Aujourd’hui, environ 80 % des Franciliens sont exposés à des niveaux de pollutions sonore et atmosphérique dépassant les seuils recommandés par l’OMS. Un constat confirmé par une cartographie croisée d’Airparif et Bruitparif en 2024. Un an plus tard, les premiers Trophées des communes d’Île-de-France engagées pour la santé-environnement sont lancés. Ce dispositif copiloté par l’ADEME Île-de-France, l’ARS Île-de-France et l’Association des maires d’Île-de-France vise à valoriser les actions locales concrètes qui conjuguent transition écologique et amélioration de la santé publique.

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Pourquoi croiser santé et environnement ?

La santé-environnement regroupe l’ensemble des actions visant à réduire les impacts des facteurs environnementaux sur la santé humaine : pollution atmosphérique, bruit, qualité de l’air intérieur, alimentation, urbanisme, accès aux soins, etc. Ces leviers relèvent, pour beaucoup, des compétences communales. C’est un enjeu transversal : beaucoup d’actions pour le climat améliorent le bien-être et la santé au quotidien. Au même titre qu’on lie maintenant transition écologique et justice sociale, on sait également qu’environnement et santé publique vont souvent de pair. C’est aussi un enjeu qui touche le plus grand nombre : la santé parle à tous.

À Garges-lès-Gonesse (95), l’urbanisme est pensé pour réduire les inégalités de santé

Parmi les lauréats de cette 1re édition des Trophées, cette commune populaire de 43 000 habitants a fait de la santé un axe structurant de son urbanisme. Son Plan Local d’Urbanisme (PLU) favorable à la santé, introduit des mesures comme la limitation de l’artificialisation des sols (–12,1 hectares de zones urbanisables), la création d’îlots de fraîcheur, la lutte contre l’habitat indigne dans les zones pavillonnaires ou encore une charte des constructions durables. La ville a également lancé, avec le soutien de l’ADEME, le premier réseau de chaleur 100 % énergies renouvelables et de récupération, combinant géothermie et chaleur fatale. Il couvrira l’équivalent de 9 700 logements et permettra d’éviter l’émission de 20 000 tonnes de CO2 par an. Une action à 65 M€, financée à 25 M€ par l’ADEME et 3 M€ par la Région.

À Trappes (78), une écologie populaire vient s’ancrer dans le quotidien

Direction les Yvelines où se trouve une autre commune lauréate des Trophées, la ville de Trappes. Avec une population jeune (un habitant sur deux a moins de 30 ans) et majoritairement modeste (60 % de logements sociaux), la ville mise sur une écologie populaire et préventive. Le projet Initiative pour une maternité apaisée (IMA) propose chaque semaine des paniers de légumes bio à 140 femmes enceintes, accompagnés d’ateliers pratiques sur les perturbateurs endocriniens. Les crèches visent le label écolo-crèches (nettoyage vapeur, couches bio), 50 purificateurs d’air ont été installés dans les écoles, et 50 % des repas de la cuisine centrale sont bio. La création d’une épicerie solidaire complète ce volet alimentaire. Plus largement, la ville de Trappes mène une politique transversale portée par une Direction Générale Adjointe à la transition écologique. Objectif : réduire l’exposition aux risques et rendre l’écologie accessible au plus grand nombre.

À Joinville-le-Pont (94), la nature revient en ville

Cette commune lauréate est située en bordure des axes parmi les plus pollués d’Europe (A4/A86). Pour agir efficacement contre les nuisances sonores et atmosphériques, la ville s’est lancée dans une politique de renaturation urbaine. La plantation d’une forêt urbaine de 3 000m2 selon la méthode Miyawaki (botaniste japonais) symbolise cet engagement. Cette méthode consiste à planter jusqu’à 30 espèces différentes d’une même classe d’âge sur une surface de quelques centaines de mètres carrés. Réalisée sur une friche en bordure d’autoroute, la « forêt Miyawaki » vise à absorber une partie des particules fines, réduire les nuisances sonores et recréer du lien avec la nature. Les habitants, les enfants et les associations ont été associés à chaque étape. La commune a aussi déjà converti plus de 10 000m2 dans l’espace public en cours oasis, jardins et parcs. Elle végétalise ses écoles, généralise les zones limitées à 30 km/h et promeut les mobilités douces (23 km de pistes cyclables). Elle propose par ailleurs 55 % de produits bio dans ses cantines et un tarif réduit pour les familles modestes, à 1,19 € le repas. Cette vision systémique mobilise l’ensemble des services de la commune.

Que nous apprennent ces Trophées ?

Ce prix régional dédié met en lumière les collectivités qui intègrent ces enjeux de santé environnement dans leurs politiques publiques.
Les Trophées répondent à trois objectifs :

  • Mettre en lumière les bonnes pratiques ;
  • Diffuser une culture de la santé-environnement au niveau local ;
  • Démontrer que santé et transition écologique sont indissociables. 

Ils nous montrent qu’agir est possible, même dans des contextes contraints. Ils prouvent aussi que la « santé-environnement » est un sujet mobilisateur auprès des habitants comme des élus. Un sujet qui peut devenir un angle structurant des politiques publiques locales.