre avec les œuvres d’Andy Warhol.
Une vie dans la peinture
Il faut dire que l’exposition hommage réunit des œuvres de toutes périodes, certaines jamais montrées, longtemps conservées par Lorenzi qui refusait de les vendre. « On veut donner à ce lieu une dynamique pour que son œuvre perdure », explique sa fille Joséphine, qui gère aujourd’hui la galerie. Né en 1929 à Bastia, José Lorenzi a pendant plus de 80 ans, incarné l’art contemporain corse. Avant-gardiste, et après avoir terminé premier à l’agrégation, il créa à Bastia le premier centre d’arts plastiques de France et y installera l’option arts au baccalauréat.
Deux épreuves bouleverseront sa palette : un cancer lymphatique, qui le poussera vers des teintes plus lumineuses, et l’accident de son index droit, qui l’amènera à peindre au couteau. Ces épisodes de sa vie se lisent avec une simplicité déconcertante sur les murs de la galerie : l’évolution des couleurs, la texture des matières, la lumière qui peu à peu envahit ses paysages. L’exposition, en déroulant les fils d’une vie dédiée à la création et à l’engagement culturel, offre à tous les curieux la vision d’un homme qui, jusqu’au bout, aura refusé toute concession sur sa liberté de peindre.