Par

Fabien Binacchi

Publié le

16 avr. 2025 à 17h56

Ils sont traversés par 60000 véhicules, tous les jours. Leur fréquentation a même augmenté l’an dernier. « Pratiques » pour certains, « pompes à fric » pour d’autres, les tunnels Prado sont désormais la cible du député Sébastien Delogu, qui s’appuie sur un rapport de la Cour des comptes pour dénoncer un « racket des Marseillais ».

L’élu LFI a lancé une pétition pour qu’ils « repassent en régie publique ».

On vous explique.

Des résultats « excédentaires »

La dernière augmentation des prix, au 1er janvier 2025, avait fait tiquer. Certains internautes dénonçant une « pompe à fric », d’autres persistant à dire que ces tunnels sont « pratiques ». Il faut désormais débourser 6,10 euros pour traverser les 3,9 km des tunnels Prado-Carénage et Prado Sud : soit plus d’1,50 euro le kilomètre.

Une situation unique en France

Et une hausse qui pose question alors que la cour des comptes a récemment pointé dans un rapport les résultats « excédentaires », depuis plusieurs années, du délégataire de la Métropole Aix-Marseille, une entreprise privée cotée en Bourse :

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Les activités concédées dégagent une forte rentabilité. [Entre 2016 et 2022], le résultat de la société marseillaise du tunnel Prado Carénage a permis de verser chaque année plus de 11 millions d’euros de dividendes aux actionnaires, sauf pour 2019. Le résultat net d’exploitation [atteint] 9,4 millions d’euros en 2022, soit le triple de celui enregistré en 2016.

Rapport de la Cour des comptes, publié le 4 avril 2025

Un « racket des Marseillais »

Une véritable hérésie, selon le député Sébastien Delogu (LFI), dont la candidature à la mairie de la cité phocéenne semble se dessiner un peu davantage chaque jour.

Il appelle à cesser ce « racket des Marseillais » dans une pétition lancée il y a quelques jours et qui totalise près de 2200 signatures ce mercredi 16 avril.

Il indique aussi dans une vidéo sur X qu’il compte « saisir le tribunal administratif ».

« Largement rentabilisés »

« + 59 % : voilà l’injustifiable augmentation des tarifs de ces péages entre 2016 et 2022 », alors même que « ces tunnels sont largement rentabilisés », tance l’élu dans un texte publié sur le site ouvert pour l’occasion : stoptunnelsprives.fr.

Il s’en prend aux « actionnaires d’Eiffage et de Vinci, propriétaires des tunnels », qui « se versent chaque année plus de 11 millions d’euros de dividendes ».

Et, ce, alors que « les frais de redevance d’occupation de l’espace public » payés à la Métropole sont de « seulement 13000 euros par an », appuie-t-il.

« Une incompréhension totale »

Il appelle Martine Vassal, la présidente de la collectivité, à « repasser le tunnel en régie publique » et à « utiliser l’argent généré par celui-ci pour entretenir la ville et prendre soin des Marseillais ». Difficile à imaginer, en tout cas à court ou moyen terme, la Métropole et son concessionnaire étant liés par un contrat qui court jusqu’en 2033.

Sollicité, l’entourage de l’élue n’a pas donné de suite.

La Société marseillaise du Tunnel Prado Carénage (SMTPC), elle, dénonce, dans une réponse à actu Marseille, « une incompréhension totale du modèle économique de la concession et des missions de service public assurées par » ses soins.

« Amortir les forts investissements »

Elle explique que « les dividendes évoqués, qui sont versés majoritairement en fin de concession, viennent rémunérer les investissements importants réalisés depuis 30 ans ».

Les tarifs de péage sont définis par contrat […] afin de tenir compte de l’inflation et de son impact sur les charges réelles d’exploitation […] mais également pour amortir les forts investissements réalisés sur la durée de la concession. Plus de 300 millions d’euros investis par la société pour la seule concession du tunnel Prado Carénage.

La société SMTPC, à actu Marseille

« Désengorger la ville »

« Ce modèle permet de garantir un haut niveau de sécurité, de fluidité et de qualité du service public pour les usagers, tout en assurant l’entretien et la pérennité des infrastructures sur toute la durée de la concession » vante l’entreprise.

Elle revendique « une alternative souterraine fluide au réseau de surface », qui « contribue à désengorger massivement la ville ». Et qui continue à séduire les Marseillais.

En 2024, la fréquentation a augmenté de 1 % par rapport à 2023, selon les données communiquées par la société elle-même à actu Marseille.

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