l’essentiel
Le public peut découvrir les trois toiles sur la thématique de Bacchus qui composaient le décor du Café Sion, jusqu’au 28 septembre au Couvent des Jacobins. L’établissement, qui était situé boulevard de Strasbourg, a été détruit en 1946.
C’est une exposition inédite que présente jusqu’au 28 septembre le Couvent des Jacobins à Toulouse. « Le Café Sion : un lieu oublié » présente trois toiles, jadis installées sur les trois arches de cet établissement de la Belle Epoque. Il se situait au n°3 du boulevard de Strasbourg, là où se trouve aujourd’hui le Passage Grands Boulevards.
Détruit en 1946, le Café Sion était un lieu incontournable de Toulouse. « En 1876, sur la place Lafayette, s’est installé un tailleur nommé Sion, détaille Paul Catalo, chargé de collections et des expositions au Couvent des Jacobins. En reprenant l’affaire, son gendre a décidé de transformer ce commerce en café. Très vite, l’établissement est devenu un lieu phare, tout comme les Américains ou le restaurant Lafayette. C’était l’époque des grandes terrasses ».
L’exposition fait revivre la Belle Epoque du Café Sion.
DDM – Frédéric Scheiber
Le café des secondes épouses
Construit par l’architecte Paul Pujol, le Café Sion avait fière allure : « Au cœur de sa décoration, trois toiles sur arches représentaient des scènes galantes mythologiques, classiques à l’époque et prisées par le public de ces lieux. Il s’agissait d’une bourgeoisie essentiellement masculine, et peu vertueuse, attirée par la nudité féminine. Rappelons que le Café Sion était appelé le café des secondes épouses », remarque Paul Catalo.
L’établissement était divisé en trois salles avec un orchestre, des colonnades, des dorures, verrières, ferronnerie, lustres monumentaux, etc. Il y a même une salle de projection ! C’est dire si le lieu séduit. « Ces trois toiles peintes marouflées sur plâtre ont été réalisées par le peintre toulousain Paul Gervais. Elles représentent un triptyque : « Cortège Bacchique », « Paysage avec nymphes et satyres » et « L’Initiation », précise Paul Catalo. Une thématique chère à Bacchus, dieu de l’ivresse et de la fête qui a alors toute sa raison d’être dans l’un des plus beaux cafés de la Belle Époque à Toulouse.
Un patrimoine oublié
À la Libération, l’établissement soupçonné de collaboration a été démoli. Ses toiles ont alors été données au musée des Augustins où elles ont dormi dans les réserves plusieurs décennies. « Enroulées sur un même rouleau, elles ne connaissent pas des conditions de préservation optimum, estime le responsable des collections. En 2007, le Musée des Augustins les a sorties en attente d’un projet d’exposition. »
Le Couvent des Jacobins s’est intéressé à ce patrimoine oublié dans le cadre de l’exposition « Toulouse et la Belle Époque », prévue en novembre 2026 : » En dégageant la poussière et le vernis terni, les couleurs ont réapparu, constate Paul Catalo. Nous n’avions de ces toiles que des cartes postales en noir et blanc ! «
Rongées par l’humidité, ces œuvres livrent aussi leur secret : une toile cachée dans deux autres. Paul Gervais aurait récupéré son œuvre présentée au Salon des Beaux-Arts à Paris en 1901 pour faire deux nouvelles toiles via des rajouts. « Malheureusement il a été impossible de les rénover. Nous avons décidé de les reconditionner pour changer leurs conditions de préservation afin de leur donner une durée de vie la plus longue possible. » Le mouvement Art Nouveau a été timide dans la Ville rose. Les toiles du Café Sion restent donc un beau témoignage.
« Le Café Sion : un lieu oublié », jusqu’au 30 août au Couvent des Jacobins, 10 place des Jacobins à Toulouse. Tél. 05 61 22 23 82. Visite comprise dans le prix d’entrée. Tarif plein : 5 euros.