Agressée sexuellement en plein vol vers Londres, une jeune Britannique se voit refuser une indemnisation parce que l’avion n’était pas immatriculé au Royaume-Uni. Une faille juridique dénoncée comme une injustice criante, que son avocate appelle à combler d’urgence.
Kelly (c’est son nom d’usage) n’a pas l’intention de se taire. Cette jeune Londonienne d’une vingtaine d’années a vécu l’impensable : agressée sexuellement dans son sommeil à bord d’un vol Qatar Airways entre Doha et Londres.
Son agresseur, un homme de 66 ans, a été reconnu coupable et condamné à six ans et demi de prison. Pourtant, Kelly se voit refuser toute indemnisation par le Criminal Injuries Compensation Scheme (CICS), le fonds public censé protéger les victimes de crimes violents au Royaume-Uni.
Une agression reconnue, mais aucune réparation
En septembre dernier, alors qu’elle rentrait à Londres, Kelly a subi des attouchements de son voisin de siège, relate le Guardian. À l’atterrissage, l’homme est immédiatement arrêté. En mai 2025, la justice britannique le déclare coupable d’agression sexuelle par pénétration et de deux autres chefs d’agression sexuelle.
Malgré ce verdict clair, le CICS rejette la demande de Kelly. Motif ? L’agression a eu lieu dans un avion… non immatriculé au Royaume-Uni.
Pour la jeune femme, c’est un non-sens : « Je ne comprends pas pourquoi moi et d’autres victimes comme moi serions exclues. J’ai été agressée sur un vol à destination du Royaume-Uni, je suis citoyenne britannique, et la justice de mon pays a jugé et condamné cet homme. » Toujours marquée par le traumatisme, elle ajoute : « Je souffre encore des conséquences de l’agression et je veux pouvoir reprendre le cours de ma vie. »
Une faille juridique dénoncée
Le cabinet Leigh Day, qui représente Kelly, a interpellé la nouvelle secrétaire d’État à la Justice, Shabana Mahmood, pour demander une révision urgente des règles.
L’avocate de la victime, Claire Powell, dénonce une incohérence flagrante : depuis 1996, la loi britannique sur l’aviation civile permet de juger les crimes commis dans des avions étrangers atterrissant au Royaume-Uni. Mais cette évolution n’a jamais été intégrée au dispositif d’indemnisation. « Cet écart doit être comblé de toute urgence, surtout au regard de l’engagement affiché du gouvernement à lutter contre les violences faites aux femmes et aux filles », insiste-t-elle.
Mais de son côté, le ministère de la Justice, par la voix d’un porte-parole, a simplement exprimé sa compassion envers Kelly et réaffirmé la volonté du gouvernement de réduire de moitié les violences faites aux femmes. Il rappelle que les règles du CICS sont fixées par le Parlement et invite les victimes à se tourner vers d’autres dispositifs d’aide.