Le Synchrotron de Grenoble par­ti­cipe tou­jours acti­ve­ment aux recherches (et aux décou­vertes) sur les dino­saures. Après avoir contri­bué à celles sur le mode res­pi­ra­toire et les com­por­te­ments sociaux de ces loin­tains occu­pants de la terre, l’ESRF a récem­ment scanné le crâne d’une nou­velle espèce de rep­tiles, le Mirasaura grau­vo­geli, vieux de 247 mil­lions d’an­nées. Lequel a eu droit à la publi­ca­tion d’un article scien­ti­fique dans la revue Nature, en date du 23 juillet 2025.

L’équipe scien­ti­fique, diri­gée par le Musée natio­nal d’his­toire natu­relle de Stuttgart, décrit un ani­mal qui « pré­sente des carac­té­ris­tiques de rep­tiles, mais se dis­tingue par une crête dor­sale inédite for­mée d’appendices d’une grande com­plexité struc­tu­relle, rap­pe­lant cer­taines carac­té­ris­tiques des plumes ». De quoi démon­trer que ces « struc­tures cuta­nées éla­bo­rées » n’ap­par­tiennent pas qu’aux oiseaux et leurs proches parents, et ainsi bou­le­ver­ser la com­pré­hen­sion de l’é­vo­lu­tion des reptiles.

Le Mirasaura grauvogeli, une espèce de “serpent à plumes”, ou plutôt un reptile nanti d'une crête faisant penser aux plumes de oiseaux, et dont le Synchrotron a permis de scanner le crâne, sur la base d'un échantillon de quelques centimètres de longueur et moins de 0,5 millimètre de largeur. © ESRF

Le Mirasaura grau­vo­geli, une espèce de “ser­pent à plumes”, ou plu­tôt un rep­tile nanti d’une crête fai­sant pen­ser aux plumes de oiseaux et dont le Synchrotron a per­mis de scan­ner le crâne, sur la base d’un échan­tillon de quelques cen­ti­mètres de lon­gueur et de moins de 0,5 mil­li­mètre de lar­geur. © ESRF

Le rôle du Synchrotron de Grenoble dans la décou­verte de ce spé­ci­men à plumes ? « Pour ana­ly­ser l’é­chan­tillon, mesu­rant quelques cen­ti­mètres de lon­gueur et moins de 0,5 mil­li­mètre de lar­geur, l’é­quipe est venue [à] l’ESRF, sur la ligne BM18, unique au monde pour la paléon­to­lo­gie. […] Ils ont pu recons­ti­tuer vir­tuel­le­ment le crâne en 3D : un crâne large et bombé en forme d’oi­seau avec un museau étroit et pra­ti­que­ment dépourvu de dents, et de grandes orbites orien­tées vers l’a­vant », décrit l’ESRF.

« Sans l’ESRF, il aurait été impos­sible de réa­li­ser la recons­truc­tion du crâne, car le fos­sile est si petit qu’il est incroya­ble­ment dif­fi­cile à scan­ner », a déclaré le paléon­to­logue Stephan Spiekman, pre­mier auteur de l’é­tude. De son côté, Kathleen Dollman, scien­ti­fique à l’ESRF et co-autrice de l’ar­ticle, vante « les per­for­mances uniques et non des­truc­tives du fais­ceau de lumière de l’ESRF, [qui] en font un outil idéal pour des expé­riences com­plexes sur des échan­tillons très petits et pré­cieux ».