Le 14 février 1989, l’ayatollah Khomeyni lance une fatwa contre l’écrivain britannique Salman Rushdie après la publication, cinq mois plus tôt, des Versets sataniques. Le Guide de la révolution iranienne juge le roman blasphématoire. Son auteur doit être tué. C’est un coup de tonnerre dans le monde, pas vraiment une surprise pour Isabelle Adjani. Depuis plusieurs semaines, l’actrice échange avec le philosophe André Glucksmann (1937-2015) sur le sujet. Et sur d’autres depuis trois ans.
Glucksmann et Adjani envisagent même d’écrire un livre à quatre mains, sous la forme d’un dialogue, dans lequel ils reviendront, entre autres, sur la « rumeur » qui a tant empesté la vie de la comédienne trois ans auparavant (on a dit qu’elle avait le sida). Le projet ne voit pas le jour, sans que cela tarisse leurs échanges. Depuis l’automne 1988, ils suivent le sort réservé à Rushdie après la publication de son roman : le fait que l’écrivain soit contraint d’être accompagné d’un garde du corps puis de se cacher, les autodafés d’exemplaires des Versets sataniques dans les villes britanniques de Bolton puis de Bradford, les manifestations contre le livre à Islamabad, la capitale du Pakistan, ou à Londres…
Par coïncidence, en décembre 1988, sort Camille Claudel, de Bruno Nuytten, le premier film depuis L’Eté meurtrier (1983) dont Isabelle Adjani est la vedette, soit une éclipse de plus de cinq ans. Cinq ans ! De quoi la remettre sous les projecteurs, quand Salman Rushdie se trouve réduit à la clandestinité.
Une première prise de position politique
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