La loi de bioéthique de 2021 a élargi le droit à la procréation médicalement assistée (PMA). Et le manque chronique de gamètes a terriblement rallongé les délais. 15 à 18 mois pour un don de spermatozoïde, de 18 à 24 mois pour un don d’ovocyte. Une moyenne qui cache de grande disparités territoriales.

« Rouvrir le débat sur la rémunération des donneurs »

Responsables des centres PMA de Nancy et Nantes, le Dr Mikaël Agopiantz et le Pr Thomas Fréour estiment avoir des solutions. La société savante créée cette semaine à leur initiative – l’Association nationale du don d’engendrement ou ANDDE – entend porter ces propositions avant le lancement des débats sur la prochaine révision de la loi. « Nous voulons rouvrir le débat sur la rémunération des donneurs. C’est peut-être jouer sur les mots, mais les Espagnols ont mis en place une indemnisation forfaitaire, qui compense le temps passé, expose le Pr Fréour. En France, la marchandisation du corps est théoriquement interdite, mais les personnes participant à des essais cliniques sont bien indemnisés. »

Leurs deux autres propositions sont moins disruptives, bien que. Les dons ne peuvent actuellement être recueillis que dans des centres publics, souvent adossés au CHU. « Ouvrir aux centres privés permettrait un bien meilleur maillage. Aujourd’hui, un donneur de La Rochelle doit aller à Bordeaux, Poitiers ou Nantes. Il faut être motivé. Les centres privés réalisent la moitié des PMA. Ils sont compétents. Il suffirait de les encadrer, comme pour l’autoconservation des ovocytes.»

Troisième proposition, l’importation de gamètes, aujourd’hui exceptionnelle. «Il y aurait moyen de bénéficier de ce réseau externe sans remettre en cause les principes fondamentaux. A la loi d’en préciser les modalités », estime le Dr Fréour. Le recours à des gamètes venant d’autres pays pourrait également permettre de réduire la pénurie encore plus forte de gamètes de types ethniques non caucasiens, pour lesquels la pénurie est encore plus forte en France.

Des PMA à l’étranger

« Aujourd’hui, face aux délais, et l’horloge biologique qui tourne, un nombre conséquent de Françaises, qui en ont les moyens, vont faire une PMA en Espagne, en Belgique, au Danemark », constate le Dr Agopiantz. L’association estime qu’il y a une vraie rupture d’égalité.

Si aucune date n’est fixée, les débats préliminaires autour de la prochaine révision de la loi de bioéthique devraient en fin d’année ou début 2026.