Une vingtaine d’euros par mois, parfois plus, rarement moins, pour protéger son logement des dommages et se prémunir en cas d’accident. Après avoir enchaîné les sinistres dans son appartement, situé dans une des tours de la copropriété dégradée du parc Kalliste (15e), sans aucun retour ou presque de son assurance, Anissa (le prénom a été changé) a bien failli renoncer à continuer de payer son contrat « qui ne lui servait à rien ».


En France, détenir une assurance habitation qui couvre a minima les risques incendies, d’explosions ou de dégâts des eaux, est obligatoire pour louer un logement, mais près de 12% des locataires ne seraient pas assurés en métropole. « Quand les assurances voient où on habite, elles savent qu’il va y avoir des problèmes donc ils nous lâchent complètement. J’avais beau appeler, je n’avais jamais de réponse », reproche la locataire. Après deux années d’errances, elle a changé d’assureur et de contrat, toujours pour 17 euros par mois. Alors que l’état de sa cuisine se dégrade à toute vitesse à cause de fuites récurrentes, elle craint de revivre les mêmes difficultés. « On se demande pourquoi on paie, et si on ne ferait pas mieux de ne rien payer du tout », s’interroge-t-elle.

20% des ménages Marseillais sans assurance habitation

Sur les plus de 360 000 ménages que compte Marseille, environ 20% d’entre eux ne seraient pas ou mal couverts, estime ainsi Patrick Amico, adjoint (PM) au logement. « Ces dernières années, les assurances habitation ont augmenté de plus de 10%. Et à Marseille, où la moitié de la population locale est locataire et où le taux de pauvreté est de 25%, payer pour se protéger et protéger le bien qu’on habite n’est souvent pas une priorité », précise-t-il.

La semaine dernière, la Ville de Marseille a lancé un appel à manifestation d’intérêt pour lancer d’ici septembre un partenariat – de trois ans – avec un organisme d’assurance pour proposer des contrats accessibles aux foyers modestes, sous conditions de revenus. Ce n’est pas la première fois qu’une commune proposerait ce type de convention puisque c’est d’abord la Ville de Paris qui a lancé cette expérimentation il y a deux ans, suivi de Montreuil, Tourcoing et Lille. « Les retours d’expériences sont très positifs, l’effet de masse permet aux assurances de faire des tarifs vraiment avantageux et les assurés se sentent bien accompagnés », rapporte l’adjoint.

Une assurance pour ceux qui gagnent moins de 23 000 euros par an

Le service, dont la Ville n’est qu’un intermédiaire, sera accessible aux locataires du parc privé et social, avec des montants différents selon les situations. Une personne seule pourra par exemple en bénéficier si elle gagne moins de 23 000 euros par an, deux personnes à partir de 30 984 euros annuels et jusqu’à six personnes pour un contrat. « Il ne s’agit pas de proposer des offres au rabais, avec un service minimal. Mais un vrai contrat de qualité, qui prend en compte la responsabilité civile, pour que tous les foyers soient à égalité. Nous en parlerons dans les mairies de secteurs, nous ferons de l’affichage dans la rue, il faut que ça touche le plus de personnes possible », prévoit Patrick Amico.