L’inflation a encore grimpé au Royaume-Uni, à 3,8% en juillet sur un an. Dans le même temps, elle se maintient à 2% dans la zone euro.

Le Royaume-Uni fait figure d’exception en Europe. L’inflation y est bien plus élevée que dans le reste du continent et continue de progresser à 3,8% sur un an en juillet, contre 3,6% en juin, a annoncé ce mercredi 20 août l’Office national des statistiques (ONS) britannique.

Ce niveau d’inflation, le plus élevé depuis janvier 2024, est supérieur aux attentes des analystes, qui tablaient sur une hausse de 3,7%, selon le consensus établi par Bloomberg.

L’inflation est bien plus élevée qu’en France (1% sur un an en juillet), qu’en Allemagne (1,8%), qu’en Espagne (2,7%) ou qu’en Italie (1,7%). En général, dans la zone euro l’augmentation des prix s’est limitée à 2% sur an en juillet.

Un « effet Oasis »?

Mais alors comment expliquer une telle inflation? Tout d’abord, le mois de juillet est un peu biaisé. « La lecture de l’inflation de juillet est perturbée par des effets saisonniers liés aux vacances d’été », relève Lindsay James, de Quilter Investors.

Ce taux d’inflation élevé est en effet soutenu par des tarifs des billets d’avions qui ont explosé (les plus élevés depuis 2001).

« Cette augmentation est probablement due au calendrier des vacances scolaires de cette année », qui a coïncidé avec la date des mesures de prix, contrairement à l’an dernier, indique Grant Fitzner, économiste à ONS.

Comme autre explication possible, Lindsay James cite « la tournée de concerts d’Oasis, très attendue », qui « a fait grimper les prix des hôtels ». Avant la publication des chiffres de l’inflation, plusieurs économistes pointaient en effet un possible « effet Oasis ».

Les fans sont effectivement venus en nombre pour voir les frères Gallagher en live lors de leur tournée au Royaume-Uni. Les tarifs des hôtels ont pu grimper de 50 à 65% et jusqu’à 90% dans certains cas dans les villes concernées et autour des dates de concerts du célèbre groupe de britpop.

Dans ses mesures, l’ONS relève une forte hausse des prix des services d’hébergement en juillet, en particulier des nuitées d’hôtel réservées la veille, mais n’évoque pas de lien avec les concerts du groupe de rock. Le lien de cause à effet est difficile à établir avec certitude. Mais une chose est sûre, si « effet Oasis » il y a eu, il a forcément été temporaire.

Selon Matthew Ryan, analyste chez Ebury, « l’inflation devrait culminer à plus de 4% le mois prochain avant de se modérer vers la fin de l’année ». Elle pourrait décélérer dès septembre.

Des prix de l’énergie et alimentaires élevés

Pour expliquer ce taux élevé d’inflation, et outre les prix des billets d’avions, l’ONS met aussi en avant les prix du pétrole, du gazole et des denrées alimentaires, notamment le café, le jus d’orange, la viande et le chocolat.

Par ailleurs, selon Lindsay James, la forte hausse des cotisations patronales décidée par le gouvernement travailliste et entrée en vigueur en avril, joue également un rôle important dans la montée des prix.

Une note de la Direction générale du Trésor souscrit à ces facteurs explicatifs. « Cette hausse (de l’inflation) avait été largement anticipée par les marchés, mais aussi par la banque centrale (BoE) et le FMI », écrit l’agence fançaise.

« La hausse récente de l’inflation ne devrait être que temporaire », ajoute-t-elle.

Cette note cite notamment « l’effet de la hausse des prix administrés de l’énergie (les prix de l’électricité et du gaz ont été relevés de +6 % en moyenne le 1er avril) et de l’eau (de l’ordre de +25 %), et des répercussions sur les services de la hausse des cotisations patronales en avril (de 13,8 % à 15,0%) ».

Le gouvernement travailliste sous pression

Dans ce contexte, le gouvernement britannique tente de rassurer. « Nous sommes loin de l’inflation à deux chiffres que nous avons connue sous le gouvernement précédent, mais il reste encore beaucoup à faire pour alléger le coût de la vie », a reconnu la ministre travailliste des Finances Rachel Reeves dans un communiqué.

La publication du chiffre de l’inflation fait suite à celui de la croissance du PIB au deuxième trimestre la semaine passée, qui est restée faible, à 0,3%, alimentant les craintes de « stagflation », une inflation durable combinée à une croissance fragile.

Un tel taux d’inflation accroît un peu plus la pression sur le gouvernement travailliste, qui peine à relancer l’activité économique, après avoir annoncé d’importantes hausses d’impôts et des coupes drastiques dans les finances publiques l’an passé. Sans parler de la politique commerciale Donald Trump.

« L’introduction de nouveaux droits de douane à l’échelle mondiale n’améliorera probablement pas la situation », ajoute Lindsay James.

Tout ceci accentue « la pression sur la BoE pour qu’elle maintienne ses taux inchangés », estime Matthew Ryan, disant ne plus prévoir « aucune baisse pour le reste de l’année ». La BoE vient tout juste d’abaisser son taux directeur à 4%, à l’issue d’un vote serré, pour soutenir une économie à la peine. Elle avait appelé à la prudence pour la suite.