C’est par voie de communiqué que le maire de Carhaix, Christian Troadec, a annoncé, ce mardi après-midi, le décès, à l’âge de 81 ans, de Jean-Pierre Jeudy, qui fut le premier magistrat de la ville de 1977 à 1995. « Il fut un grand maire bâtisseur », affirme l’édile, indiquant que la ville lui rendrait l’hommage qu’il mérite dans les prochaines semaines. Un bâtiment public pourrait ainsi porter son nom. « Nous en discuterons bientôt en conseil municipal », ajoute-t-il.

Plusieurs réalisations phares

D’abord élu de l’opposition à Carhaix, puis conseiller général du canton en 1973, le brillant orateur qu’était Jean-Pierre Jeudy a été le maire de la capitale du Poher pendant dix-huit ans. Il est élu pour la première fois en 1977, à la tête d’une liste d’union de la gauche, avant d’être réélu en 1983 et 1989. Pendant ces trois mandats, plusieurs réalisations phares virent le jour comme la salle de cinéma associative, le Cinedix, la bibliothèque municipale, l’école municipale de musique, le foyer-logements de la Salette, inauguré 7 février 1983 par Pierre Bérégovoy, ministre des Affaires sociales, sans oublier le Crématorium (le premier de Bretagne, NDLR). On doit aussi à Jean-Pierre Jeudy la création de la Pépinière des entreprises, ainsi que de plusieurs équipements sportifs (la salle de combat). Jean-Pierre Jeudy fut aussi à l’origine de la création de la communauté des communes du Poher, dont il devint le premier président en 1994.

Jean-Pierre Jeudy était né le 26 janvier 1944 à Condé-sur-Huisne (Orne). Il a grandi en région parisienne dans une famille communiste avant de s‘installer à Carhaix, où il fut tour à tour instituteur puis professeur d’histoire géographie au collège. Exclu du Parti communiste en 1987, il avait fondé la Gauche Unie pour le Poher.

Bras de fer en conseil municipal

Ses trois mandats au conseil municipal ont été marqués par le duel farouche qui l’opposa, pendant près de deux décennies, à Jean Rohou, le notable de droite. Deux caractères bien trempés que tout opposait et dont le bras de fer marqua durablement la vie carhaisienne. « Jean-Pierre Jeudy aimait le combat et ne refusait jamais l’obstacle. Il savait trop bien que la politique est d’abord une question de rapport de force », estime Christian Troadec. Battu aux élections municipales de 1995 par André Le Roux (Divers droite), Jean-Pierre Jeudy repart au combat six ans plus tard. Arrivé en troisième position, il rallie alors Christian Troadec, faisant du même coup échec à la liste PS-PC conduite par le futur président de l’Assemblée nationale Richard Ferrand. Et tandis que le président des Vieilles Charrues s’installe dans le fauteuil de maire, l’ancien édile retrouve, jusqu’en 2008, la présidence de la communauté des communes du Poher. S’il continue un temps de s’intéresser à la vie politique locale au sein notamment du Front de Gauche, figurant même en dernière position sur la liste « Une vraie gauche pour Carhaix » aux municipales de 2014, Jean-Pierre Jeudy embrasse ensuite un autre combat, celui de la cause palestinienne, prenant la présidence du groupe centre breton de l’AFPS (Association France Palestine Solidarité) jusqu’à il y a peu.

« Grandes convictions »

« Homme de gauche, de conviction, orateur hors pair, Jean-Pierre Jeudy aura marqué l’histoire de Carhaix, indique Christian Troadec. Il aura marqué l’histoire qu’il affectionnait tant et dont il avait fait son métier en tant qu’enseignant. Il savait aussi être l’hôte à la compagnie joyeuse et très agréable, tant sa culture était grande et son humour à la hauteur de la puissance de sa voix. Certains n’aiment plus les aspérités et les gens qui ont des choses à dire. Il avait de grandes convictions qu’il savait affirmer, il disait lui-même ne pas avoir peur des polémiques et pensait que c’était sain pour la démocratie, que ça permettait de faire avancer les dossiers. J’aimais sa façon de faire la politique et ce qu’il portait comme conviction en lui », ajoute-t-il.

D’abord élu de l’opposition à Carhaix, puis conseiller général du canton en 1973, ce brillant orateur a été le maire de la capitale du Poher pendant dix-huit ans. Il est élu pour la première fois en 1977, à la tête d’une liste d’union de la gauche, avant d’être réélu en 1983 et 1989.

Jean-Pierre Jeudy fut aussi à l’origine de la création de la communauté des communes du Poher dont il devint le premier président en 1994, avant d’être battu en 1995. Il avait retrouvé ce poste en 2001, après la victoire de Christian Troadec, avec qui il avait fait alliance pour les municipales.