Au sortir de la réunion de ce lundi 18 août à la Maison-Blanche avec Donald Trump, le chancelier allemand, Friedrich Merz, s’est dit prêt à un déploiement de la Bundeswehr en Ukraine comme « garantie de sécurité » après un éventuel cessez-le-feu entre Kiev et Moscou.

Cette proposition va au-devant des demandes de Donald Trump, encore confirmées ce 20 août par son vice-président, J. D. Vance, qui a martelé : « Les Européens doivent payer un prix d’or » s’ils veulent un tel règlement. Elle a suscité aussitôt un énorme débat politique outre-Rhin, reléguant à l’arrière-plan toutes les autres questions et pesant sur le bilan populaire déjà plutôt désastreux des cent premiers jours de la coalition CDU-CSU/SPD au pouvoir.

« Il est totalement clair que nous avons un grand intérêt et une haute responsabilité à nous impliquer », a justifié le chancelier, ajoutant : « Il y va de l’ordre politique en Europe. » La CDU-CSU n’a pas échappé à la controverse qui s’est propagée aussitôt dans les rangs de tous les partis.

Au point que Jens Spahn, le président du groupe parlementaire chrétien-démocrate au Bundestag, a dû botter en touche en déclarant qu’il était encore « bien trop tôt pour examiner sérieusement une telle question ».

Il est vrai que l’un des poids lourds du parti du chancelier, Michael Kretschmer, ministre-président du Land de Saxe, n’a pas hésité à faire part de ses doutes et de son hostilité à se conformer à ce point aux injonctions de l’administration Trump : « Que des soldats allemands combattent en Ukraine ne peut pas être un sujet », a-t-il déclaré.

Dans l’autre parti de la coalition au pouvoir, les crispations sont encore plus fortes. Sans surprise le ministre de la Défense SPD, Boris Pistorius, se dit favorable à une intervention de l’armée fédérale en Ukraine « dans le cadre d’une mission de sécurité ».

Après un déploiement déjà acté par le précédent pouvoir (SPD/Verts/libéraux) de 5 000 hommes et d’une brigade de véhicules blindés en Lituanie à l’horizon 2027, il fait observer cependant un risque de manquer de… soldats. Et il en profite pour revenir une fois encore sur l’un de ses thèmes de prédilection : le besoin d’un retour « sous une forme ou une autre » à la conscription.

Au sein de la gauche du parti, une profonde hostilité à la fuite en avant du gouvernement et des dirigeants du SPD à la course aux armements européenne est confirmée. Les auteurs du « manifeste » pour une autre politique de sécurité de l’Allemagne et de l’UE sont vent debout et dénoncent une « démarche historiquement intenable ». Ils relèvent de surcroît « son caractère irresponsable », car elle ferait de l’Allemagne l’une des toutes premières cibles d’une guerre ouverte entre l’Otan et la Russie.

« L’idée même d’un déploiement allemand en Ukraine me donne des crampes d’estomac », relève le coprésident de Die Linke, Jan van Aken, en allusion au terrible passif historique de l’invasion nazie et de ses exactions. Il fait observer, à juste titre, que, sur le plan militaire, seul un déploiement de casques bleus de l’ONU « peut être envisagé si l’on veut vraiment garantir la sécurité du pays et de l’Europe après un cessez-le-feu ».

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