Des voix s’élèvent en France pour garder sur le territoire la tapisserie de Bayeux. Une pétition a ainsi été mise en ligne le 13 juillet contre le prêt de celle-ci au British Museum de Londres pour des raisons de conservation de l’œuvre. Elle comptait près de 45.000 signatures mercredi.
« Nous demandons solennellement au président de la République de renoncer à ce projet. Ce prêt serait un véritable crime patrimonial » peut-on lire à la fin de cette pétition créée sur le site change.org par Didier Rykner, directeur de la rédaction du site La Tribune de l’Art.
Une tapisserie « beaucoup trop fragile »
Didier Rykner estime que la tapisserie est « beaucoup trop fragile pour être transportée sans grand risque ». « Les spécialistes de la tapisserie, les restaurateurs qui travaillent dessus et les conservateurs disent qu’il y a un risque de déchirures, de chutes de matière, dues aux manipulations et vibrations lors de son transport ». « C’est inadmissible de prendre le risque que cette œuvre absolument unique soit détériorée » s’emporte-t-il.
La tapisserie est un « récit brodé » datant du XIe siècle de 70 mètres de long qui raconte la conquête de l’Angleterre en l’an 1066 par Guillaume, duc de Normandie, qui deviendra par la suite « Guillaume le conquérant ».
Emmanuel Macron a annoncé le 8 juillet le prêt de l’œuvre au British Museum de Londres de septembre 2026 à juin 2027 en échange de pièces médiévales issues du trésor archéologique de Sutton Hoo.
Pour le ministère de la Culture, l’œuvre est transportable
Dans une vidéo mise en ligne sur YouTube par la préfecture du Calvados en février 2025, Cécile Binet, conseillère musées de la DRAC de Normandie, affirmait elle aussi que la tapisserie est « trop fragile pour être déplacée sur une grande distance » et que « toute manipulation supplémentaire » était « un risque pour sa conservation ». Quelques semaines après ces déclarations, la décision a été prise de « l’envoyer à Londres. Ça n’a aucun sens, c’est uniquement politique et diplomatique » juge Didier Rykner.
Une étude de faisabilité du transport de la tapisserie de Bayeux vers Londres a été réalisée par des restauratrices en mars 2022. « Cette étude, on refuse de me la communiquer, elle reste confidentielle » s’agace Didier Rykner, « le ministère de la Culture dit qu’il y a eu des études qui ont montré que l’œuvre était transportable, montrez-les nous, je voudrais bien les voir ! ». La polémique n’est donc pas en voie de s’éteindre.