Les distributions alimentaires assurées chaque mercredi par Linkee, à la Halle Tropisme, sont plébiscitées par les étudiants en été, une saison où les dispositifs d’aide se réduisent.

Alors que le soleil décline, la file d’attente s’allonge sur le parking de la Halle Tropisme. Parmi ces étudiants, beaucoup sont venus seuls, et une majorité sont des femmes. Ils étaient environ 300 à s’être inscrits sur internet pour cette distribution organisée chaque mercredi, de 18 h 30 à 20 h, par Linkee. C’est la seule distribution maintenue en été par l’association.

« C’est important car de nombreux dispositifs d’aide sont en pause en juillet-août, explique Martin Tenkodogo, chargé de la communauté bénévole à Montpellier. Durant la période académique, nous distribuons entre 500 et 800 paniers hebdomadaires ».

« Nous organisons des distributions alimentaires toute l’année à la Halle Tropisme, chaque mercredi. Et dès septembre, nous élargissons les distributions aux lundis. Elles se dérouleront en alternance dans les maisons d’étudiants de Richter et Triolet. »

« En moyenne, 26 bénévoles sont présents à chaque fois, mais il nous arrive souvent d’être une trentaine. Quant aux bénéficiaires, les profils vont des étudiants de première année jusqu’au niveau doctorat. »

Beaucoup de bénéficiaires deviennent bénévoles

« Notre association recueille les invendus auprès de partenaires locaux, commerçants et acteurs de la restauration, afin de lutter contre le gaspillage alimentaire. Les paniers incluent généralement des fruits (melons, bananes, poires…), des légumes (poireaux, choux, radis…), souvent bios, issus de circuits courts. Nous ajoutons également des produits secs et, selon la disponibilité, des produits d’hygiène. »

« Nous voulons que ce soient les étudiants qui aident d’autres étudiants. Ainsi, beaucoup d’entre eux, après avoir été bénéficiaires, choisissent de s’engager bénévolement. »

C’est le cas d’Adam, étudiant en Master 2, qui s’active derrière les cagettes. « Sans bénévoles, l’association ne pourrait pas fonctionner. Et on sait qu’on peut se retrouver dans toutes sortes de situations dans la vie. »

 

« Je ne pourrais pas tenir sans ça »

« Je viens parce que ce n’est pas facile financièrement, surtout en fin de mois, explique Flora*, 21 ans, originaire du Nord de la France. Pourtant, je vis en colocation, ce qui permet de limiter les frais. Mais je fais attention pour les courses parce que ça coûte très cher. C’est la troisième fois que je viens et le panier me permet de tenir une semaine à chaque fois. Je congèle des aliments, ce qui prolonge encore la durée. En plus, ce sont des produits invendus donc ça évite le gaspillage. Il y a même des produits bios. C’est vraiment bien. Ça a plus de sens que les acheter dans des supermarchés ».

« Je ne pourrais pas tenir le coup sans ces distributions, avoue Ève*, 20 ans, qui vient d’Auvergne. Je suis boursière mais je n’ai pas pu avoir de logement Crous. Du coup, le loyer me prend presque tout mon budget. Je travaille à côté pour joindre les deux bouts, et j’essaie de ne pas dépasser les 80 € par mois pour l’alimentation. Ce n’est pas facile, ça m’est arrivé de sauter des repas. »

*Les prénoms ont été changés.

Un site mieux desservi en décembre

Les bénévoles constatent une précarisation des étudiants, surtout depuis la crise sanitaire. L’inflation galopante n’aide pas non plus.

Selon une étude menée cette année par Linkee à Montpellier, 76 % des étudiants qui viennent aux distributions ont un reste à vivre inférieur à 100 euros par mois, une fois déduits loyer et charges. Et 51 % ont même moins de 50 euros

À la sortie de la distribution, le sac des bénéficiaires était lesté de sept à huit kilos de denrées alimentaires. Ils entamaient le long trajet vers leur logement, d’abord à pied puis en transport en commun pour les plus éloignés. « Mais l’ouverture de la ligne 5 de tramway, en décembre, améliorera grandement l’accessibilité du site qui est un peu excentré », conclut Martin.

Inscriptions : https://app-beneficiaire.linkee.co/