L’an prochain, sous réserve de l’issue des débats qui se tiendront au Bundestag à la rentrée, le ministère allemand de la Défense devrait disposer d’un budget « normal » de 82,7 milliards d’euros, auquel viendront s’ajouter 25,5 milliards d’euros, prélevés sur le Fonds spécial de la Bundeswehr. Ce qui fera un montant total de 108,2 milliards d’euros.
« Outre les investissements nécessaires pour les équipements et les infrastructures, ce projet de budget crée les conditions essentielles à la poursuite du développement de la Bundeswehr. À cette fin, 10 000 postes militaires et 2 000 emplois civils supplémentaires seront créés en 2026. […] Par ailleurs, 20 000 postes ‘temporaires’ seront créés dans le cadre du nouveau service militaire », avait expliqué le gouvernement allemand, en juillet.
Après avoir mis un terme au « frein de l’endettement » pour, justement, augmenter les dépenses militaires et les porter à au moins 3,5 % du PIB d’ici 2029, comme le demande l’Otan, le chancelier allemand, Friedrich Merz va ainsi pouvoir sortir le « grand bazooka ». Ou, plutôt, la « Grosse Bertha ».
En effet, selon le projet de budget tel qu’il vient d’être soumis au Parlement, le ministère allemand de la Défense souhaite obtenir des autorisations d’engagement d’un montant total de 325 milliards d’euros pour la période 2027-41. Autorisations d’engagement qui se traduiront en crédits de paiement par la suite.
D’après le site spécialisé allemand Hartpunkt, qui a eu accès aux documents budgétaires, la somme des investissements prévus pour la Bundeswehr s’élèverait à 355 milliards d’euros, en tenant compte des exercices 2025 et 2026. Les autorisations d’engagement les plus élevées seront demandées en 2029 et 2030, avec 52 milliards d’euros pour chacune de ces deux années. Et ce n’est qu’un minimum puisqu’il faudra aussi ajouter environ 77 milliards pris sur le Fonds spécial de la Bundeswehr ».
Dans le détail, précise Hartpunkt, 70,3 milliards d’euros seront fléchés vers l’achat de munitions. Viennent ensuite les blindés [52,5 milliards], les navires et autres systèmes navals [36,6 milliards], les avions et les missiles [34,2 milliards], les véhicules et divers équipements « de campagne » [20,9 milliards], les transmissions [15,9 milliards], et l’espace [13,3 milliards].
Reste à voir si la Bundeswehr saura trouver le personnel nécessaire pour faire fonctionner tous les équipements dont elle a l’intention de se doter. Sur ce point, les signaux sont contradictoires.
Selon un sondage publié par le Redaktionsnetzwerk Deutschland au début de ce mois, 59 % des personnes interrogées ont dit ne pas être prêtes à défendre l’Allemagne par les armes [72 % chez les femmes], tandis que 27 % pensent que leur pays pourrait effectivement être attaqué dans les cinq prochaines années.
Cependant, selon les derniers chiffres du ministère allemand de la Défense, le recrutement de la Bundeswehr a significativement augmenté entre le 1er janvier et le 21 juillet, avec 28 % d’engagements en plus par rapport à la même période de l’année précédente. Au total, l’Allemagne compte désormais 183 100 soldats, soit 2 000 de plus en tenant compte des départs [fin de contrat].