Festival des arts de la rue à la renommée nationale et internationale, Viva Cité et ses 100 000 spectateurs est un incontournable du calendrier culturel normand. Pas épargné par le Covid et les coups de rabot successifs dans les finances des collectivités, l’événement entièrement gratuit pour le public est porté par la municipalité de Sotteville-lès-Rouen (Seine-Maritime).

Celle-ci doit boucler un budget avoisinant les 950 000 euros avec l’aide de nombreux partenaires institutionnels, eux aussi de plus en plus regardant à la dépense. Ce qui l’a conduit à réduire la voilure lors de ses récentes éditions en passant à une programmation sur deux jours ou lieu de trois à l’origine. « Il était hors de question d’arrêter Viva Cité pour des questions financières », assure néanmoins Edwige Pannier, l’élue chargée de la culture et de l’animation de la ville.

« Et en même temps, ajoute-t-elle, on ne pouvait pas demander des efforts à tous nos services et ne pas faire d’économie sur le festival. Mais nous avons toujours dit que nous reviendrions aux trois jours dès que nous le pourrions. » Ce qui sera le cas pour cette 36e édition, qui se déroulera du 27 au 29 juin prochains, grâce à de nouveaux partenaires.

Car depuis plusieurs années, une idée trottait dans la tête de l’équipe municipale : celle de faire appel à du mécénat. « Il a fallu se mettre en ordre de bataille et, quelque part, franchir le pas car ce n’est pas forcément dans l’ADN d’une mairie de faire appel au secteur privé pour participer au financement d’un tel événement », reconnaît Edwige Pannier… finalement surprise de l’accueil reçu par les acteurs de l’économie locale.

« Les affaires marchent, autant redonner un peu »

C’est le cas de Denis Fabulet, le directeur du développement de Victoria-Group qui possède depuis 2008 deux sites industriels de traitement des déchets – Athalys et Viam – sur le territoire de la commune. « Ça tombe sous le sens », sourit le dirigeant dont les deux sociétés emploient plusieurs centaines de salariés. Avoir l’opportunité de contribuer à la réussite de ce festival populaire, qui amène la culture dans tous les quartiers de la ville, c’était presque une évidence. »

Heureux des relations qu’il entretient depuis des années avec les services municipaux, il voit ce geste – de plusieurs milliers d’euros – comme une manière de s’ancrer encore davantage dans le paysage local. « En interne, on va communiquer un maximum pour inciter nos employés à venir découvrir les spectacles de Viva Cité et créer du lien autour de ce rendez-vous. »

Maxime Vandenbogarde, le patron de Rapidiag, n’aura pas cette opportunité puisqu’il travaille pour l’heure encore seul dans son entreprise spécialisée dans le diagnostic immobilier. Mais pour lui, aider ce festival qu’il fréquente depuis tout jeune était naturel. « La majorité de mes clients sont Sottevillais. Grâce à leur confiance, les affaires marchent bien. Alors autant leur redonner un peu de ce que je gagne plutôt que de le mettre dans les impôts. » Car comme dans tout mécénat d’entreprise, sa société, qui va verser 8 000 euros sur deux ans, pourra en enlever une partie au moment de régler ce qu’elle doit au Trésor public.

« Mais sur la dizaine d’entreprises et de commerçants qui nous ont déjà donné leur accord, ce n’est pas la motivation première, assure Edwige Pannier. On sent qu’ils sont heureux d’investir dans un projet qui fait du bien aux gens, qui touche toutes les générations, tous les milieux sociaux et qui fait rayonner Sotteville. » Un enthousiasme qui a permis d’atteindre la barre des 50 000 euros fixée à l’origine. « On l’a même largement dépassée et beaucoup souhaitent s’inscrire dans la durée », prévient l’élue. Le troisième jour de Viva Cité semble définitivement sauvé.