Les coupes tardives et tontes raisonnées mises en place par les élus écologistes dans les espaces verts lyonnais font partie d’un plan de végétalisation plus large pour rafraîchir la ville et y ramener de la biodiversité.

Sur Instagram, il se filme en train de reprendre bordures et massifs herbeux jugés mal entretenus par la collectivité. Sous la torpeur de la canicule lyonnaise, il n’en fallait pas plus pour que Robin Gervais fasse irruption dans le débat public avec son rotofil. Ce jeune paysagiste lyonnais dit avoir voulu agir pour sa ville, aider à sa manière les agents des espaces verts mais aussi faire un peu de publicité pour son entreprise, lancée en début d’année.

Les riverains filmés dans les vidéos semblent saluer l’initiative. À quelques mois des élections, les tontes impeccables du jeune homme ont aussi été applaudies par l’opposition aux élus écologistes, à la tête de la métropole et de la ville. Du toujours pas déclaré candidat Jean-Michel Aulas aux représentants LR ou Renaissance, ils pointent du doigt l’aspect négligé de certains espaces plantés, laissés volontairement plus longs.


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Des plantes pour rafraîchir la ville

En même temps qu’une forte accélération des plantations, les écologistes ont opéré un changement de paradigme sur les coupes végétales à leur arrivée aux manettes en 2020. Plus tardives, elles sont aussi raisonnées et différenciées en fonction des secteurs, rappelle Pierre Athanaze (EELV), vice-président en charge de la nature en ville à la métropole, véritable monsieur Arbres du Grand Lyon. «Les espaces verts lyonnais ne sont pas abandonnés, martèle-t-il au Figaro. Il y a des zones établies dont certaines avec un entretien intensif, devant les églises, les châteaux ou les mairies par exemple ; et d’autres moins».

Un choix délibéré donc, pour rafraîchir les villes face à la multiplication des épisodes caniculaires et favoriser la biodiversité. «Ce n’est pas un choix dogmatique, puisque nous avons pu objectiver cet effet sur le boulevard Garibaldi avec une baisse des températures de 7°C en période de canicule, ainsi que l’accroissement du nombre d’espèces végétales et d’insectes pollinisateurs, poursuit Pierre Athanaze. Si on attaque au rotofil, on n’a pas ces degrés en moins ni cette biodiversité qui revient». Il rappelle que 80.000 arbres ont été plantés cette année dans la métropole avec un taux de mortalité plus faible que la moyenne nationale, de l’ordre de «3 à 4%».

Les «friches», pas chic ?

«Ça me parle beaucoup ces prairies et tontes raisonnées, mais il y a aussi cette théorie de la vitre brisée, à savoir qu’un endroit dégradé favorise plus de dégradations», répond Robin Gervais auprès du Figaro. Il dit se positionner en «soutien» des équipes de la métropole et de la ville, dont il ne fait pas partie. Le paysagiste de 33 ans assure viser les «lieux de passage», comme ce point de la place des Tapis, à la Croix-Rousse, où il a tourné de sa première vidéo.

«J’aime bien y boire un verre avec des amis mais là j’étais vraiment interloqué par ce passage alors que le reste de la place était bien entretenu, je voyais aussi des bouts de verre et des enfants qui jouaient autour, raconte-t-il. Je me suis dit que j’allais le faire, ça m’a pris une heure». Il a ressorti son rotofil depuis sur l’aire de covoiturage du quai Gailleton, «point d’entrée de Lyon» laissé «en friche» selon lui, en reprenant les bordures et massif. Et taillé les plantes grimpantes le long des murs du 9e arrondissement.

«On ne fait plus cela depuis 20 ans»

«Faucher comme cela des herbes de 20 à 25 centimètres alors qu’il va pleuvoir la semaine suivante empêche la capacité à refleurir et à accueillir de la biodiversité, objecte Pierre Athanaze. On ne fait plus cela depuis 20 ans». Si les deux parties reconnaissent ne pas détenir de vérité absolue, le monsieur Arbres du Grand Lyon regrette surtout la mise en scène et la méthode. «Ce n’est pas comme cela qu’on fonctionne. Si quelqu’un veut voir tous les bancs de la métropole peints en bleu parce que cela lui plaît, il va prendre son pinceau une nuit ? Et le lendemain un autre les voudra jaunes.»


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Un élu écologiste d’arrondissement a même qualifié ces interventions d’actes de «vandalisme». «Il a arraché des arbustes en bonne santé, effectué une taille rase en pleine canicule qui a détruit les vivaces et laisse la terre se dessécher et la place aux mauvaises herbes, cingle ainsi Quentin Carpentier (EELV) sur le réseau social X. Son intervention va générer une dépense publique supplémentaire pour remettre en état les plantations».