Le festival Rock en Seine a annoncé mardi, deux jours avant son concert, que la chanteuse ne pourrait finalement pas se produire sur scène, pour ce qui devait être son unique concert en France.
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France Télévisions – Rédaction Culture
Publié le 19/08/2025 12:59
Mis à jour le 19/08/2025 15:16
Temps de lecture : 6min
Doechii se produit à Outside Lands au Golden Gate Park de San Francisco, en Californie, le 8 août 2025. (DANA JACOBS / WIREIMAGE /GETTY)
La nouvelle est tombée mardi 19 août en fin de matinée : la rappeuse américaine Doechii ne se produira pas sur la grande scène jeudi soir au festival Rock en Seine pour un concert qui était grandement attendu. Aucune explication n’a pour l’instant été avancée pour cette annulation.
Femme de l’année 2025 selon le magazine américain spécialisé Billboard, Grammy Award du meilleur album rap de 2025 pour Alligator Bites Never Heal et admirée par toute l’industrie musicale, de Billie Eilish à Lady Gaga : l’ascension fulgurante de Doechii, de son vrai nom Jaylah Ji’mya Hickmon, a tout d’une success-story à l’américaine.
Véritable encyclopédie du hip-hop étasunien, marquée par Geto Boys, Tyler, The Creator, Lauryn Hill ou encore Kendrick Lamar, ses textes sont ciselés, percutants et parlants pour la jeune génération en quête d’authenticité. La précision de ses paroles, Doechii la cultive depuis son enfance.
Née le 14 août 1998 à Tampa, en Floride, “petite ville pourrie remplie de caravanes”, comme elle l’a décrite l’année dernière à Interview Magazine, la petite fille baigne dans une famille d’artistes, avec un père et un oncle rappeurs. A l’école, on la surnomme la « weirdo », une fille bizarre et solitaire, cible de moqueries et se retrouvant dans toutes les bagarres. La « Swamp Princess » (« princesse des marécages »), comme elle se surnomme, trouve son salut dans l’écriture, entre poésie et rap.
En plus de l’écriture, Doechii touche à toutes les formes d’art et d’expression possibles : ballet, claquettes, théâtre, cheerleading et même gymnastique. Des connaissances qui lui seront bien utiles, des années plus tard, une fois sur scène, enchaînant les chorégraphies saluées par la critique et ses admirateurs. Voilà la vie de Jaylah Ji’mya Hickmon au milieu des années 2010 : sport, écriture et vidéos sur YouTube racontant les petits tracas de sa vie.
Le déclic survient en 2016, lorsqu’elle publie sa première chanson sur la plateforme en ligne Soundcloud : Girls. Le site de musique gratuite, qui a révélé de grands noms de la scène actuelle, comme Travis Scott ou XXXTentacion, lui permet d’accéder à une petite notoriété et de réaliser ses premiers mini-concerts (qu’elle continue de vloguer sur sa chaîne YouTube). S’ensuit son premier projet, Coven Music Session, Vol. 1, qui paraît en 2019.
Le Covid-19 aurait pu la stopper dans son ascension, mais c’est le contraire qui se produit. Vivant à New York, elle retourne chez ses parents en Floride pour se confiner, et passe ses journées à lire, réfléchir à ses envies professionnelles et développer sa créativité. Un moment de pause qui va se révéler payant.
Car en 2020, la vie de Doechii bascule. Son titre Yucky Blucky Fruitcake, qui mêle dérision, introspection et audace, devient viral en quelques jours sur les réseaux sociaux, notamment TikTok. En 2022, elle raconte au magazine Rolling Stone : « Je ne pensais pas que ça allait prendre une telle ampleur. A l’époque, je finançais tout moi-même, et j’étais dans une situation où je m’étais jurée de ne plus jamais travailler pour personne et de devenir artiste à plein temps. Donc, en m’engageant à cela, j’ai fait une demande d’allocations chômage. Je les utilisais pour vivre, et j’ai dépensé la dernière somme pour ce clip vidéo. J’ai tout imaginé. J’ai acheté tous les accessoires, tous les costumes. J’ai payé tout le monde. C’était fou. » Abordant des sujets comme la confiance en soi et la quête d’identité, la rappeuse a trouvé la formule. Les félicitations du milieu s’enchaînent et elle ne tarde pas à taper dans l’œil des professionnels.
Après la mixtape Oh the Places You’ll Go (2020) et l’EP Bra-less (2021), elle signe en 2022 avec le label Capitol, mais aussi avec l’un des labels les plus prolifiques du monde, Top Dawg Entertainment, devenant ainsi la première artiste féminine rap à y figurer. Sur ce label, on trouve d’autres figures de la scène R&B et hip-hop, comme Kendrick Lamar, artiste admiré avec qui elle rêve de collaborer, ou encore SZA. Dans la foulée de sa signature, son deuxième EP She / Her / Black Bitch, notamment porté par le titre en collaboration avec SZA, Persuasive, l’installe un peu plus sur le devant de la scène mondiale. Son charisme et la précision de ses textes sont remarqués.
Le passage d’étoile montante à star internationale arrive avec la sortie de sa nouvelle mixtape en 2024, Alligator Bites Never Heal. Abordant des thèmes comme la santé mentale, l’autonomie et plusieurs expériences personnelles, cette mixtape ludique et turbulente, à la précision de flow parfaite, rencontre un succès populaire et critique.
Devenue l’une des voix de la jeune génération d’artistes, elle donne un nouveau souffle au hip-hop américain. Elle se promène avec aisance entre des titres remplis de références aux mythiques morceaux des années 2000 et 2010, et des sons entraînants reprenant des mélodies connues, comme Anxiety en 2025, qui a inondé les réseaux sociaux des jeunes du monde entier.
Prochaine étape, un album ? Pourquoi pas, mais pas tout de suite. Soumise aux pressions de l’industrie musicale, la rappeuse préfère aujourd’hui multiplier les apparitions sur les disques d’autres artistes, ou bien sortir des mixtapes, lui permettant plus de liberté et plus de productions, au lieu d’un album aux codes contraignants et à la liberté moindre. Son futur s’annonce rayonnant et réjouissant. Et son histoire avec la France n’est que partie remise.