MÉDIAS – Les enquêtes après la mort de Jean Pormanove sont en cours. Son décès alors qu’il était en plein stream sur la plateforme controversée Kick a suscité de nombreuses réactions politiques. Mais également du monde des streamers. Adin Ross, ex-star américaine de Twitch qui officie sur Kick, a annoncé vouloir prendre à sa charge le coût des obsèques du Français, avec le soutien du rappeur Drake.

Adin Ross a publié un long message sur son compte X (ex-Twitter), peu après l’annonce de la découverte du corps de Raphaël Graven, alias JP – Jean Pormanove, près de Nice. « C’est terrible et immonde. Ceux qui ont participé à cette tragédie méritent d’en payer les conséquences. Je viens d’échanger avec Drake. Lui et moi allons payer les obsèques, cela ne le ramènera pas, mais c’est le moins que nous puissions faire », a-t-il promis ce mardi 19 août.

Si le nom d’Adin Ross est inconnu pour beaucoup, il est en réalité une immense star sur certaines plateformes de streaming. Sur Twitch, où il streamait jusqu’à récemment, il cumule plus de 7 millions d’abonnés. Sur Kick, il en a, à date, plus d’1,8 millions, ce qui fait de lui l’une des personnalités les plus suivies.

Comme il l’affirmait dans le podcast de Logan Paul, Adin Ross aurait touché 100 millions de dollars pour migrer sur Kick. Un choix pécuniaire donc (car la plateforme rémunère par ailleurs les producteurs de contenus bien plus que Twitch) mais pas uniquement. Adin Ross a aussi expliqué que c’était en raison de la plus faible modération instaurée par la plateforme australienne. Ses liens avec Kick sont donc avérés.

Les liens de Drake avec Kick

Quid donc de ceux de Drake ? L’interprète de Hotline Bling est présent sur la plateforme et cumule, lui, 331 000 followers. Il est par ailleurs directement lié par contrat depuis 2022 au casino virtuel Stake, pour lequel il fait de la publicité. Kick et Stake ont les mêmes fondateurs : Edward Craven et Bijan Tehrani. Outre leurs liens individuels avec la plateforme australienne (passés ou présents), Drake et Adin Ross ont déjà collaboré sur Kick. Ils n’avaient, en revanche jamais streamé avec Jean Pormanove.

Mais la plateforme Kick sur laquelle le Français avait 192 000 abonnés est précisément ciblée depuis l’annonce de la mort de JP. C’est en effet au cours d’un live qui durait depuis déjà 10 jours que Raphaël Graven est décédé. La vidéo a été coupée après que l’un de ses partenaires, Naruto, a découvert qu’il ne respirait plus. Un live streaming décrit par certains internautes comme particulièrement extrême au cours duquel il aurait notamment été privé de sommeil et forcé à ingérer des substances toxiques. Les violences physiques et les humiliations étaient d’ailleurs le concept principal de la chaîne de Jeanpormanove. Mais l’avocat de Naruto a nié toute implication expliquant que les vidéos étaient scénarisées.

Très critiquée, Kick se défend mollement

Kick a directement été interpellée par la haute-commissaire à l’Enfance Sarah El Haïry et par la ministre chargée du Numérique. « La responsabilité des plateformes en ligne sur la diffusion de contenus illicites n’est pas une option : c’est la loi. Ce type de défaillances peut conduire au pire et n’a pas sa place en France, en Europe ni ailleurs », a déclaré Clara Chappaz, ajoutant avoir saisi l’Arcom, fait un signalement sur Pharos, le portail officiel de signalement des contenus illicites de l’Internet, et contacté les responsables de Kick.

En réponse, la plateforme a posté un long message sur X ce mercredi 20 août. Dans celui-ci, elle annonce avoir banni temporairement de la plateforme les co-streamers « ayant participé à cette diffusion en direct (…) dans l’attente de l’enquête en cours ». Kick affirme par ailleurs vouloir « collaborer pleinement avec les autorités dans le cadre de ce processus(…) Notre priorité est de protéger les créateurs et de garantir un environnement plus sûr sur Kick ».

JP faisait partie d’un collectif nommé Le LokalTV avec les streamers Naruro et Safine, et Coudoux, un homme handicapé moteur (et second souffre-douleur de leurs concepts). Sur leur chaîne, les internautes pouvaient faire suivre ces séances d’humiliation en direct et faire des dons. Comme le mettait en avant Adin Ross, Kick ne modère en effet actuellement que très peu les contenus des utilisateurs, permettant par exemple à celui-ci de streamer son échange avec un interlocuteur faisant l’apologie du nazisme.

Immédiatement après l’annonce de la mort de Jean Pormanove, la plateforme a banni, sa chaîne afin que la vidéo de son ultime live ne soit plus accessible. Toutes celles qui précèdent et dans lesquelles lui et Coudoux se faisaient violenter, insulter et humilier, ne le sont plus non plus.