Les bloqueurs de pubs vont-ils être interdits en Allemagne, puis en Europe? La question se pose après une récente décision de justice liée à la bataille engagée depuis 2015 par le groupe de presse Axel Springer («Bild», «Die Welt», etc.) contre l’éditeur d’Adblock Plus, Eyeo. La Cour fédérale allemande a remis en cause un jugement rendu en 2023 par la Cour d’appel de Hambourg, qui avait donné raison aux bloqueurs de pubs, et a demandé un réexamen du dossier.

Dans un premier temps, le groupe de médias a attaqué Eyeo pour concurrence déloyale en lui reprochant de nuire à ses revenus publicitaires. Mais le géant de la presse a ensuite changé de stratégie en invoquant une atteinte au droit d’auteur, en estimant que les bloqueurs de pubs modifient la manière dont ses contenus protégés sont présentés.

Cette nouvelle décision de justice a fait réagir Mozilla. L’éditeur du navigateur Firefox, ardent défenseur des bloqueurs de pubs, a dénoncé une interprétation excessive du droit d’auteur. Pour illustrer son propos, la fondation a eu recours à une série d’analogies: zapper les pubs à la télévision en allant chercher un encas, sauter les publicités au milieu d’un podcast ou jeter un encart publicitaire dans un journal papier: «Ces actes constituent-ils une violation du droit d’auteur? Bien sûr que non», estime Mozilla, qui milite depuis des années pour un internet ouvert, dans lequel les internautes gardent le contrôle de leur expérience en ligne via des extensions. Ces dernières ne servent pas seulement au confort visuel de l’utilisateur, mais aussi à la sécurité en ligne pour se protéger contre les attaques malveillantes, contre le traçage ou pour économiser des données en allégeant le contenu affiché, notamment.