La partie de poker menteur continue. Si l’Ukraine, l’Europe et les États-Unis affichaient de grands sourires après leur sommet à Washington, lundi, le chancelier Merz l’a rappelé à tout le monde : « Les prochaines étapes seront les plus difficiles. » Déjà, des doutes montent sur la volonté de Vladimir Poutine de rencontrer rapidement Volodymyr Zelensky. Et si Donald Trump a promis que les États-Unis seraient « impliqués » dans la sécurité de l’Ukraine, reste à savoir exactement comment.

Dans une interview téléphonique sur Fox News, mardi matin, le locataire de la Maison-Blanche a catégoriquement écarté des « boots on the ground », donnant sa parole qu’il n’enverrait pas de soldats américains en Ukraine. Il a toutefois laissé la porte entrouverte à un soutien aérien, expliquant : « En matière de sécurité, [les Européens] sont prêts à envoyer des hommes sur le terrain. Nous sommes prêts à les aider sur certains points, en particulier, sans doute, … par les airs ».

À LIRE AUSSI Après le sommet de Washington, quelles garanties militaires pour l’Ukraine ? Dans la foulée, la porte-parole de la Maison-Blanche, Karoline Leavitt, est restée vague, répondant qu’un soutien aérien était « une possibilité ». Si des systèmes de défense antimissile sont vraisemblablement une option, rien ne dit que Washington acceptera d’envoyer ses avions de chasse pour faire respecter une « no fly zone ». L’Ukraine a maintes fois réclamé une zone d’exclusion aérienne au début du conflit, mais l’Occident n’a jamais osé défier Poutine aussi frontalement.

Entouré par les responsables européens, Donald Trump l’a assuré : « Dans une avancée très significative, le président Poutine a donné son accord pour que la Russie accepte des garanties de sécurité pour l’Ukraine ». Y compris la présence de soldats européens ? Sur Fox, il a été moins catégorique : « Je ne pense pas que ça sera un problème, mais on ne sait jamais. » « Moscou a été absolument clair : le déploiement de contingents militaires étrangers en Ukraine est totalement exclu », a riposté sur X le diplomate russe Mikhail Ulyanov.

Marco Rubio à la manœuvre

Selon le média américain Axios, une commission USA-UE-Ukraine a été constituée afin d’élaborer une proposition de garanties de sécurité. Donald Trump a chargé son secrétaire d’État Marco Rubio de se coordonner avec l’Europe. C’est une bonne nouvelle : par le passé, Rubio a toujours défendu une ligne dure face à Poutine, qu’il qualifiait de « criminel de guerre » en 2017, jurant après l’invasion russe de 2022 que les États-Unis soutiendraient l’Ukraine « aussi longtemps qu’ils seront prêts à se battre ». Un discours loin de celui du vice-président J.D. Vance, grand artisan de l’humiliation de Zelensky dans le Bureau ovale en février dernier, et qui confiait à Steve Bannon en 2022 : « Je me fiche complètement de ce qui arrive à l’Ukraine, d’une façon ou d’une autre. »

À LIRE AUSSI Trump-Poutine : le vrai bilan du sommet d’Alaska, entre bluff et humiliationMême si l’Ukraine ne rejoindra pas l’Otan, plusieurs leaders européens ont évoqué un mécanisme de protection inspiré par l’article 5 sur la défense collective, appliquée à la fameuse « coalition des volontaires ». Selon Reuters, les chefs militaires de l’Otan doivent se réunir ce mercredi. Le chef d’état-major des armées américaines, Dan Caine, devrait y participer en visioconférence.

Un sommet encore incertain

Selon Trump, Poutine et Zelensky « sont dans le processus pour organiser une rencontre ». « J’ai pensé qu’il valait mieux les laisser se rencontrer d’abord. Ils s’entendent peut-être un peu mieux que je ne le pensais… Sinon, je n’aurais pas organisé la réunion [bilatérale], j’aurais organisé une trilatérale. »

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Pour l’instant, le Kremlin ne s’est engagé à rien. Le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a dit dans une interview que toute rencontre entre dirigeants « devait être préparée avec le plus grand soin […], étape par étape, en commençant par le niveau des experts puis en passant par toutes les étapes nécessaires ». Le délai de deux semaines évoqué par le chancelier allemand et le président finlandais pourrait bien être optimiste, surtout si Moscou insiste pour des étapes intermédiaires entre diplomates.

Le lieu fait déjà débat : Poutine a proposé Moscou, ce que Zelensky exclut. Selon Reuters, Trump a échangé au téléphone avec le Premier ministre hongrois Viktor Orban, et Budapest fait partie de la short-list. Un choix qui sera difficile à avaler pour Kiev : c’est à Budapest que l’Ukraine avait accepté, en 1994, de se débarrasser de son arsenal nucléaire en échange de garanties d’intégrité territoriale qui ont volé en éclats quand Moscou a annexé la Crimée en 2014. Istanbul, où des rencontres ont déjà eu lieu entre Russes et Ukrainiens, est également considérée. La Suisse, favorisée par Macron, a proposé Genève comme terrain neutre, et offrira « l’immunité » à Poutine – sous mandat d’arrêt international – s’il « vient pour une conférence de paix ». En attendant, la guerre continue : après le sommet de Washington, la Russie a lancé une attaque aérienne massive contre le centre de l’Ukraine, avec 270 drones et 10 missiles, selon l’armée de l’air ukrainienne. 

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