Délinquance à Bordeaux, armement de la police municipale, jumelage avec Israël et Ramallah, canicule et végétalisation, municipales de 2026, rapport avec La France insoumise : Pierre Hurmic a répondu aux questions de Jean-François Achilli.
Police municipale armée à Bordeaux : « Je ne suis ni shérif ni naïf »
Pourquoi Pierre Hurmic a-t-il décidé d’armer une partie de sa police municipale, alors qu’il y était historiquement opposé ? Le maire écologiste assume une évolution liée aux responsabilités : « Ce n’est pas un déclic, c’est l’épreuve du pouvoir« . Selon lui, « si vous trouvez un seul maire en France qui dit que l’épreuve du pouvoir ne l’a pas changé, c’est soit un menteur, soit un idéologue ». Pierre Hurmic revendique une ligne pragmatique : « Je n’ai ni totem ni tabou. Je ne suis ni shérif ni naïf« .
Concrètement, un quart des policiers municipaux de Bordeaux seront désormais armés. « Ça a été une décision difficile, courageuse, inattendue de la part d’un maire de gauche« , explique-t-il. Pierre Hurmic assure avoir consulté de nombreux élus avant d’agir et revendique une approche à l’anglaise : « Le policier municipal de base qui fait de l’îlotage n’a pas forcément besoin d’être armé. Par contre, celui qui est exposé à une délinquance violente doit l’être ». Depuis cette décision, le maire note un effet positif sur le recrutement. « La police municipale s’était mise en grève pour me réclamer un armement, aujourd’hui ce n’est plus le cas ».
« Ce n’est pas de l’angélisme »
L’armement partiel de la police municipale s’accompagne d’un renfort en effectifs. Pierre Hurmic revendique une politique équilibrée : « J’ai augmenté le nombre de policiers municipaux de 52% d’ici la fin du mandat ». Mais il insiste sur un autre volet : « J’ai également augmenté le nombre de médiateurs dans les mêmes proportions. Parce qu’une politique de lutte contre la délinquance doit être équilibrée. Il faut de la répression et de la prévention ».
Face à ceux qui dénoncent une fin de l’angélisme, Pierre Hurmic rétorque : « Je n’ai jamais été angélique. Mais l’épreuve du pouvoir m’a conduit à prendre certaines positions« . Pour lui, le rôle d’un maire n’est pas de choisir entre tout répressif et tout préventif : « C’est la conjugaison équilibrée qui marche ».
« Ce n’est pas vrai que la délinquance explose à Bordeaux »
Bordeaux est-elle devenue la ville la plus criminogène de France ? À cette question, Pierre Hurmic balaie l’accusation : « Ce n’est pas vrai que la délinquance explose ». Selon lui, « un journal militant comme Valeurs Actuelles dit que Bordeaux est la ville la plus concernée par la délinquance. Ça fait sourire. Vous croyez vraiment qu’il y a plus de délinquance à Bordeaux qu’à Marseille ?«
Le maire cite les chiffres du ministère de l’Intérieur pour contredire ses opposants : « La ville de Bordeaux a connu un pic historique de délinquance en 2019, avant que nous arrivions. Depuis 2019, il y a eu une baisse de 4,1% des faits de délinquance« . Pierre Hurmic précise : « Les cambriolages de logements ont diminué, les violences physiques hors cadre familial aussi, et les vols violents sans armes ont baissé de 35% entre 2019 et 2024 ». En revanche, il reconnaît la hausse de certains délits : « Ce qui a beaucoup augmenté, ce sont les vols dans les véhicules et les dégradations ». Mais pour lui, l’essentiel est clair : « La délinquance accompagnée de violences physiques contre les personnes, elle, a diminué ».
Israël-Palestine : « J’ai mis le drapeau de la paix »
Le jumelage avec Ashdod, en Israël, et avec Ramallah, en Cisjordanie, a cristallisé les tensions à Bordeaux. Pierre Hurmic explique avoir suspendu la coopération avec la ville israélienne : « J’ai écrit au maire d’Ashdod pour lui dire que les échanges de jumelage doivent promouvoir la paix, l’amitié, la solidarité. Ces conditions n’étaient pas réunies« . Il précise toutefois : « Je ne confonds pas un pays avec son gouvernement ».
Face à ceux qui lui reprochent une proximité avec des positions extrémistes, Pierre Hurmic répond : « On m’a demandé de mettre le drapeau palestinien au fronton de l’Hôtel de Ville. Je ne l’ai pas fait. J’ai mis le drapeau de la paix« . Et il ajoute : « On m’a demandé d’arrêter immédiatement toute relation avec Ashdod. J’ai choisi de suspendre, dans l’attente d’un cessez-le-feu durable et d’un processus de paix ».
« L’attitude de Netanyahou n’est pas acceptable »
Interrogé sur la lettre de Benjamin Netanyahou accusant Emmanuel Macron d’alimenter l’antisémitisme en France, Pierre Hurmic tranche : « C’est totalement excessif, abject« . Le maire de Bordeaux estime que ce n’est « pas la réalité ». Il critique également la réaction locale : « Dans mon conseil municipal, l’opposition macroniste m’est tombée dessus de façon abjecte ».
Pierre Hurmic refuse de céder aux clivages partisans : « Je ne vais pas tomber dans ce panneau politicien ». À ses yeux, la position d’Emmanuel Macron reste « assez équilibrée ». Mais il insiste : « L’attitude de M. Netanyahou me paraît inacceptable« .
« La végétalisation n’était pas dans l’ère du temps »
La canicule a relancé le débat sur l’héritage urbain. Pierre Hurmic critique la politique passée : « Sous Alain Juppé, on ne se préoccupait pas de végétalisation. Ce n’était pas dans l’ère du temps ». Bordeaux reste une « magnifique ville de pierres, très minérale, avec beaucoup d’îlots de chaleur urbains« .
Pour lui, la réponse est claire : « J’ai décrété l’urgence climatique dès le début de mon mandat. Ce n’est pas un slogan, c’est une politique ». Pierre Hurmic revendique une « reconquête végétale » : « J’ai multiplié par 25 les plantations par rapport à mes prédécesseurs et doublé la surface des arbres sur l’espace public ». À ses yeux, « les arbres sont nos meilleurs alliés pour anticiper et résister aux vagues de chaleur ».
Municipales de 2026 : « Je n’ai pas envie de changer de stratégie » vis-à-vis de LFI
Sur les relations avec La France insoumise (LFI), Pierre Hurmic écarte toute alliance municipale : « LFI fait partie de mon opposition. Ils ont choisi ce camp« . Il reconnaît la poussée de Jean-Luc Mélenchon dans l’opinion, mais reste ferme : « Je n’ai pas envie de changer de stratégie ».
Pour le maire écologiste, l’équilibre actuel correspond à l’esprit bordelais : « L’écologie à la bordelaise est mesurée, pragmatique, pondérée. Elle correspond aux aspirations des habitants ». Et il conclut : « J’ai l’intention de continuer avec la même majorité municipale que celle qui gouverne Bordeaux depuis cinq ans ».
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