Les constructeurs chinois se détournent des électriques pour maintenir leur présence sur le marché. Quelle est leur nouvelle stratégie ?
EN BREF
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L’Union européenne impose des droits de douane jusqu’à 35,3 % sur les véhicules électriques chinois, affectant des marques comme BYD et Geely.
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Les constructeurs chinois se tournent vers les hybrides rechargeables pour contourner les taxes élevées et augmenter leurs ventes en Europe.
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La production locale en Europe pourrait être la prochaine étape pour les marques chinoises, réduisant les taxes et stimulant l’emploi local.
L »Union européenne impose des droits de douane élevés sur les importations de véhicules électriques chinois, poussant les marques chinoises à trouver d’autres parades pour pénétrer le marché européen. Les ventes de leurs modèles explosent, cependant, cette évolution pourrait freiner les objectifs climatiques européens, car leurs véhicules émettent encore du CO2.
L’essor des hybrides rechargeables chinois
Depuis peu de temps, on observe un virage notable dans les stratégies des constructeurs automobiles chinois. Avec l’entrée en vigueur des droits de douane de l’Union européenne qui atteignent jusqu’à 35,3 % (en plus des 10 % habituels), les exportations de voitures purement électriques deviennent bien plus coûteuses. Pour BYD, par exemple, ce surcoût s’élève à 17 % supplémentaires, ce qui peut représenter plusieurs milliers d’euros par véhicule, rognant sur les marges ou augmentant les prix pour les consommateurs. Geely subit un taux de 18,8 %, tandis que d’autres acteurs chinois font face à des niveaux variables, mais toujours pénalisants.
Au lieu de se replier, ces marques chinoises optent pour une approche différente. Au lieu d’exporter des voitures 100% électriques, ces derniers optent pour des modèles hybrides rechargeables qui ont la particularité de ne pas subir la même taxation. C’est une solution qui semble payer, à en juger par les derniers chiffres. Chez BYD, les immatriculations d’hybrides rechargeables en Europe ont bondi à 20 000 unités rien qu’au premier semestre 2025, soit plus de trois fois le total de l’année 2024. Cette hausse spectaculaire illustre parfaitement comment un ajustement peut transformer une contrainte en opportunité. Et ce n’est pas fini car le groupe prévoit de lancer d’autres modèles adaptés au marché européen dans les mois à venir. L’Union visait à protéger son industrie automobile face à la concurrence chinoise, subventionnée et ultra-compétitive. Or, les décisions prises n’ont pas eu l’effet escompté.
Vers une production locale pour contourner les obstacles
Les Chinois ne s’arrêtent pas là et préparent déjà l’étape suivante : installer des usines en Europe pour éviter les droits de douane. BYD, en particulier, avance sur ce front. Le groupe a annoncé des projets en Hongrie et en Turquie qui émerge comme un hub idéal car les véhicules produits là-bas bénéficient d’un accès préférentiel au marché européen, avec des tarifs réduits à néant dans certains cas, grâce aux accords commerciaux. Cette localisation permet non seulement d’esquiver les taxes, mais aussi de répondre plus vite aux demandes locales, en adaptant les modèles aux normes et aux goûts européens. Les constructeurs chinois portent aussi leur intérêt pour des sites allemands appartenant à Volkswagen. En début d’année, nous apprenions via Reuters que des officiels et constructeurs chinois scrutent les usines que VW souhaite fermer ou reconvertir, comme celles de Dresde et Osnabrück. Ces installations sous-utilisées pourraient être rachetées ou louées pour produire des véhicules chinois sur sol européen. Cela représenterait un coup de maître car ces constructeurs étrangers pourraient fabriquer localement pour éviter les taxes, tout en bénéficiant de l’expertise et des infrastructures existantes.
Cette réactivité des Chinois met en évidence leur agilité face aux changements réglementaires. Tandis que les Européens peinent parfois à s’adapter, les acteurs de l’Empire du Milieu ajustent leurs plans en un clin d’œil, comme on l’a vu avec le passage aux hybrides. Par ailleurs, avec l’élection de Donald Trump et ses annonces sur les importations automobiles, les Européens pourraient se retrouver dans une position similaire, obligés de trouver des parades rapides pour exister sur le sol américain. Les implications pour le marché sont vastes. Une production locale chinoise pourrait stimuler l’emploi dans certaines régions, mais aussi intensifier la concurrence, forçant les marques traditionnelles à innover davantage. L’industrie automobile est un jeu d’échecs où chaque mouvement compte, et pour l’instant, les Chinois semblent avoir un coup d’avance.