Des violences ont-elles été commises par des policiers dans un campement de fortune de la capitale ? C’est ce que va déterminer une enquête ouverte par le parquet de Paris, sur des soupçons de violences policières contre deux Afghans interpellés le 4 août dernier, a indiqué ce mercredi 20 août l’avocat des plaignants.

L’enquête visant des officiers de police, confiée à l’IGPN (Inspection générale de la police nationale), a été ouverte pour « violences avec arme, destruction et dégradation de biens, et injures publiques en raison de l’origine », a détaillé Mediapart.

Sollicités par l’AFP, ni le parquet de Paris ni l’IGPN n’ont donné suite.

Des « stylos enfoncés dans les oreilles » ?

L’un des Afghans interpellés, âgé de 31 ans, est « réfugié politique » et l’autre, 20 ans, est « en procédure d’asile accélérée », a assuré auprès de l’AFP leur conseil, Me Florian Bertaux. L’avocat dit que ses clients ont été auditionnés par l’IGPN mi-août. Il explique que les deux Afghans ont été interpellés dans un camp de fortune du quartier La Chapelle (XVIIIe), puis conduit dans un commissariat de cet arrondissement parisien.

Selon l’avocat, au commissariat, des « coups de pied, poings » ont été assénés par des policiers, ainsi que « des coups portés avec des poubelles » posées « sur la tête » des Afghans. Des « stylos » ont aussi été « enfoncés dans les oreilles » des deux interpellés, a-t-il affirmé.

Les policiers, selon l’avocat des plaignants, ont « demandé à l’un, avec une serpillière, d’éponger le sang », puis ont « frotté la serpillière sur l’un d’eux » et voulu « mettre la serpillière dans la bouche de l’autre, plein de sang ». Me Bertaux a aussi fait état de « coups de ceinture dans la salle de fouilles ». « C’est déjà une liste beaucoup trop longue », a-t-il commenté.

« Pourquoi ce sont mes deux clients qui sont interpellés, un qui est porte-parole du camp, et un autre qui filme souvent les interventions des policiers mais est bras croisés ce jour-là ? » s’interroge Me Bertaux, renvoyant à une vidéo de l’interpellation mise en ligne sur le site de Mediapart.

Trois personnes interpellées

La préfecture de police a précisé à l’AFP que les forces de l’ordre étaient intervenues le 4 août pour sécuriser les lieux à la demande des services propreté de la ville de Paris.

« Trois individus se sont opposés à cette action en s’en prenant violemment aux forces de l’ordre » et ont donc « été interpellés pour outrage et rébellion avant d’être conduits dans un commissariat », a-t-elle indiqué.

Les deux clients de Me Bertaux ont été relâchés. Le plus âgé est convoqué au tribunal correctionnel de Paris le 3 février pour outrage et rébellion ayant entraîné une interruption temporaire de travail (ITT) de huit jours sur une policière, ce qu’il conteste, selon son avocat.