Trois fois par semaine, été comme hiver, Stéphanie Bulon-Baills se lève à l’aube pour, depuis son domicile de Rognac, rejoindre le parking de la Lave (16e) qui surplombe la plage de Corbières et s’occuper des chats de la colline. Trois fois par semaine, la porte-parole de l’association l’Arche de Freyja nourrit, trappe et conduit les félins chez le vétérinaire où elle les fait pucer et stériliser avant de les remettre dans la nature, avec un statut de chat libre. « En huit ans, on a retiré 200 chats d’ici », explique-t-elle depuis la butte qui domine la Grande bleue, à quelques mètres de la barrière du parking. L’association qu’elle préside investit 5 000 € de frais de vétérinaire par mois, financés essentiellement grâce à des donations mais aussi aux adhésions d’une centaine de bénévoles. Alors quand il y a quelques semaines, Stéphanie Bulon-Baills a découvert que les abris de fortune, installés pour protéger les chats de la chaleur et du froid, avaient été propulsés et détruits en contrebas de la butte, elle a vu rouge. « L’an dernier, on a commencé à rencontrer des problèmes avec un agent de la société Onet qui surveille le parking, dit-elle. Agressions verbales, menaces, cet été, c’est monté d’un cran. Même les « mamies nageuses » qui donnent de temps en temps de l’eau ou des croquettes aux animaux ont été intimidées. »

Dénonçant ce qui est « malheureusement le quotidien des mères nourricières, constamment agressées par des particuliers ou des syndics de copropriétés alors qu’on ne fait que nourrir et réguler la population des chats errants », la responsable a remué ciel et terre avec d’autres bénévoles à l’instar de Ghania Oudali qui a dû « harceler tout le monde en plein mois d’août pour faire bouger les choses. » « Les chats sont déboussolés, c’est inexplicable qu’on leur fasse du mal », ajoute dans une vidéo postée par l’association sur les réseaux sociaux, Sylviane, 93 ans, qui vient les nourrir depuis vingt ans, sacrifiant une partie de sa retraite.