(Washington) Le gouvernement américain a annoncé jeudi suspendre la délivrance de visas aux chauffeurs routiers étrangers, accusés de « mettre en danger la vie des Américains » sur les routes aux États-Unis.
Publié à 18 h 19
Mis à jour à 19 h 51
« Nous suspendons toute délivrance de visas de travail pour les chauffeurs routiers commerciaux avec effet immédiat », a déclaré le secrétaire d’État, Marco Rubio, sur le réseau X.
« Le nombre croissant de conducteurs étrangers conduisant de gros camions semi-remorques sur les routes américaines met en danger la vie des Américains et nuit aux moyens de subsistance des camionneurs américains », a-t-il ajouté.
Il n’a donné aucun chiffre permettant d’étayer cette accusation, mais celle-ci est régulièrement relayée par les partisans du président américain Donald Trump au nom de sa politique de « l’Amérique d’abord ».
L’administration Trump a dénoncé par le passé le fait que nombre de ces chauffeurs routiers étrangers ne s’expriment pas ou mal dans la langue anglaise.
L’annonce du département d’État jeudi intervient après un accident de la route le 12 août en Floride, pour lequel un chauffeur de semi-remorque en situation irrégulière est accusé d’avoir causé la mort de trois personnes.
Le chauffeur, d’origine indienne, est accusé d’être entré de manière illégale aux États-Unis depuis le Mexique. Lors d’un entretien après l’accident, il aurait échoué à un examen de compétences en langue anglaise, selon les autorités fédérales.
L’administration Trump a fait grand bruit de cet accident, accusant les autorités d’États démocrates de laxisme en matière de délivrance de licences poids lourds.
« La non-application des règles, et des politiques extrémistes d’immigration ont fait basculer le secteur du transport routier dans l’anarchie, avec pour conséquence l’acquisition par des conducteurs étrangers non qualifiés de permis pour manœuvrer des véhicules de 40 tonnes », a affirmé dans un communiqué mardi le ministre des Transports, Sean Duffy.
Directive
Les responsables républicains de Floride se sont également emparés de l’affaire, le vice-gouverneur allant jusqu’à se déplacer personnellement jeudi en Californie pour extrader Harjinder Singh aux côtés d’agents de la police de l’immigration.
L’accident a pris une tournure politique puisque le chauffeur avait obtenu sa licence poids lourds en Californie, gouvernée par le démocrate Gavin Newsom, qui s’oppose à la politique migratoire de Donald Trump.
PHOTO GODOFREDO A. VÁSQUEZ, ASSOCIATED PRESS
Le gouverneur de la Californie, Gavin Newsom
Le gouverneur a répondu aux accusations de laxisme venant des républicains en déclarant que l’État fédéral, sous Donald Trump, avait délivré un titre de séjour à ce chauffeur d’origine indienne, et que la Californie avait coopéré pour son extradition vers la Floride.
Avant même cet accident, les républicains avaient les chauffeurs routiers étrangers en ligne de mire, dénonçant une hausse du nombre d’accidents sans pour autant fournir de preuves d’un lien avec les migrants.
En juin, le ministre Sean Duffy avait émis une directive imposant aux chauffeurs routiers d’être capables de parler anglais.
Répondant à une demande accrue, le nombre de chauffeurs aux États-Unis nés à l’étranger a plus que doublé entre 2000 et 2021, pour atteindre 720 000 selon les chiffres officiels fédéraux.
Plus de la moitié proviennent d’Amérique latine, avec un nombre croissant également venant de l’Inde ou d’Europe de l’Est, en particulier de l’Ukraine, selon des associations professionnelles du secteur.