l’essentiel
Pour le maire de Thérondels et d’anciens élus du Carladez, ce troisième été de ballet de camions-citernes aurait pu être évité…

Je suis agacé », lâche d’emblée Jean-Michel Guimontheil, maire de Thérondels. L’édile de la commune la plus septentrionale de l’Aveyron aurait bien aimé parler en cette période des ressources touristiques du Carladez : presqu’île de Laussac avec un projet de rampe de mise à l’eau, château de Valon, sentiers de l’imaginaire… Hélas, c’est une autre ressource qui fait encore parler d’elle : l’eau. Son absence nécessite pour la troisième fois en quatre ans, la venue de camions-citernes en provenance de Laguiole pour alimenter les six communes du Carladez ainsi que Saint-Hippolyte. À 8 800 € par jour d’argent public englouti dans ce trafic, cela commence à faire tache. « C’est agaçant. » Pourtant, « l’usine, c’est une Formule 1 », admet le maire de Thérondels.

Reste que la machine a besoin de carburant, en l’occurrence l’or blanc. Et là, le bât blesse.  » L’ancien captage de Mur-de-Barrez, la source de la Vaysse coule alors qu’elle n’est pas utilisée « , révèle Jean-Michel Guimontheils, vidéo à l’appui. Un captage qui permettrait de diminuer voire d’anticiper ce manque d’eau aujourd’hui ressenti comme une fatalité. Anticiper, le mot est lâché. Des documents du délégataire (Véolia) évoquant la problématique de la ressource en eau sur le territoire sont présentés par le maire, remontant à 2009.

Du côté de la communauté de communes, en charge de cette compétence, Jean Valadier, président, rappelle le contexte et les conditions climatiques. « Il faut être humble et solidaire, la sécheresse touche partout, c’est la conséquence du réchauffement climatique, il n’y a plus de neige sur le Plomb du Cantal. » Pour autant, les camions-citernes ne viennent pas abreuver d’autres contrées du département, ni d’autres départements situés plus au sud. Question d’anticipation ? « Cela n’a pas été fait », admet-il du bout des lèvres. Une seconde dérogation a été accordée par la préfecture, faisant descendre le débit réservé à 25 l/s mais elle n’empêche pas les trois rotations par jour de camions-citernes.

Retenue collinaire et captages

D’anciens élus, sur la commune de Mur-de-Barrez, estiment avoir la solution et même en amont du projet de rénovation de l’usine de Thérondels qui a coûté plus de 4,5 M€ hors taxe et présentée en grande pompe aux institutions lors d’une journée portes ouvertes l’an dernier.  » La solution proposée aujourd’hui est de pomper Sarrans, cela va prendre plusieurs années alors qu’il suffit de faire un lac collinaire comme cela a été fait sur l’Aubrac « , avance Gérard Prunet, ancien élu municipal sur la commune de Mur-de-Barrez. Et d’ajouter :  » Mais on ne nous écoute pas. On préfère passer par des bureaux d’études.  » Autre ancien élu municipal de la commune de Mur-de-Barrez, Jean-François Pagès, avait présenté un projet.  » Il consistait à aménager la station du Bousquet pour l’alimenter de moitié par le Siniq en amont de la cascade du Capat, l’autre moitié par la Bromme, et on pouvait récupérer aussi l’eau de la Vaysse. C’était bien moins coûteux et on aurait de l’eau. Les décisionnaires ont préféré faire l’usine de Thérondels.  » Ce qui fait dire au maire de Thérondels : « J’espère qu’on sera concerté la prochaine fois ».

En attendant, aujourd’hui accorde un répit. Pas de camions-citernes à l’horizon ce jeudi grâce aux pluies tombées la nuit précédente. L’accalmie avant l’orage ?