La chorégraphe brésilienne Lia Rodrigues clôt une trilogie entamée avec les merveilleux Fúria et Encantado en créant Borda, volet présenté pour la première fois en France à la Biennale de la danse de Lyon.

Borda est un titre polysémique. Quels sont les sens sur lesquels vous avez travaillé ?

Lia Rodrigues : Borda contient en effet de nombreux sens et j’aime les différentes possibilités que cela offre. Borda, en portugais, vient du verbe “bordar”, qui signifie broder, rehausser, concevoir. Cette idée de tisser, d’artisanat me plaît car cela a beaucoup à voir avec ma façon de construire une pièce. Avec Borda il est aussi question de faire émerger quelque chose, de donner un élan. Bien sûr, cela signifie aussi frontière avec toute la gamme qu’évoque ce mot : il ne faut pas le penser uniquement comme quelque chose qui nous arrête mais aussi comme un lieu où les différences se rencontrent.

« J’adore réutiliser, transformer. C’est une façon de retourner en arrière tout en regardant vers le futur. »

Quelles ont été vos inspirations pour cette nouvelle création ?

L.R. : Je souhaitais créer un troisième volet pour clore la trilogie entamée avec Fúria et Encantado. J’ai dit aux interprètes que nous allions imaginer qu’il y a une planète Fúria et une planète Encantado qui se rencontrent, que de cette explosion naissait quelque chose de différent, de nouveau. C’est à partir de cette idée que nous avons commencé à travailler.

Quel travail sur la matière avez-vous effectué ?

L.R. : Nous fêtons cette année les 35 ans de la compagnie. J’ai donc décidé d’utiliser tout ce que nous avons engrangé pour l’ensemble des spectacles pendant cette longue période. J’ai tout gardé dans des valises entreposées dans notre espace de Maré, à Rio. Nous les avons vidées sur le plateau où nous travaillons, y compris les costumes de May B puisque Maguy Marin a offert cette pièce à mes élèves. Avec tout ça, que nous avons transformé de nos mains, nous avons construit un monde, inventé des personnages. J’adore réutiliser, transformer. C’est une façon de retourner en arrière tout en regardant vers le futur.

 

Propos recueillis par Delphine Baffour