En douze mois, Imane Khelif est passée de la gloire d’une médaille d’or aux JO à un anonymat quasi-intégral en France, pays qui l’a vue sacrée puis qu’elle a quitté après cette parenthèse enchantée. Mais surtout, la championne olympique en titre des moins de 66kg ne combat plus du tout, au point d’avoir mis sur pause sa carrière de boxeuse.
Pour comprendre les raisons d’un tel déclin, il faut d’abord remonter jusqu’au 15 mars 2023. Les Mondiaux de boxe qui devaient avoir lieu à New Delhi (Inde) ne seront jamais qu’un grand rendez-vous manqué pour l’Algérienne.
Et pour cause, l’IBA (Association internationale de boxe amateur), qui chapeautait la compétition, exigeait un test de genre aux boxeuses, auquel Imane Khelif s’est pliée.
Elle est disqualifiée avant son entrée en lice aux Championnats du monde sans plus de précisions, et sans que les résultats ne soient révélés sur l’instant. « À ce moment-là, je suis devenu son entraîneur et son manager, jusqu’à septembre 2024, explique Nasser Yesfah, l’ex-mentor de la boxeuse. Je l’ai amenée à prendre une licence au Nice Azur Boxe avec un objectif très clair, se préparer pour les Jeux olympiques de Paris. »
Car le CIO, lui, a toujours pris le contre-pied de l’IBA en acceptant la participation d’Imane Khelif aux JO.
« Il était prévu qu’elle passe pro ailleurs qu’à Nice »
Une fois son titre olympique en poche, alors qu’elle n’était jusqu’alors qu’une amatrice, l’Algérienne, poussée par son manager, souhaite devenir professionnelle pour faire entrer sa carrière dans une autre dimension.
Pour ce faire, un départ de Nice s’impose. « Il était prévu qu’elle passe professionnelle ailleurs. Le Nice Azur Boxe ne pouvait pas proposer de contrat pro à Imane, parce qu’il n’avait pas les moyens. Elle a fait un combat à Singapour, mais elle devait en faire cinq avant de signer pro, ce qui ne s’est pas fait à cause des polémiques. Imane n’a pas seulement quitté Nice, elle a quitté le monde de la boxe », reprend Nasser Yesfah.
Disparue, envolée dès l’instant même où elle a touché du doigt l’or, Imane Khelif est rentrée au pays, où elle ne dispose plus que d’une licence avec la Fédération algérienne de boxe. « Du jour au lendemain, elle n’a plus donné de nouvelles à son club. Elle est devenue trop populaire pour une petite structure comme la nôtre », pointe du doigt Tony Vivarelli, le co-président et fondateur du Nice Azur Boxe.
Dégoûtée du milieu
Assaillie par les polémiques sur son genre, et alors que certains prétendaient qu’elle avait des chromosomes masculins, la poids welters a d’abord pris du recul avant de vouloir reprendre du service en s’inscrivant à la Box Cup d’Eindhoven, du 5 au 10 juin dernier.
Mais là encore, le passé a ressurgi. La compétition amatrice néerlandaise exigeait elle aussi des tests de genre à ses participantes. En outre, l’instance responsable de la boxe amateur, l’IBA, a laissé place à World Boxing, une autre entité qui endosse désormais ce rôle, et qui a exclu Imane Khelif, sans que l’on ne sache si la boxeuse s’était soumise à ces tests.
De quoi la dégoûter du milieu.
Les tests de genre révélés deux ans plus tard
« Actuellement, elle a tout arrêté. Elle n’a même pas repris, elle ne boxe plus. Après ce qu’il s’est passé aux JO… De toute façon, elle sera soumise au même type de test si elle devient professionnelle », souligne Nasser Yesfah.
Comme si cela ne suffisait pas, les résultats des tests passés par Imane Khelif en Inde et en 2023 ont fuité dans la presse au moment même du tournoi avorté d’Eindhoven: elle présente un caryotype masculin, des chromosomes XY. Imane Khelif, intersexe (son sexe biologique est masculin mais ses attributs sont féminins): il n’en fallait pas plus pour que le Nice Azur Boxe ne veuille pas « rentrer dans ce jeu-là », avec une boxeuse qui, de toute évidence, est passée par Nice uniquement dans l’optique de disputer les Jeux de Paris.
Désormais, la championne olympique garde à peine le rythme d’entraînement nécessaire pour performer. « Elle fait des séances en Algérie ou se rend au Qatar, dans le centre de performance national pour continuer à s’entraîner, mais sans plus. Et puis elle se déplace essentiellement pour des contrats de sponsoring », précise à nouveau son ex-manager, qui continue de son côté son travail de formation au Nice Azur Boxe.
Son ancienne élève, elle, désenchante loin des projecteurs.