La compagne de la Youtubeuse Emma Paris aurait échangé de nombreux messages avec une détenue emprisonnée pour terrorisme. Gérald Darmanin a appelé à «faire attention aux rumeurs», tout en déclarant avoir «demandé une enquête administrative».
5,7 millions de vues sur TikTok et des réactions jusqu’à la place Vendôme, pour ce qui ne semblait être au départ qu’une histoire ordinaire de tromperie. Dans deux vidéos postées sur le réseau social chinois, qui ont fait le tour de la toile, l’influenceuse de 29 ans EmmaParis (anciennement Emma CakeUp) affirme, en pleurs, avoir été trompée par sa compagne Clara (JustPyramid sur les réseaux), incarcérée pour trafic de stupéfiants depuis mars 2025 à la prison de Carquefou, près de Nantes.
Sauf que la détenue avec laquelle Clara aurait trompé Emma est, aux dires de cette dernière, une détenue prénommée Lise Vaudour, «radicalisée et fichée S». Cette «ex-djihadiste», qui aurait selon elle passé «dix ans en Syrie», serait donc en possession d’un téléphone en prison.
L’affaire a fait tant de bruit sur les réseaux sociaux qu’elle est remontée aux oreilles du Garde des Sceaux Gérald Darmanin. Interrogé sur la détention d’un téléphone par une détenue radicalisée, le locataire de la place Vendôme a conseillé de «faire attention aux rumeurs», tout en déclarant avoir «demandé une enquête administrative pour savoir si les faits sont vrais (…)». En attendant les retours de l’enquête publique, une source pénitentiaire confirme au Figaro que Lise Vaudour est bien incarcérée «au centre pénitentiaire de Nantes depuis le 22 décembre 2022» et a un «statut de prévenue pour faits de terrorisme».
«Elle est partie en Syrie pendant dix ans»
Le 16 août, Emma Paris, visiblement éplorée, poste sur son compte TikTok suivi par près d’un million d’abonnés deux vidéos d’une dizaine de minutes chacune. Elle y fait le récit de son histoire avec la youtubeuse Clara, JustPyramid sur les réseaux. Les deux femmes se seraient rencontrées en décembre 2023. En décembre 2024 puis en janvier 2025, deux perquisitions ont lieu au domicile des deux femmes, à la suite desquelles cette dernière est placée en garde à vue, avant d’être incarcérée à la maison d’arrêt de Carquefou à Nantes pour trafic de stupéfiants. Emma raconte alors s’être rendue plusieurs fois par semaine à la prison pour rendre visite à sa compagne au parloir, et lui avoir envoyé plusieurs dizaines d’euros par semaine. Clara est remise en liberté en août 2025, mais Emma découvre dans les heures suivant sa libération que sa compagne échange très régulièrement par messages avec une certaine Lise Vaudour, détenue dans la même prison, qui serait donc en possession d’un téléphone. «C’est une nana qui a rencontré un monsieur sur Internet et qui est partie en Syrie pendant dix ans. Elle est radicalisée et fichée S», avance Emma Paris.
Suivie par des équipes de luttes contre la radicalisation violente
Ces informations sont-elles exactes ? Si le parcours en Syrie de Lise Vaudour n’a pu être confirmé, cette dernière fait en revanche « l’objet de fouilles de cellule et de fouilles individuelles régulières, en raison de son statut de prévenue pour faits de terrorisme. Sa cellule a été fouillée 10 fois depuis le 21 mars 2025 et cette personne détenue a fait l’objet de 10 fouilles individuelles depuis le 25 mars 2025», précise la même source pénitentiaire, qui ne confirme pas si ces fouilles ont révélé la présence d’un téléphone.
La détenue a été transférée temporairement dans le quartier d’évaluation de la radicalisation (QER) de la prison de Fresnes, entre le 23 décembre 2024 et le 7 février 2025. Elle y a fait l’objet d’une évaluation pluridisciplinaire. Dans son cas, une affectation «en détention ordinaire», qui concerne les détenus ne présentant pas ou plus de signes probants de radicalisation ou de passages à l’acte violents dans le futur, a été préconisée. Lise Vaudour a donc été retransférée dans son établissement d’origine, à Nantes, «en détention ordinaire» – ce qui explique qu’elle puisse y côtoyer des détenues comme Clara.
La prévenue fait l’objet d’un suivi par une équipe d’éducateurs et de psychologues de la mission de lutte contre la radicalisation violente, précise encore la source. Contactée, Emma Paris n’a pas répondu aux sollicitations du Figaro.