Le président de l’association de commerçants Pari Jeu de Paume, Laurent Roy, a défendu dans une lettre publiée sur les réseaux sociaux, une position inhabituelle louant les qualités du centre-ville de Montpellier. Il justifie son opinion après avoir reçu de nombreuses critiques d’opposants. Ceux-ci préférant insister sur les fermetures de magasins, l’insécurité et les travaux.
Pourquoi avoir décidé d’écrire cette lettre qui met en avant l’Écusson sur les réseaux sociaux ?
Les réseaux sociaux sont devenus une espèce de pot-pourri de vérités ou de fausses informations. On est dans une période où c’est très difficile pour le commerce en cœur de ville. On se porte très très mal, bon nombre de commerçants sont en train de disparaître. Ce n’est pas normal qu’il y ait autant de fermetures. Ce phénomène-là se déroule dans toutes les villes de France, que ce soit au niveau de la propreté, de l’insécurité, des fermetures de magasins.
Il y a des choix politiques qui ont été faits, on est pour ou on est contre, mais il faut qu’on avance en tant que commerçant avec les choix de la municipalité en cours. On tient une position qui est complètement apolitique, c’est-à-dire qu’on invite ni à voter pour Michaël Delafosse, ni à voter pour d’autres. Ça ne sert à rien d’être violent contre la municipalité parce que le travail va s’effectuer en corrélation avec.
Vous vous attendiez à avoir autant de réactions ?
Franchement non. Je regardais encore mardi matin, la lettre avait été vue 54 000 fois en l’espace de 48 heures. Il y a un peu plus de 2 000 interactions.
« Ce n’est pas notre rôle de donner une consigne de vote »
Comment vous avez réagi à toutes ces critiques ?
Le mieux, c’est de ne pas réagir. J’en ai lu un peu. Quand on me sort que je suis le meilleur ami de l’élu Boris Bellanger, je ne connais pas sa vie perso, faut arrêter. Je prends aussi dans la tronche qu’on est en période préélectorale. C’est faux, c’est à partir de septembre. On me dit aussi que je fais partie du conseil municipal. Par cette lettre, j’ai juste cherché à alerter sur cette période qui va arriver. C’est une période horrible qu’on connaît à chaque fois qu’il y a des élections.
Ça dessert les commerçants ?
Bien évidemment. Lorsqu’on répète à tout bout de champ qu’il y a de l’insécurité, qu’à partir de 20 h, on ne peut plus se balader dans les rues, que le tram est archi bondé et qu’on se fait voler son sac toutes les deux minutes, vous avez envie de venir en centre-ville ? Non !
On a un cœur de ville magnifique. Oui, il y a des travaux, des transformations. On verra ce que l’avenir nous dira lorsque tous ces travaux seront terminés et ce que le cours de la vie reprendra. Ça pourra être trop tard pour certains, être très dur pour d’autres, mais les associations de commerçants doivent être là pour accompagner aussi ces problématiques. On n’a pas besoin de lanceurs d’alertes comme Leana Attika.
C’est un choix de l’avoir cité ?
C’est un choix. Leana Attika, c’est quelqu’un qui se cache derrière un pseudo. Quand on crée des alertes comme ça sur les réseaux sociaux, on se base sur des choses vraies, pas sur des mensonges. On a balancé des trucs en disant que j’avais touché 5 000 euros de la part de la Ville. Ce n’est pas moi qui aie touché 5 000 euros, c’est l’association pour tout ce qu’on organise. Les personnes qui ont un intérêt politique ont commenté, ça fait partie du jeu. C’est comme ça dans toute élection municipale.
Est-ce que vous allez donner une consigne de vote pour les prochaines élections ?
Non, chaque commerçant est totalement libre. Ce n’est pas notre rôle de donner une consigne de vote. Dans une même association de commerçants, on peut avoir des gens de droite, de gauche ou des extrêmes. Il y a du bon et du mauvais partout.
Les opposants dénoncent « une transformation sans vision »
Emmenés par l’influenceuse politique Leana Attika, les opposants ont immédiatement répliqué avec une lettre en retour. « À vous, défenseurs aveugles, perroquets du discours officiel, optimistes de service : Montpellier n’est pas ce décor de carte postale que vous décrivez à longueur de posts. Montpellier n’est pas cette ville paisible où il ferait bon flâner sans contrainte », répond-elle dans son post sur les réseaux sociaux.
« Ce n’est pas parce que l’insécurité, la saleté ou la vacance commerciale existent ailleurs qu’il faut s’y résigner ici. Montpellier n’a pas besoin d’aveuglement, elle a besoin de lucidité et de courage », poursuit l’influenceuse. « Les travaux ? Ils ne sont pas de simples « désagréments passagers ». Ils étranglent les commerces, compliquent la vie des riverains et font fuir la clientèle. Et derrière chaque chantier, ce n’est pas un avenir radieux qui se dessine, mais un centre-ville qui se vide. »
Cité dans l’article, Leana Attika (pseudonyme) a promis de répondre à nos questions. À suivre…