Deux cas autochtones récents de « West Nile » en Seine-Saint-Denis, pourquoi est-ce notable ?
Cette situation est assez inédite car c’est la première fois qu’on identifie des cas de fièvre West Nile en Île-de-France, dans un laps de temps assez court, de forme grave, et, pour la saison aussi, c’est assez précoce ». Des cas de « West Nile » ont déjà été identifiés en France hexagonale, mais les années précédentes, c’était principalement dans le sud-ouest. C’est assez préoccupant aussi parce qu’habituellement, le « West Nile » est une maladie en grande partie asymptomatique. Donc en gros, ce qu’on détecte, c’est un peu le haut de l’iceberg. On essaie de comprendre pourquoi il y a eu ces cas en Île-de-France car la région se trouve un peu en dehors de la voie de circulation migratoire des oiseaux qui peuvent porter le virus.
Les maladies liées aux moustiques se transmettent plus et plus tôt ?
Mi-août, on comptabilisait plus de 150 cas de transmission locale du virus de la dengue et du Chikungunya. La situation est assez inédite cette année ; en 2024, on était à un peu plus de 80 cas sur toute la saison estivale. Le pic de transmissions locales se situe en général entre le mois d’août et le mois de septembre […] avec le retour des voyageurs. Cette année, on a déjà atteint quasiment le total de la saison précédente avant même d’avoir passé cette période de pic.
Également inédit, le premier cas de Chikungunya a été détecté dès le mois de mai. Les années précédentes, ce n’était en général pas avant juin. Globalement, en France, la situation est assez inquiétante parce que le nombre de cas et d’épisodes augmente chaque année. Les premières années, quand on a eu les premières détections, ce n’était pas forcément récurrent.
Là, depuis 2022, chaque année, on détecte des cas de transmission locale, soit du virus de la dengue ou du virus du Chikungunya. On a également eu un petit épisode de transmission du virus du Zika en France hexagonale. Les foyers sont donc de plus en plus nombreux et importants. Donc, ça inquiète un peu pour les années à venir.
Quelles sont les causes de cette augmentation de cas ?
Il y a, bien sûr, la présence du moustique tigre sur le territoire. Le moustique tigre est arrivé en 2004 dans le sud de la France et, en 20 ans, il a colonisé la quasi-totalité du territoire. Et il y a des épidémies un peu partout dans le monde : quand les gens voyagent et reviennent sur le territoire, ils retrouvent le moustique, un vecteur compétent, toutes les conditions sont réunies pour une transmission.
Il y a aussi, bien sûr, l’environnement. De plus en plus, on se retrouve avec un climat favorable à la prolifération du moustique tigre et à la transmission de ces arbovirus. Et il y a une épidémie de chikungunya à La Réunion, ce qui augmente la pression d’introduction du virus.
Individuellement, comment éviter les contaminations ?