Parmi les nouvelles têtes du Stade Montois version 2025-2026, il est sans conteste le plus titré. Après une décennie au Stade Toulousain (2007-2016) marquée par trois Brennus et un titre de champion d’Europe, puis trois ans à Castres et un Bouclier supplémentaire, l’expérimenté Grégory Marquet a posé ses valises dans les Landes. Nommé successeur de Laurent Arbo après cinq ans loin du rugby, le Grenoblois de 49 ans, spécialiste des neurosciences, a endossé le rôle de responsable de la performance du club jaune et noir, qui reçoit son voisin dacquois ce jeudi (19 heures), pour son deuxième et dernier match de préparation.

Vous possédez une longue expérience : neuf ans à Toulouse, puis trois à Castres. Après une dernière aventure à Rouen en 2019-2020, vous avez pourtant quitté le monde du rugby professionnel. Pourquoi ?

Cela faisait cinq que j’étais sorti de la boucle pour des raisons personnelles. J’ai travaillé dans un autre domaine, toujours dans le secteur du sport, mais davantage basé sur le travail de neurovision et tout ce qui touche aux commotions. J’avais besoin de mettre une corde de plus à mon arc. Mais je n’avais pas coupé complètement, j’étais dans un club amateur en Haute-Savoie, où j’ai passé des diplômes pour le perfectionnement d’entraînement de rugby. J’ai eu l’opportunité de travailler à Genève pour me rapprocher de ma famille. Et puis finalement, l’opportunité s’est présentée de revenir dans le trafic, comme on dit. J’avoue que ça me manquait quand même un petit peu ! Et puis mes enfants sont aussi dans le rugby (Lucas, 19 ans, évolue à Clermont, et Enzo, 16 ans, a rejoint le Stade Montois, NDLR)…

Comment s’est déroulée la prise de contact avec le club ?

Elle s’est faite par l’intermédiaire d’un ami, Pierre Sagot (son homologue de Lyon). Il m’a mis en contact avec Romain (Mareuil). On a fait des entretiens, ça s’est très bien passé et les choses se sont accélérées. J’ai présenté à Jean-Robert (Cazeaux) les choses telles que je les voyais, et ça a collé pour plein de raisons. Que ce soit sur le côté sportif comme sur l’humain, je m’y retrouve. Les gens ont envie d’avancer. La saison dernière a été difficile, mais on part sur une nouvelle dynamique.

Pouvez-vous détailler vos missions de responsable de la performance ?

Un responsable de la performance doit mettre en place une dynamique de performance, mais pas seulement sur l’équipe première. Il faut qu’il y ait une transversalité avec les jeunes. L’objectif, c’est de mettre dans un premier temps des choses en place qui soient dans un socle commun, avec des critères à cocher pour chaque catégorie. Mettre une dynamique de fonctionnement sur la charge de travail, essayer de respecter un environnement de travail propice à la performance, en fonction du calendrier, de la fatigue des joueurs… Et faire en sorte que l’information entre la cellule « prépa », la cellule médicale et les coachs soit cohérente, que tout le monde trouve sa place dans l’environnement.

Quels enseignements tirez-vous de cette présaison ?

Je suis très content de l’investissement des joueurs. Je leur ai tapé dessus (sourire), j’ai été vraiment très dur sur la partie physique. C’était fatigant et nerveusement intense, mais ils ont répondu présent. On a fait le premier match amical (défaite 34-36 contre Colomiers), c’était quand même plutôt correct et cohérent. Il y a du boulot et il y en aura toujours. Mais on est content d’avoir bien entamé le cycle. Maintenant, il faut confirmer.

Vous possédez un CV long comme le bras, avec 13 années dans le rugby pro. Mais vous avez débuté dans le football, où vous avez été formateur d’entraîneurs, coach dans la région toulousaine puis recruteur de jeunes à Sochaux…

Je voulais être professionnel de football, mais ça n’a pas marché (sourire). J’avais raté mon bac et j’ai perdu mon contrat aspirant à Nîmes. Je suis revenu dans la région toulousaine, à Balma. Entre-temps, j’ai pu jouer une année scolaire en rugby. Dans la famille, on est plutôt rugby. C’est rigolo car à l’époque, je regardais Guy Novès à la télé, je n’aurais jamais pensé travailler avec lui quelques années plus tard (rires). À 30 ans, j’ai repris mes études, j’ai passé mon Master optimisation de la performance. J’ai eu l’opportunité de revenir au foot ou d’aller dans le rugby. Et celle de rejoindre les jeunes au Stade (Toulousain) s’est présentée par le biais de mon médecin. Je suis parti dans le rugby et je n’en suis jamais ressorti. J’ai fait aussi des sports de combat pendant très longtemps : du combat libre, judo, ju-jitsu…

Successeur de Laurent Arbo, parti pour un nouveau projet aux États-Unis, Grégory Marquet s’est engagé pour deux saisons.

Successeur de Laurent Arbo, parti pour un nouveau projet aux États-Unis, Grégory Marquet s’est engagé pour deux saisons.

Matthieu Sartre

« Je suis toujours en recherche d’amélioration, même à 49 ans. Quand je sens que je vais m’ennuyer, je préfère ne pas rester ! »

Pourquoi avoir choisi de quitter le Top 14 après vos trois saisons castraises ?

À Castres, ça se passait très bien aussi. Quand les coachs ont été remplacés, j’avais besoin de voir autre chose, car je suis toujours en recherche d’amélioration, même si j’ai 49 ans (sourire). Quand je sens que je vais m’ennuyer, je préfère ne pas rester ! Ensuite, à Rouen, le club repartait d’une feuille blanche, ça s’est plutôt bien passé. Mais familialement, c’était compliqué d’y vivre, donc j’ai démissionné. Puis la Suisse s’est présentée, avec un poste dans un cabinet d’orthoptie. Mais je me retrouvais à me morfondre dans des trucs où je n’avais plus envie, avec un ancien patron qui n’était pas très engagé dans son projet. Je n’avais pas envisagé de partir, mais il y a eu cette opportunité ici. J’ai signé pour deux saisons. Mais moi, si je suis bien quelque part, je reste (sourire) !

Pour conclure sur votre intérêt pour les neurosciences, que vous apportent-elles dans votre méthode de travail ?

C’est une approche autre. Mais sans s’en rendre compte, tout le monde fait du cognitif. C’est simplement la valeur que tu veux lui donner dans ton environnement. Le joueur, avec un ballon en main, va devoir faire des choix, scanner ce qu’il se passe autour de lui… Le cerveau fonctionne avec toutes les aires cérébrales de différentes manières. Plus tu les travailles sous pression, plus tu as des chances de répondre positivement quand tu es dans le rouge. Concrètement, cela touche l’ensemble des décisions que tu as à prendre sur un terrain. Le travail cognitif a été trop longtemps oublié, mais il est désormais à la mode. Tout le monde en parle. Moi, j’ai toujours travaillé comme ça. J’étais dans cette idée de dire : « Mais la boîte noire, elle est là, en fait… »